Ma déclaration

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Vendredi 23 mai, neuf heures du matin. Une lumière artificielle éclaira partiellement ma chambre et me réveilla. Encore fatigué, je tournai le regard vers ma table de nuit et vis l'écran de veille de mon portable à l'origine de cette lueur. Je bâillai et attrapai celui-ci avant de le déverrouiller, mes yeux se fermèrent immédiatement, agressés par la luminosité de l'écran.  Aveuglé, je le parcouru et déroulai la liste des notifications de l'appareil en imaginant la présence  d'un message d'excuse d'Anna, en vain. Personne n'avait tenté de me contacter, alors, je naviguai entre mes différents réseaux sociaux en appréciant ce moment agréable au fond de mon lit. Les articles au sujet de la mort de Gaëlle furent indénombrables et les titres très aguicheurs. Je lus en diagonale quelques uns et me rendit compte de l'absurdité de certaines informations. Pour ne pas entamer ma journée trop tard, je me levai pour rejoindre le salon.

- Bonjour Léon, me déclara mon père au rez-de-chaussée, comment vas-tu ?

Marc regroupa ses documents éparpillés sur la table de la salle à manger pour me faire de la place. Je m'installai à ses côtés après lui avoir tendu ma joue.

- Ça-va, rétorquai-je avec ma sale tête matinale, Arthur n'est pas réveillé ?

- Je l'ai réveillé à huit heures, m'indiqua celui-ci. Caroline Messier, mon amie psychologue, arrive dans une petite demi-heure pour une première rencontre avec ton frère. Elle a décalé un rendez-vous pour le prendre en charge.

Agacé par l'arrivé imminente de celle-ci, je me dépêchai de prendre mon petit déjeuner pour éviter de me retrouver dans cet état face à elle. Je versai mes céréales dans mon bol de lait et saupoudrai abusivement ceux-ci  de chocolat en poudre. J'avalai rapidement le mélange pâteux chocolaté avant de boire bruyamment le lait.

- Tu pourrais faire moins de bruit s'il te plaît ? Me demanda Marc face à moi.

- J'ai une bonne descente, ce n'est pas de me faute.

Il soupirai et regroupai violemment ses documents, mon père ferma son ordinateur portable et me regarda avec un air pensif. Je fus gêné et rougi légèrement en me demandant la raison de cette fixation.

- J'ai eu de nouvelles informations au sujet de la mort de Gaëlle Leroy, se confia-il.

- Lesquelles ? Rétorquai-je en amenant ma vaisselle sale dans l'évier de la cuisine.

- Les images de vidéo-surveillance restantes ont révélées la présence de trois braqueurs, cagoulés, de taille moyenne et sans signe apparent. La bande sonore de l'enregistrement à été dégradée et la scène s'est déroulée dos à la caméra. L'identification des auteurs est très compliquée.

Je débarrassai le reste de la table et fis tomber les miettes dans le creux de ma main à l'aide d'une éponge. Puis, je m'essayai de nouveau face à lui quelques minutes afin de l'écouter malgré ma mauvaise humeur matinale.

-  La police scientifique a récoltée des indices sur la scène de crime ?

- Oui, la présence d'une drogue dans six bouteilles d'eau, le clonazépam, une substance identique à celle révélée dans les analyses de sang des parents de Gaëlle. C'est un composé utilisé dans le traitement de l'épilepsie en tant que sédatif pouvant inhiber la mémoire. Il est employé dans de nombreuses affaires de viols, crimes et violences et a fait l'affaire d'une mesure de prévention pour éviter ce genre d'utilisation.

J'écoutai, à peine réveillé, les propos scientifiques de mon père en surveillant du coin de l'œil la cour gravillonnée. Envieux de comprendre et d'aider celui-ci, je continuai de m'interroger sur les circonstances de ce drame.

- C'est à dire qu'un individu est entré par effraction dans la maison avant le braquage pour y glisser de la drogue ?

