Le choc

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Assis à l'arrière de l'ambulance, j'observai le Dragon hélitreuiller la civière dans laquelle reposait mon frère. Tout c'était passé trop vite, sous le choc, je n'arrivai à mettre un nom sur les émotions qui m'avaient envahit. Enveloppé dans une couverture de survie pour ne pas prendre froid, j'entendis mes larmes s'éclater contre mon poncho argenté.

Je tentai de me remémorer la scène, à revoir le moment où mon frère s'était élancé dans le vide, ce saut que je n'aurai jamais dû lui offrir. Cependant, la seule chose dont je me souvins fut la mise en garde de ma mère à propos de cette activité.  Effondré, je culpabilisai terriblement de l'avoir invité et surtout, d'avoir renoncer à sauter afin qu'il prenne ma place. En vérité, je lui ai offert inconsciemment la mort, un cadeau empoissonné qui me fera regretter à vie ce geste.

Une demi-heure après le drame, je senti l'atmosphère s'agiter autour de moi, il devait être une dizaine à gigoter autour des fourgons. Je me senti abandonné au milieu des gendarmes, pompiers et infirmiers  travaillant tranquillement dans cette journée leur paraissant routinière. J'étais seul à pleurer la disparition de mon frère sur le pont de La Tarine.

- Léon Vasseur ? Je suis Amélie Bauer, brigadier, j'ai quelques questions à te poser à propos de l'accident de ton frère.

Froide fut le seul adjectif qu'il l'a caractérisait, elle s'essaya à ma gauche et tourna les pages de son bloc-notes sur lesquelles plusieurs informations reposaient. Les cheveux courts, la peau fripée à plusieurs endroits et les lèvres à peines visibles, elle m'assena de questions sans me lâcher du regard.

- Avez-vous observé un comportement étrange venant d'Arthur Vasseur, Romain Bonnet et Chris Le rouget ?

- Non, lâchai-je offusqué d'entendre le prénom de celui-ci considéré comme coupable.

- Que s'est-il passé avant le saut ?

- Je n'arrive pas à m'en souvenir, déclarai-je.

- Faites un effort s'il vous plaît, rétorqua la brigadier.

Je plongeai ma tête entre mes mains sachant pertinemment qu'aucun souvenir ne me reviendrait pour le moment, alors, j'insistai une nouvelle fois.

- M.Le rouget n'était pas présent, seul M.Bonnet l'était. Ce dernier affirme avoir vérifier la sécurité d'Arthur à deux reprises avant le saut.

- Oui.

- Les premiers constats révèlent que le matériel est intact, continua-elle en lisant ses précédentes notes, le baudrier, les cordes et la plateforme n'ont subis aucun dommage. L'hypothèse la plus probable est celle de l'homicide volontaire ou éventuellement un suicide, des personnes peuvent-elles en vouloir à votre frère ? Arthur avait-il des problèmes ?

Les propos d'Amélie Bauer me firent prendre conscience que la vie pouvait basculer d'un moment à l'autre, il y a une heure, je pouvais évoquer le prénom de mon frère au présent, désormais, je devais utiliser le passé.

Elle insista du regard pour connaître ma réponse mais c'était plus fort que moi, j'étais dans l'incapacité de penser sans que mes idées ne s'embrouillent. A l'instant, je vivais la même scène que les télés-films policiers que je regardai, dans lesquelles les témoins suppliaient aux forces de l'ordre de se reposer. Alors, j'optai pour cette technique en attendant de reprendre mes esprits.

- La première heure qui suit l'accident est la plus importante ! Avez-vous remarqué la présence d'étranger à proximité du pont ?

Cette garce n'avait pas l'intention de me lâcher, alors, je me murai dans le silence en pleurant de nouveau à chaudes larmes. Son souffle d'agacement effleura mon cou frissonnant à cause de la fraicheur matinale. Elle tapotait le bout de son stylo bleu contre ses notes et regardait ses vieilles chaussures de fonction en m'attendant.

Le braquage de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant