En ce dimanche, aux alentours de huit heure et quart, régnait une ambiance calme, dénuée de sons. L'air c'était rafraîchi et un brouillard épais paraissait tournoyer autour de la vaste demeure, telle une traînée d'âmes égarées.
Chaudement vêtue d'une redingote de saison et d'une élégante robe satinée vert impérial, Catalina se promenait en compagnie de Lord, qui zigzaguait et tressautait lorsque s'agitaient les arbres. Ses cheveux ondulèrent au gré du vent, ce qui ne la dérangeait pas. Et son regard pointait l'horizon avec accusation.
Soudain, elle s'arrêta.
Ses yeux empreints de mélancolie scrutèrent l'horizon, attirés vers la brume qui se dessinait dans le lointain. Le souffle court, elle s'avança sur un chemin de dalles qui la mena à une grande clôture barreaudée où était placé un petit cimetière. Elle passa le portillon grinçant et s'approcha de la pierre tombale en face d'elle.
Catalina observa longuement le chêne feuillu, surplombant la tombe, qui paraissait veiller sur celle-ci de son imposante stature. Ce même chêne qui autrefois veillait sur eux deux.
- Erlann, Erlann ! Descends de là, tu vas tomber !
La petite fille s'agitait sous l'arbre, attendant impatiemment que son frère daigne descendre.
- Cat' tout va bien, s'exclama Erlann en se mettant debout sur sa branche, tu devrais même monter à ton tour !La petite retroussa son nez et croisa les bras, serrant plus fort son lapin en peluche. Ses yeux s'embuèrent soudainement et un gémissement aigu sortit de sa bouche.
- Non, non ne pleure pas Cat', s'écria-t-il en observant sa sœur. Regarde je vais redescendre, tout va bien aller !
Erlann sauta doucement de branches en branches tout en se tenant fermement, sous les yeux larmoyants de Catalina qui s'apaisait au fil de sa traversée.
Soudain, une branche craqua et le garçon glissa de l'arbre pour retomber lourdement au sol, un morceau de pantalon et quelques boutons de manchettes en moins. La chute n'avait pas été si violente, pourtant cela n'empêchait pas Catalina de s'inquiéter encore plus.
– Erlann !
La jeune enfant se précipita vers lui avant de tomber à genoux, sur ses longs jupons, contre son frère. Il la câlina tendrement, d'un geste fraternel, ce qui eut le don d'apaiser son petit cœur meurtrit.
– Ne me refais plus peur !
Il caressa longuement ses cheveux auburns, doux et odorant, qui ondulaient autour de ses épaules. Un fin sourire étira ses lèvres, tandis que ses yeux se perdaient dans les immenses iris de sa petite sœur.
– Je te le promets, Mo Ardaigh.
Lord se rapprocha de sa maîtresse et vint glisser ses pattes boueuses sur sa robe, comme pour attirer son attention. Sa petite frimousse penchait d'un côté, tandis que sa langue bien pendue aspergeaient de quelques gouttelettes la toilette de Catalina.
– Lord, arrête ça s'il te plaît, chuchota la lady en dépoussiérant ses bas.
Le chien se mit a aboyer et Catalina soupira de lassitude. Elle décida de décrocher sa laisse, lui laissant libre court pour se promener à sa guise hors du petit cimetière, pour avoir à son tour la paix.
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À l'Aube de nos Noces
Romance1823. Comté de Donegall, Angleterre. À dix-neuf ans, Catalina, une demoiselle discrète et introvertie, est la dernière fille du lord George de Donegall. D'apparence douce, elle n'avait jamais suscité le doute sur sa bienséance, bien obligée de faire...