La Saison du Suicide [ Terminée ]

Jeudi

AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.

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A 8h30, les autopsies des corps des trois nouvelles victimes ont débuté. Vers 14h00, elles n'avaient toujours rien révélé de suspect. Le couple d'étudiants faisait partie d'un club d'escalade. Les cordes leur appartenaient. La mort avait été immédiate lorsque leurs nuques s'étaient brisées. J'ai trouvé ça "beau". Je les ai imaginés main dans la main avant de faire le grand saut. Unis pour la dernière fois. J'ai pensé à Clara. A moi et Clara... 

La vieille dame, elle, fumait beaucoup. Énormément même, au vu de la couleur noir charbon qu'avaient ses poumons. Elle s'était mise le feu après s'être aspergée avec l'alcool qui lui servait à remplir son briquet. Ce n'était pas les flammes qui l'avaient tuée, mais un arrêt cardiaque soudain. 

Dans les deux cas, que ce soit dans les appartements ou sur les corps, il n'y avait aucune trace de lutte ou d'indices qui laisseraient à penser qu'on avait forcé ces gens à se tuer. Il s'agissait bien de morts violentes. Il s'agissait bien de suicides et rien n'était en mesure de démontrer le contraire. Absolument rien. Rien. Du. Tout.

A ce stade de l'enquête, mes premières conclusions écartaient tout acte fait sous l'influence de l'alcool ou de drogues. Toutes les autres hypothèses possibles avaient, elles aussi, été envisagées, comme les pollutions environnementales (gaz, ondes électromagnétiques), les antécédents psychiatriques, les agissements d'une secte, les problèmes de dettes, de travail, de voisinage, de famille. Que sais-je encore... 

Seule la femme de mon ancien collègue avait, plus jeune, tenté de se suicider. Mais les autres victimes n'avaient jamais fait de passage à l'acte ou même laissé à penser qu'elles pourraient le faire un jour.

Par précaution et pour les vingt-quatre prochaines heures, j'ai demandé à ce que l'on fasse évacuer le reste des habitants qui vivaient à l'étage où tout s'était passé. En réalité, je ne savais pas quoi faire d'autre, mais je voulais en avoir le cœur net. Je voulais avoir « ces survivants » sous surveillance dans un environnement neutre et sécurisé. 

Ils ont été escorté jusqu'à l'hôtel le plus proche. Je les ai fait mettre individuellement dans des chambres éloignées les unes des autres. Une équipe a placé dans chacune d'elle des caméras de surveillance et des agents ont monté la garde nuit et jour pour s'assurer que personne ne sorte. Que personne de l'extérieur ne puisse entrer en contact avec eux.