Notre secret

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Je claquai brutalement la porte et entrouvris de nouveau celle-ci avec angoisse. Mon regard se dirigea précisément vers le lavabo, cette même vision d'horreur scella définitivement mes craintes antérieures. À ce moment, Arthur chopa la poignée et me dévoila l'état de la pièce en me fixant désespérément.

- Papa ne doit rien savoir, m'annonça-il en lâchant la lame de rasoir.

- Non, j'ai besoin de comprendre, rétorquai-je en lui saisissant violemment le bras.

- Tu me fais mal !

Ma main fut à son tour tachée par le sang de mon frère qui serra les dents pour camoufler sa douleur. J'observai le pourtour de ses coupures devenir rouge pétant, il prit de grande inspiration pour atténuer les picotements. Paniqué, je me faufilai dans la pièce et dévalisai les tiroirs et placards à la recherche d'une trousse de secours.

- Approche-toi et verrouille la porte doucement.

Arthur coopéra et s'agenouilla devant moi après avoir ressenti plusieurs petits malaises. Je m'efforçai d'oublier l'esthétique répugnante des plaies sanguinolentes pour me concentrer sur les premiers soins. Thermomètre, ciseaux, boîte de pansement et autres matériels s'échappèrent involontairement de la poche heurtant bruyamment le parquet de l'étage. Je saisis l'éponge du meuble pour évacuer le surplus de sang et m'empressai d'enrouler la bande adhésives autour de ses entailles de façon à compresser celles-ci.  Le tissu s'imbiba rapidement jusqu'à saturer de sang.

- Dis-moi la vérité ou je préviens papa, bafouillai-je.

- Gaëlle était ma petite amie, rétorqua mon frère avec un visage crispé de douleur.

Un sentiment de compassion m'envahis alors et m'entrainai dans les bras maigres de celui-ci.

- Je suis sincèrement désolé, lâchai-je de manière réconfortante.

- C'est de ma faute.

- Non, tu n'as rien à te reprocher. Ta copine s'est malheureusement trouvée au moment endroit et cela aurait pu se produire à n'importe quelle heure, même au retour de votre gala. Cette période de deuil va être très difficile mais je suis là pour toi. Promet-moi de ne plus recommencer car ce n'est pas ces coupures qui redonneront vie à Gaëlle.

Je m'exprimai sans réfléchir à mes propos en espérant simplement empêcher Arthur de réitérer ses actes. Il acquiesça doucement de la tête en plongeant simultanément dans mes bras. Rassuré, je passai ma main de haut en bas dans son dos pour l'apaiser. Soudain, mon portable vibra dans ma poche.

- N'hésite pas à me réveiller en cas de besoin, déclarai-je à mon frère en collant ma joue sur la sienne pour le saluer.

Il quitta la pièce me laissant seul au milieu de cette scène sanglante, je sorti mon téléphone pour le consulter.

Anna : Tu parles de Gaëlle Leroy ? Un pote m'a envoyé le lien d'un article au sujet du braquage, c'est horrible ! Arthur tient le coup ? Je ne savais pas qu'il côtoyait cette fille :/

Ce message me donnai une double impression, du soutien mais également un sentiment de contrariété, expliqué par son temps de réponse et l'évocation de cet inconnu. Vexé, j'attendis pour lui répondre et m'attelai au nettoyage de la salle de bain. J'optai pour dissimuler les traces de sang avec une éponge, une mauvaise idée, le liquide s'incrusta dans la matière rendant impossible l'élimination de cette couleur rougeâtre. J'épongeai, rinçai et essuyai en affrontant la fatigue qui me fit somnoler à plusieurs reprises.

- Léon ? M'appela mon père en montant les escaliers.

Trop tard, je n'eus le temps de parfaire ce nettoyage qu'il ouvrit la porte. Affalé contre le lavabo avec les yeux à moitié fermés, j'observai son regard se diriger vers la vasque blanche. Il s'approcha en exprimant une tête interrogative.

Le braquage de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant