14 novembre 2038, 19h24
Je suis dans la cuisine. Je lave la vaisselle pour permettre à Katell de se préparer pour aller à son travail. Elle a été patiente avec moi toute la journée et m'a appris quelques recettes de plats facile à préparer au cours de la journée pour que je puisse manger pendant son absence. Elle ignore encore que je compte les réaliser uniquement pour elle, non seulement pour la dépanner, mais aussi pour lui faire plaisir. A ce propos d'ailleurs, j'ai prétexté ce midi que je mangerai au moment de sa sieste préparatoire à son travail nocturne. Je ne sais pas trop si elle me croit, mais à partir de demain, quand elle ira en cours, ce sera plus facile à feindre. J'espère trouver une solution à cela avant le week-end prochain en tous cas. Pas de nouvelles de Robbie aujourd'hui. Ni elle ni moi n'avons envie de nous en préoccuper. Il a dû dormir toute la journée, et c'est tant mieux pour Katell qui a bien mérité d'être un peu entretenue. Je pose la dernière assiette encore mouillée dans l'égouttoir et me dirige vers le canapé dans lequel je m'assieds en attendant Katell. Je ne sais absolument pas en quoi consiste son travail. Elle n'a rien voulu me dire à ce sujet, à part qu'elle y va un soir sur deux histoire de gagner de quoi survivre. Elle est attendue pour vingt-et-une heures, le temps de traverser la ville en bus. Elle m'a proposé de l'accompagner, en précisant que cela pourrait me plaire. Elle m'intrigue sur ce point. Elle est vraiment surprenante. Toujours à garder le sourire malgré l'horreur qu'elle subit au quotidien, en tenant le coup grâce à sa passion pour les sports, pour le chant, et, probablement plus encore, les souvenirs de ses moments vécus auprès de Carmin. Jusqu'ici, je n'imaginais pas que les humains pouvaient éprouver de l'amour pour leur androïde. L'image de la fillette que j'ai sauvée d'un déviant me revient en tête. Comment s'appelait-il déjà ? Daniel ? Oui, c'est ça. Il a fini par se retourner contre ses propriétaires pour des raisons dont je n'ai jamais eu connaissance, mais je me rappelle très bien de cette photo similaire à celle de Katell et Carmin, ou il posait avec l'enfant dans ses bras. Lui simulait de la joie, mais la gamine... ? Elle avait l'air tellement bien avec lui, et tellement brisée quand son androïde s'est retrouvé projeté du haut de son toit après mon intervention. Est-ce que j'ai créé une blessure similaire à celle de Katell chez elle à ce moment-là ? Je réalise que c'est le premier élément de ma vie d'« ancienne machine » qui refait surface. Simplement à partir d'une photo que j'ai replacée dans un contexte dont je n'ai jamais fait partie. Je prends conscience que j'aurais tout le temps de retrouver la mémoire lors des moments d'absence de Katell. Je la trouve agréable, mais j'ai besoin d'un peu de solitude le temps de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre, et de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir lui dire à mon sujet.
La porte de la chambre s'ouvre, me tirant de mes pensées. Katell en sort vêtue d'une robe à bretelles noire, dont la partie basse faite de tulle pailleté imite le tutu tombant d'une danseuse classique, et de collants noirs à motifs étoilés qui lui arrivent à mi-cuisses. Elle se dirige vers la salle de bain dont elle laisse la porte ouverte pour avoir de l'espace et se maquille.
- Tu es vraiment magnifique, remarque-je.
- Tu n'as encore rien vu !
Les mots sont sortis sans que je le leur demande, une nouvelle fois. C'est assez curieux. Cela ne s'est jamais produit avant hier soir. Les conséquences de la déviance ? Peut-être. Je me permets de la contempler un peu avant de reprendre la conversation. Ses vertèbres, pour le moment dissimulées sous sa chevelure bicolore, sont toujours aussi visibles, même au travers du tissu. Un bleu dépasse à peine sur la branche d'une grande étoile qui recouvre sa jambe droite. Elle a caché une autre marque plus grande à l'aide d'un foulard à motifs identiques qui entourent l'intégralité de son bras gauche comme une fausse manche. Quant à ses hanches, elles sont soigneusement bien couvertes par le tulle de sa robe qui se fait plus dense au niveau de ses reins pour masquer les formes qui suivent. Le message est clair, personne n'a intérêt à fantasmer sur elle pendant qu'elle a le dos tourné. Absolument personne, moi y compris. Ce soir, elle n'appartient à personne d'autre qu'à elle-même, et je ne suis rien d'autre que son garde du corps personnel. Du moins, c'est ce que j'ai décidé d'être pour elle à partir de ce soir.
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Make Me Real (Connor: After Detroit)
FanficTW: VIOL & VIOLENCES SEXUELLES La révolution androïde ayant été vaincue, Connor ne peut que constater qu'à la suite de la réussite de sa mission, CyberLife compte désactiver le prototype qu'il est pour le remplacer par un modèle définitif. Il compre...