- Oui, et prendre le contrôle du système de surveillance par la même occasion pour être informé du moment de l'ingestion de celui-ci. Monsieur et Madame Leroy ont ressentis une forte fatigue en fin de soirée après le dîner mais n'ont aucun souvenir de la suite. Ils se sont réveillés quelques heures après la mort de Gaëlle.

- Donc, c'est une personne avec des compétences en informatique ? D'où l'origine des séquences vidéos erronées ! M'exclamai-je.

- C'est une hypothèse, rétorqua mon père fatigué, la totalité des appareils ont étés trafiqués dont le portable et l'ordinateur de la victime. L'introduction de la drogue s'est déroulé en fin de journée après le départ de la domestique qui assure avoir bu avant de partir vers dix-neuf heures. Gaëlle était seule, les enquêteurs pensent qu'elle aurait ingéré cette substance avant ses parents et serait partir dormir sans manger, seules deux assiettes ont étés retrouvées dans l'évier.

Alors que j'imaginai la scène, un bruit sourd de moteur retentit à l'extérieur qui s'ensuivit de l'apparition d'une magnifique voiture. À son bord, Caroline Messier, une femme d'une quarantaine d'année très élégante, tentait de faire une marche arrière dans la cour. Le poteau épargné, je me faufilai rapidement à l'étage pour ne pas croiser son chemin. Mon père s'approcha de l'entrée pour l'accueillir.

- Salut, déclara mon frère dans un piteux état, la psy est là ?

- Oui, elle vient d'arriver ! Rétorquai-je avec un air gêné.

Arthur commença à descendre les escaliers, je le rattrapai dans son élan en l'agrippant maladroitement par l'épaule.

- Tu comptes cacher tes cicatrices à la psychologue ? Lui demandai-je en le voyant vêtu d'un tee-shirt à manches longues.

- C'était une erreur, me rassura-il, je ne recommencerai plus.

- Tu devrais en parler, elle est là pour discuter avec toi et t'écouter. Et puis, porter ce genre de vêtement à cette période de l'année, ce n'est pas trop la saison. J'espère que cette séance te remontera un peu le moral.

Un léger sourire se dessina sur son visage, je le laissai partir et me dirigeai vers ma chambre. Obligé de rester cloitré à l'étage, j'ouvris mes volets et prépara mes affaires. Ma garde robe restreinte, j'optai pour le classique jean et tee-shirt que je déposai dans notre salle de bain. Avant de prendre ma douche, je vérifiai de nouveau mon portable en espérant apercevoir une notification dans ma messagerie. 

- Reste avec ton mec, lançai-je légèrement énervé en balançant mon téléphone sur le lit.

Soudain, mon écran s'alluma de nouveau. Intrigué, je plongeai sur celui-ci et le déverrouilla, mon visage se décomposa. "Hugo Moine s'est abonné à vous"  lis-je en l'apercevant sur sa photo de profil aux côtés d'Anna. Je cliquai directement sur son compte, effaré de le voir enlacé ma meilleure amie. Les nombreuses photos de son profil me firent réaliser l'intérêt porter par Anna pour ce garçon. Hugo était le genre de mec à fille, musclé, brun, légèrement barbu et les yeux vert, son sourire éclatant le rendait très attirant. Une atroce douleur au ventre s'empara de moi, je fus dégouter et déçu du comportement de ma "meilleure amie". Néanmoins, je continuai de dérouler son fil d'actualité en m'infligeant un mal-être psychologique. Cette journée s'annonça mal, je déprimai dès mon réveil. Triste et perdu, mes yeux fixèrent mon appareil affichant une photo d'eux. Des commentaires d'Anna s'affichèrent sous cette photo, des cœurs et de jolis compliment. En tailleur sur mon lit, j'hésitai longuement. Cependant, dans un élan de courage, je saisi mon portable et me redirigeai vers ma messagerie en ouvrant la conversation de la veille. A ce moment, je me livrai le cœur ouvert à celle-ci pensant me libérer définitivement de ce secret.

Moi : Je t'aime Anna.











Le braquage de ton cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant