Gerald lui a demandé de l'accompagner à la librairie aujourd'hui. Évidemment, elle a sauté sur l'occasion – c'est totalement bénéfique de passer autant de temps possible avec lui –. Il passe devant des livres aux noms improbables et elle le suit, silencieuse mais curieuse. Quand il s'arrête, elle regarde ce qu'il sélectionne avec un intérêt particulier. Ses sourcils se froncent.
Le manuscrit qu'il tient entre ses mains expertes est tout simplement porté sur des magies perdues, oubliées de tous. Elle se retient de soupirer – elle ne s'est pas souvenue de son grand intérêt pour ça –. Alors, à la place de lire avec lui les lignes complexes – parce que oui, elles ne sont pas écrites dans une langue qu'elle connaît – Erza décide de le regarder.
Elle aime voir ses yeux glisser sur les pages jaunies. Il est concentré et clairement plus attirant. Pendant un court laps de temps, elle se demande s'il est prêt à renoncer à ce livre pour une session plus physique. Malgré cette petite pensée, la rouquine décide de le laisser seul à sa lecture. Elle part vadrouiller entre les différents étagères, à la recherche d'un genre spécifique – même dans cette satanée librairie assez poussiéreuse, il doit bien y en avoir –.
Sa quête touche à sa fin lorsque le bout de son index caresse une couverture révélatrice.
Bingo.
Un sourire de victoire tire ses lèvres et dévoile ses dents parfaites. Les mêmes qui finissent pas mordre la chair inférieure. Elle range une mèche écarlate derrière son oreille puis commence sa lecture, avide de découvrir l'histoire et même plus. Le temps passe vite pour elle – et ce doit être pareil pour Gerald –. Les mots s'engouffrent dans son esprit devenu brumeux.
Ses pensées se ciblent rapidement sur une certaine personne. Alors son être décide de l'imaginer dans cette histoire, avec elle. Ce n'est donc plus le héro qui embrasse langoureusement l'élue de son cœur mais plutôt un mage à la crinière bleue désordonnée. Elle le voit quelque part entre deux idées salaces en train de se dévêtir sous ses yeux, lui dévoilant un corps sans imperfections.
Ses muscles sont durs sous ses paumes. Elle en sent la contraction après chaque caresse. Il est fort. Elle ne sent plus le sol sous ses pieds alors elle enroule ses jambes autour de sa taille pour maintenir un équilibre. Il l'entraîne ailleurs, dans une chambre, la plaque sur le matelas pour lui ravir la bouche. Elle est déjà nue pour ses mains à la recherche de contacts. Elle soupire, gémit, se tord sous ses caresses, halète sous ses baisers, grogne sous ses taquineries.
Et elle inverse les positions.
À son tour, la jeune femme mémorise son corps. L'impulsion à son cou est sensible, autant que les cicatrices meurtrissant sa chair. Il la laisse guider et elle en profite. Son goût est unique – davantage que son fraisier –. Ses doigts courent sur son épiderme frémissant, jusqu'à effleurer ses hanches et l'élastique de son sous-vêtement. Son pouls s'emballe. Elle dessine le contour du renflement, l'évite, retient son souffle. Finalement, elle glisse sous le tissu.
« Erza… »
L'intéressé le regarde avant de battre des cils, la gorge sèche. Sa mâchoire est contractée et elle voit sa pomme d'Adam monter et descendre lorsqu'il déglutit. Enhardie, elle pousse le vice plus loin. C'est à l'aveugle qu'elle le titille.
« … Erza… »
Son prénom s'envole entre ses lèvres avec facilité. Elle a presque l'impression d'entendre sa voix pour de vrai. Chaude et rauque, près de son oreille.
Une main se pose sur son épaule et elle sursaute, surprise.
Rougissante, Erza remet à la va vite le livre entre deux autres tout en frottant ses mains contre ses cuisses, nerveusement. Elle rit.
« H-Hé ! Tu as déjà fini de lire ?
- La nuit est tombée donc… je me suis dit qu'il serait temps de rentrer. »
Elle voit Gerald observer le bouquin qu'elle a vivement rangé et la chaleur se fait plus intense. Quand ses joues se mettent à rosir, elle se doute qu'il a compris.
« Tu… euh… tu lis ça ? »
Son hochement de tête est timide. Elle se retient de fondre.
« Je ne… savais pas. »
C'est pourtant un secret de polichinelle au sein de la guilde. Elle est étonnée que personne n'a vendu la mèche auprès de l'ancien fugitif prêt à exploser sous la gêne.
Une idée lui vient soudain en tête.
Avec un sourire taquin, Erza se hisse sur la pointe des pieds et embrasse de ses lèvres son oreille. Elle reste ainsi durant une bonne dizaine de secondes jusqu'à se mettre à parler.
« Tu veux savoir un autre secret ? »
Il est curieux. Elle le devine à sa manière de se tendre.
« Dis-moi, murmure-t-il. Je t'écoute. »
Elle prend une petite inspiration.
« Quand j'en lis un… »
Ses mains sont froides comparées à sa peau. Elle les a posé sur son ventre, sous son pull qu'elle rêve de lui enlever là, maintenant. Les siennes sont désespérément accrochées à sa taille.
« … je pense toujours… »
Elle laisse un chemin de baisers humides sur son cou exposé.
« … à toi. »
Et, alors que Gerald l'attire dans un coin plus sombre de la libraire, Erza se demande pourquoi elle ne lui a pas dévoilé ce secret plus tôt.
