Chapitre 2

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Il nageait vite, très vite. Il ne voulait surtout pas être en retard, mais il devait d'abord aller fouiller les lieux avant que quelqu'un d'autre ne le fasse. Il avait entendu dire qu'un gang de tritons pillait les épaves à la rechercher de quelque chose de particulier. Il espérait ne pas tomber sur eux. Surtout qu'ils étaient à la solde de Delmar, le sorcier des mers. Celui-ci avait été banni dans les eaux sombres par son propre frère, le Roi Marin, il y a des années de cela. Alors que lui-même n'avait qu'un an. Il ne le connaissait donc que par ce qu'on en disait : un homme cruel et perfide. Jaloux de leur Roi. D'après certains, le roi aurait dû le tuer. Mais comment pouvait-on tuer son propre frère ? Encore aujourd'hui, il était craint et on murmurait qu'il pourrait un jour revenir. Seul le Roi Marin pouvait le tenir hors de portée des eaux royales. Dans tous les cas, cela n'empêcha pas ses sbires de fureter loin des eaux sombres. Enfin...

Quelques coups de queue et il serait bientôt en vue du cimetière de bateau.

— Malo ! Qu'est-ce que tu fiches ?

— Non d'un hippocampe ! Stellio !

Malo recula en se tenant la poitrine. Devant lui, son meilleur ami se tenait droit, les mains sur les hanches en fronçant les sourcils. Sa queue battait nerveusement l'eau, signe qu'il n'était pas à l'aise.

— Qu'est-ce que tu fous-là ! Caly t'attend pour la répétition. Tu dois préparer ton solo. La chorale joue devant la famille royale ce soir.

— Oui merci, je le sais.

Malo le bouscula en passant et continua sa route vers le cimetière. Stellio le rejoignit.

— Tu sais que ton père ne veut pas qu'on traîne dans les environs.

— Je sais.

— Tu sais qu'il le saura.

— Je sais.

— Alors qu'est-ce que tu fais ici ?

Malo longea une falaise avant de tomber sur ce qu'il cherchait. Un empilement de bâtiments traînés par le courant jusqu'à cette crevasse qu'ils appelaient : le cimetière des bateaux. Plusieurs endroits comme celui-ci existaient un peu partout dans l'océan. Des endroits maudits d'après les vieilles légendes. Et pourtant, Malo adorait s'y promener. On y trouvait de tout. La première fois qu'il était venu, c'était avec sa mère. Depuis, il aimait s'y promener malgré l'interdiction paternelle. C'était dangereux. L'eau attaquait le bois, les bâtiments pouvaient s'effondrer et coincer n'importe qui. Sauf que Malo s'en fichait. Le danger lui donnait des frissons et la curiosité était pour lui source de savoir.

Aujourd'hui, voilà ce qu'il venait fouiller : une épave qui avait sombré à cause de la tempête qui faisait rage à la surface aux abords des récifs sombres et mortels de Ma'ama'atai – on l'appelait ainsi car sa forme rappelait celle d'une étoile de mer. Un marsouin l'avait prévenu et il s'était dépêché de venir avant que ça ne fasse le tour des environs.

Malo se tourna vers son ami en prenant un air sûr de lui.

— Écoute Stellio, un coup de nageoire vite fait et on rentre.

— Parce que je t'accompagne maintenant ?

— Comme tu es là. Sinon je te laisse faire le guet.

Malo traça jusqu'à l'épave en question, faisant attention aux alentours. Les tritons de Delmar n'étaient pas les seuls dont il fallait se méfier. Il se glissa par un hublot cassé et commença à inspecter les lieux. C'était un bateau de commerce vu la marchandise qu'il contenait. Une cargaison de caisses et de barriques avait roulé dans tous les sens. Il ne perdit pas de temps à les fouiller, en général, ça ne contenait rien d'intéressant. Il attrapa un sac en toile de jute qu'il vida au sol, là non plus rien n'attira son regard. Mais le sac ferait l'affaire. À force de fouiller les navires, il devenait plus sélectif dans sa collection. Il longea le pont principal tout en récupérant quelques objets, quand on l'arrêta.

Pour une vie sur terre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant