Chapitre 9

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Malo n'arrivait pas à y croire. Stellio était un rat. Un petit rat gris bleuté aux yeux noirs. Il tendit la main mais son ami refusa de monter. Il couina et voulut partir se terrer entre deux rochers. Calypso fut plus rapide et l'attrapa.

— Il suffit. Tu as voulu l'accompagner, alors ce n'est pas le moment de fuir.

Stellio couina de nouveau mais Calypso ne le laissa pas filer. Malo tendit le bras et elle lui mit le rat dans les mains. Les petites pattes griffèrent sa peau mais il s'en saisit. Il le porta à hauteur de ses yeux et soupira. Il articula un « je suis désolé » et Stellio couina de nouveau mais se calma.

— Que va dire ton père lorsqu'il va se rendre compte que tu, non, que vous avez disparu ? Je ne pourrais même pas me montrer au palais.

Malo garda le rat contre sa chemise avant de regarder son amie.

— Ne me regarde pas comme ça Malo. Si je redescends, ta mère saura tout de suite que quelque chose ne va pas. Et tu sais que je ne mentirais jamais à la reine.

Malo le savait oui. Il soupira et posa Stellio sur le rocher. Il tenta de se mettre debout avec difficulté. Trouvant enfin un équilibre, il se maintint droit. Calypso l'observa jusqu'à ce qu'un bruit du côté de la plage leur parvienne. Il y avait des voix et des bruits. Calypso plongea et se cacha avec l'instrument. Malo tenta de se tourner vers les humains. Quelle idée avait eu Calypso de le déposer sur un rocher. Vraiment. Il tenta de passer à la roche suivante, trouva son équilibre en battant des bras et se maintint. Au suivant. Nouvelle réussite. Le suivant ne serait qu'un éternel recommencement, sauf qu'une silhouette apparut devant lui, le faisant sursauter et glisser dans l'eau. Lorsqu'il remonta à la surface, heureux de n'avoir rien heurté, son regard tomba sur une main tendue.

— Vous n'avez rien ?

La voix était claire mais un timbre plus grave que la sienne. Il la reconnut tout de suite. Le prince était juste devant lui, lui tendant la main pour l'aider. Malo la prit et se laissa hisser sur la roche. Lorsqu'il posa ses deux pieds nus sur la surface rugueuse, il chancela et tomba dans les bras de l'homme.

— Oula, faites attention, ça glisse.

Malo ne dit rien et tenta de se redresser. Il voulait marcher seul. Sa fierté en prenait un coup. Il manqua de déraper et l'humain le rattrapa par la taille.

— Et si je vous aidais ?

Malo pesa le pour et le contre, puis décida qu'il ferait mieux de le laisser faire. S'il commençait ses sept jours en se cassant une jambe, ce ne serait pas pratique.

— Que faisiez-vous dans les rochers ? demanda le prince avec curiosité.

Aucun son ne passa les lèvres de Malo. Il se contenta d'avancer jusqu'à ce qu'il puisse enfin sentir le sable, chaud et humide, entre ses doigts de pieds. Une sensation tellement différente. Il savoura l'effet avant de sourire. Le prince le lâcha et il se maintint droit, les jambes encore tremblantes.

— Théodore, Théodore !

Un homme arriva à leur hauteur. Il faisait bien une tête de plus que Malo et celui-ci dut lever la sienne pour le regarder. Déjà, le prince était grand, alors cet homme en plus. Est-ce que tous les humains étaient aussi gigantesques qu'eux ? Il finirait par avoir un torticolis.

— Pierre, tout va bien, le calma le prince.

L'homme fronça les sourcils et observa Malo de haut en bas sans s'en cacher. Malo fronça les sourcils, ce Pierre ne semblait pas très amical.

— Où l'avez-vous trouvé ?

— Dans les rochers. Il était trempé et faible sur ses jambes.

Pour une vie sur terre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant