Samedi

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AVERTISSEMENT

Cette histoire aborde des sujets compliqués (harcèlement scolaire, viol, dépression, transphobie) et contient des lettres de suicide.

Si vous êtes sensibles et que vous rencontrez des problèmes liés aux thèmes de mon texte, surtout, parlez-en autour de vous et faites vous aider par un proche ou une association.


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A 11h00 pile, pour l'ouverture, j'attendais devant le salon de tatouage où travaillait Clara. Je trépignais d'impatience, car j'avais enfin pris ma décision. Je voulais qu'elle le fasse. Je voulais qu'elle me tatoue.

A son arrivée, j'ai commencé par m'excuser. Je ne suis pas rentrée dans les détails, mais je lui ai fait comprendre que ma soirée d'hier avait été compliquée. Très. Très compliquée même. Elle n'a rien dit pour me descendre. Elle était contente de me voir et de savoir que j'allais bien.

Lorsqu'elle a commencé à me piquer, j'ai eu mal. Comme une brûlure. A mesure que l'encre recouvrait ma cicatrice, qu'elle imprégnait ma chair, la douleur a laissé place à une chaleur réconfortante qui irradiait de mon avant-bras jusqu'au reste de mon corps. Quand le tatouage fut terminé, une partie de moi avait disparu. Quelque chose que je ne reverrai jamais. Ce qui, sans arrêt, me ramenait à mon passé.

Même si ma tentative de suicide remontait à près de vingt ans, j'avais toujours senti que mes relations en pâtissaient. Que ma santé mentale et physique aussi. Je pensais à tort qu'en rentrant dans la police et en côtoyant la mort au quotidien, je me guérirais toute seule de ce mal, mais je m'étais lourdement trompée.

En quittant Clara, nous avions déjà planifié les prochaines séances qui feraient disparaître mes autres cicatrices. Nous voulions dîner ensemble le soir même et avions décidé de passer notre dimanche au lit.

Dehors, la grisaille qui avait duré toute la semaine s'était enfin dissipée. Elle avait laissé place à un ciel bleu et à un soleil radieux. Je me souviens avoir eu l'impression que les ombres franches sur le sol m'indiquaient la direction à suivre, celle de la campagne.

J'ai pris ma voiture et j'ai roulé. J'ai laissé derrière moi les voies rapides pour emprunter les petites routes bordées de champs et de fermes. Depuis que j'avais quitté mon village natal, je n'avais connu que le béton et la promiscuité. Quand on vit en métropole depuis trop longtemps, on oublie qu'un autre monde existe au-dehors. Un monde où la couleur verte domine tout. Ca m'a fait un bien fou, mais ce fut de courte durée.

La Saison du Suicide [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant