Chapitre 5

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La journée se passa de la même façon que la veille, si ce n'est que son père ne le lâcha pas tout de suite. Il resta pour l'aider à s'entraîner et malgré tous les essais possibles, Malo ne faisait que des volutes légères. Marin ne désespérait pas et Malo n'arrivait pas à savoir si son père continuait à croire en lui ou s'il ne voulait juste pas montrer qu'il était déçu. Au bout du troisième jour intensif, Oceane entra dans la salle alors que Marin lui expliquait pour la énième fois d'écouter l'Océan et de suivre le mouvement. Sauf qu'il ne se passait toujours rien. Malo était sur le point de tout envoyer promener. Océan, pouvoir, héritage...

— Mon cher époux, puis-je rester avec notre fils ?

Marin acquiesça et quitta la salle non sans un dernier regard pour son fils. Malo souffla quelques bulles avant de se laisser flotter jusqu'au sol. Il prit sa tête dans ses mains en maugréant.

— Je n'y arriverais jamais. Tout ça est une perte de temps.

— Bien sûr que non. Tout temps que tu passes avec ton père n'est pas inutile.

Oceane sourit avant de se positionner devant les fresques. Elle aimait les regarder, se rappeler l'histoire de leur royaume.

— Ce que ton père n'arrive pas à te dire, c'est que l'Océan drague nos souvenirs. Ce que nous étions et ce que nous serons. C'est lui qui nous porte vers l'avenir. Quand tu l'écoutes, tu te sens serein et équilibré. Si tu l'écoutes assez, alors, il te dira ce que tu dois faire. Malo, l'Océan n'oublie jamais personne.

Oceane se tourna vers lui et vint déposer un baiser sur son front. Elle resta là, à le regarder dans les yeux.

— L'océan n'oublie jamais personne.

Elle le laissa. Malo souffla quelques bulles de nouveau, avant de reporter son regard sur les fresques. Sa mère croyait en l'Océan. Et lui ? Il ferma les yeux et écouta. Mais la mélodie était toujours la même. Et il ne comprenait toujours pas ce qu'il devait faire. Il n'y arriverait pas. Décidant qu'il n'avait plus rien d'autre à faire pour aujourd'hui, il fonça à la grotte récupérer l'instrument de musique. Il n'avait pas bougé depuis que ses deux amis le lui avaient apporté. Il était temps de voir ce qu'il pouvait faire. Il monta directement à la surface et s'installa sur l'îlot après avoir chassé les mouettes bruyantes. Le vent était frais mais le soleil chauffait légèrement la pierre. Une douce chaleur commença à le sécher alors qu'il tournait l'objet entre ses doigts. Il souffla et un son fort et désagréable en sortit. Il tenta plusieurs combinaisons, mais rien d'harmonieux. Il essaya et essaya avant de se lasser. Ça non plus, il n'y arrivait pas. Il posa son regard sur l'Océan en soupirant.

— Même ça, tu ne veux pas me laisser y arriver.

Il se laissa tomber en arrière et fixa le ciel pendant un moment. Trouverait-il un jour sa voie ? Sa mère croyait en lui, mais il sentait que ce n'était pas le cas de son père. Il leva le bras au-dessus et observa l'instrument. Il ne connaissait même pas son nom. Sa forme était allongée, d'un ovale étrange. Sa couleur était d'un beau turquoise et était gravée d'arabesques. De nombreux trous étaient disposés pour faire de la musique, sauf qu'il n'y arrivait pas. Comment cet humain avait-il réussi ce prodige ? Humain ? Il se redressa comme frapper par la foudre. Les humains savaient en jouer ! Cet humain le savait. Alors il n'avait qu'à aller les observer. Il comprendrait sûrement comment l'objet fonctionnait en regardant.

Or, il devrait retourner là-bas. Son père allait le tuer s'il l'apprenait. Il soupira, regarda l'objet dans ses mains puis, il plongea. Il ne le saurait pas. Nageant le plus rapidement possible, il arriva aux abords de la plage et se cacha dans les rochers. Les humains étaient là. Ils profitaient des derniers rayons du soleil pour se reposer sur le sable encore chaud. Il y avait du bruit et des rires. Mais pas de musique. Il observa et attendit tout en découvrant avec fascination leur façon d'être. Il n'avait jamais vu un être humain vivant d'aussi prêt. Enfin, à part l'homme qu'il avait sauvé. Ils n'avaient pas l'air aussi effrayant que son père voulait lui faire croire. Ils avaient l'air simple. Presque insouciants.

Pour une vie sur terre...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant