Chapitre 4

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— Et si on allait voir ?

Stellio se tourna vers Malo.

— Aller voir quoi ?

— Et bien, les humains ?

— Hors de question.

Calypso s'interposa de nouveau entre les deux tritons. Elle avait pris son air sévère et son regard tirait vers le bleu orageux.

— Tu n'iras nulle part. On a dit qu'on allait voir les feux. C'est tout.

— Allez. Un coup de nageoire et on repart.

— Non !

Malo fronça les sourcils et passa une main dans ses cheveux secs à présent, les ébouriffants un peu plus. Il soupira avant de prendre un air assuré.

— J'irai seul alors.

Il se mit en route pour rejoindre le navire le plus proche alors que ses deux amis restaient trop surpris pour bouger. Calypso fut la première à prendre ses esprits et à se lancer à sa poursuite. Elle n'osait pas lui crier dessus pour ne pas attirer l'attention des humains. Stellio ne sachant pas quoi faire, les suivit en maugréant contre son meilleur ami aussi stupide qu'un poisson-lune. Ils se retrouvèrent bientôt contre la coque du bâtiment. Ils étaient à l'arrêt le temps de lancer les feux dans le ciel. Malo posa sa main sur le bois, le caressant avec douceur.

— Tu as vu ce qu'ils arrivent à construire ? C'est magnifique.

— On a les mêmes sous l'eau, renchérit Calypso.

Mais Malo ne l'écoutait pas. Il fixait le haut du navire d'où venait une mélodie magnifique. Calypso le tira vers la coque lorsqu'un humain s'accouda contre la balustrade. Malgré le bruit des feux dans le ciel, ils entendirent la conversation, plus haut.

— Le vent se lève, nous allons devoir rentrer. Il ne faudra pas longtemps pour que le front orageux nous tombe dessus.

Il y eut un court silence avant que l'autre ne réponde en montrant le lointain.

— C'est magnifique Léonard. Tu ne trouves pas ?

— C'est paisible en effet, mon prince. Mais nous devons rentrer à présent.

— Je pourrais passer mes journées à regarder l'horizon.

Le second humain ne répondit pas et celui qui apparemment était le prince des hommes, porta quelque chose à ses lèvres et la mélodie reprit. Malo se recula pour le voir jouer. Les notes l'envoutaient. Calypso et Stellio lui attrapèrent les bras et le tirèrent de nouveau contre la coque mais le prince ne se laissa pas faire. Calypso croisa son regard et un mauvais pressentiment la traversa. Son regard était complètement voilé. Stellio marmonna quelque chose de son côté et ne semblait pas voir ce qui se passait. Lorsqu'elle vit Malo ouvrir la bouche pour chanter, une peur sourde s'empara d'elle.

— Malo, non !

Trop tard. Le prince émit quelques notes cristallines qui disparurent alors que ses deux amis l'attirèrent sous l'eau. La mélodie ne passa pas l'étendue d'eau et Malo sembla reprendre ses esprits.

— Mais qu'est-ce qui t'a pris de faire ça ! Tu es fou !

Stellio était quasiment hystérique.

— Et s'il nous avait vus ? Tu imagines ? Par Netptune, cela aurait été la fin ! Ton père nous aurait arraché les écailles.

Stellio continuait de vociférer alors que Calypso l'observait. Elle posa sa main sur sa joue et ancra ses prunelles dans les siennes.

— Malo, est-ce que tu m'entends ?

Pour une vie sur terre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant