Chapitre 8 :

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Le ciel s'assombrissait au dessus du Manor, d'une teinte plus menaçante, et Catalina était rentrée avant que les premières gouttes de pluie l'atteignent. Elle s'était revêtit de son imposante robe, et attendait patiemment la benjamine tandis que sa servante pansait ses blessures avec une infime douceur. Leur course avait été plus ou moins débridée, et leur chemin couvert d'obstacles, ce qui expliquaient ses quelques balafres ici et là.

Mais pour l'heure, ce n'était pas sa préoccupation première. Elle n'arrêtait pas de ressasser son étrange discussion avec le charmant Darnley, qui lui trottait dans la tête, ainsi que ses expressions qu'elle n'arrivait à déchiffrer. Catalina se souvenait l'avoir laissé comme déçu et renfrogné ce qui, elle même, avait chagriné. Pourtant, même si son intervention fut de courte durée, la lady avait pris plaisir à discuter avec lui. Comme cette fameuse soirée où il l'avait rejointe à l'extérieur, et qu'elle avait été obligée de partir avant l'heure, comme lui aujourd'hui.

Quelqu'un toqua à la porte, et sa camériste s'empressa d'aller ouvrir. Elle aperçut, depuis le reflet du miroir, Abigail, habillée et pomponnée, et ne pu s'empêcher de sourire légèrement. Lorsqu'elle se retrouvait en sa présence ses instincts maternels reprenaient toujours le dessus, l'incitant à rester agréable et polie avec sa jeune invitée.

– Cat' j'ai super faim ! déplora Abigail théâtralement, en s'affalant sur son grand lit.

Catalina ria timidement tout en se rapprochant de la jeune lady. Ses plaintes lui paraissaient étonnement attendrissantes.

– Milady, je peux vous apporter un en-cas si vous le désirer, déclara subitement Lise, un peu trop enjouée.

– Oui, quelle bonne id..

– Non merci, Lise, nous comptions nous servir nous même. Tu peux disposer, rajouta la plus grande, d'un ton feignant la réserve.

– Très bien, miladys.

Elle s'éclipsa de la chambre après une dernière révérence, sous les yeux pointilleux de la lady de Donegall.

– Bien, soupira Catalina, je te propose d'aller en cuisine.

– Mais ! C'est trop loin..... geint plaintivement l'adolescente.

– Dépêche toi de te bouger !

Ronchonne, Abigail fit la moue sous le regard autoritaire de Catalina, qui se moquait bien de sa fainéantise et ses jérémiades. Ensemble, elles parcoururent toute l'allée, descendirent le grand escalier, traversèrent une enfilade de pièce pour ensuite arriver devant un cagibi ouvert, comportant des étages de vaisselles,  et autres porcelaines servant de services de table. Une porte sur la gauche jouxtait de grandes cuisines à la demeure, exclusivement réservées au personnel.

En entrant, une délicieuse odeur d'épices chatouilla les narines des demoiselles, les insistant à pénétrer dedans.

La grande pièce comportait d'épais meubles abîmés et des fourneaux plaqués contre le fond des murs, optimisant tout l'espace. Des étagères en hauteur supportaient de lourdes casseroles de cuivre, ainsi que quelques ustensiles faciles à attraper. Au centre, une grande table était dressée, toute tapissée de farines, pains et d'une caisse de fruits de saisons, exportée depuis le village avoisinant. Et pour couronner le tout, de grandes fenêtres bordaient le mur principal, exposant la beauté des jardins lointains.

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