Missing

23 8 1
                                    


⚠️ Attention propos choquantsEt oui encore 😂

Nous étions un simple mercredi après midi, il était dans les deux heures passées et je me trouvais avec ma mère et ma grande tante autour d'une table. Comme à l'habitude, nous étions toutes les trois assises autour de la table, en train de jouer au Rami. C'est un jeu de cartes que la tante de ma mère venait de nous apprendre. Il fallait faire des tierces franches, des suites, des triples, etc. Ce serait trop long à expliquer comme ça : moi-même il m'a fallu du temps pour comprendre.

Revenons en a ce jour. Alors que je m'apprêtais à coller un 100 points à ma génitrice (il faut avoir le moins de points possibles.), quand des bruits de craquements se firent entendre dans l'escalier en bois extérieur. Nous n'avions pas peur, car nous savions parfaitement de qui il s'agissait. J'abandonnai donc mon jeu de cartes et me rendis dehors. J'aperçus alors ma très chère grand mère, monter le petit chemin pour accéder à la maison. J'étais si contente de la voir, mais je ne pense pas que c'était le cas pour ma mère. Depuis quelques jours maintenant, elles étaient fâchées. Toutes les trois. Tout ça à cause d'un homme, qui n'était pas de ma famille, dont ma grand-mère est tombée amoureuse.

Elle monta les escaliers et arriva devant moi. Elle ne prit même pas la peine de me faire la bise, et entra à l'intérieur. Je me sentais comme une esclave, dont l'existence importe peu. Une fois, dedans, elle salua ma mère et ma grande tante d'un geste de la tête. Elle ne s'assit même pas. Elle partit faire l'inspection, oui, une inspection. Elle ouvrit toutes les portes et rentra dans toutes les pièces et y fit un commentaire à chaque fois tel que :" Ce n'est pas propre", "Il fait froid", "il manque des trucs" , etc. Ma génitrice en avait tellement marre, qu'elle prit le premier objet qu'elle avait sous la main, dans ce cas-là son verre et le jeta violemment par terre. Le bruit des éclats de verre résonne et attire l'attention de ma grande mère. Elle se retourne vers nous et dit :

" Qu'est-ce qui a cassé ?

- On s'en fout de ça, répliqua ma mère en lançant un regard noir à la sienne. Je voudrais savoir quand est ce que tu auras fini ta putain d'inspection.

- Je te signale jeune fille, que cette maison, je l'ai payée de ma poche.

- Aurais-tu oublié que j'ai passé plus de 10 ans de ma vie à te rembourser chaque mois ?

- Peu importe, répondit la vieille femme. Tu es ma fille et j'ai entièrement le droit de visiter ta maison.

- Tu ne la visite pas, riposta la sœur âgée, tu l'observes au moindre détail pour ensuite la critiquer.

- Mais non, souffla Mamie en s'asseyant sur une chaise en face de sa progéniture.

- T'arrives même pas à te rendre compte de ce que tu fais, c'est dingue.

- Oh, mais ça suffit !

- Depuis que tu es avec cet arrogant de Maurice, tu deviens comme lui.

- Vous exagérez...

- Arrête de nier putain, s'écria ma mère de plus en plus énervée. Ce mec ne prend même pas la peine de nous dire bonjour et se permet de faire des réflexions dans notre dos.

- Mais...

- Mais quoi ? l'interrompa sa sœur. Il est mal poli comme c'est pas possible.

Elles avaient raison. Le nouveau petit ami de ma grand-mère, avait toujours été méchant et malpoli envers nous. Il habitait peut-être avec Mamie, mais on ne l'acceptait pas dans la famille pour autant. La preuve avec sa manie de toujours critiquer les autres sans arrêt, en prétendant que c'était lui le plus fort et le plus intelligent : il avait passé sa vie à vendre des voitures. Alors que dans ma famille, du côté maternel, on avait au moins 3 médecins sur 2 générations et plus de 4 anciens (ou non) soldats de guerre.

- Vous êtes chiantes hein, râla-t-elle. Et c'est pour ça que vous le faites la gueule depuis une semaine ?

- Excuse moi si j'aimerais recevoir le respect de quelqu'un que tu voudrais qu'il fasse partie de la famille, ce qui ne sera jamais le cas.

- Bon, j'en ai marre,marmonna ma grande tante en se levant de son fauteuil pour sortir sur le balcon.

Les deux autres femmes se regardèrent de travers pendant quelques instants avant que la plus âgée ne cède et s'en aille en jurant à voix basse. Elle partit sans rien ajouter. Je la suivis et vis que celle-ci partait réellement. J'hésitais à aller la voir, mais une main se posa sur mon épaule et une voix assez faible me dit :

- Laisse, elle s'en remettra.

Je soupirai. J'aimais beaucoup ma mamie, alors la voir se disputer ainsi avec ma famille, ça me faisait du mal. Je battus en retraite et regagner ma place. Deux minutes plus tard, je vis des gouttes frapper les fenêtres, de plus en plus fort. Je lançais un regard inquiet à ma mère, en pensant à son ancienne tuteuse légale qui devait être en pied sous la pluie (parce que son petit ami ne la laissait jamais prendre sa voiture). Elle comprit directement, et leva les yeux au ciel. Elle reposa ses cartes et se redressa pour aller prendre les K-Way. Nous nous couvrîmes, tandis que ma grande tante resta assise, à regarder des vidéos sur son téléphone.

" Tu ne viens pas avec nous, Blanche ?

- Non, elle ne mérite aucune attention" , dit-elle sans lever les yeux.

Je me tournai vers l'autre femme, haussais les épaules et sortis. C'était son choix, je le respectais. Nous descendîmes les escaliers, et nous rendîmes jusqu'à la voiture. On ne savait pas où est-ce qu'elle pourrait se trouver actuellement, mais nous savions qu'elle ne pouvait aller bien loin. Nous commençâmes alors à rouler, lorsque nous la vîmes sur le trottoir de gauche. Elle marchait, son petit sac à la main, les cheveux plats et les vêtements trempés jusqu'aux os. La voiture ralentit et ma mère ouvrit la fenêtre pour crier :

" Viens, on te ramène !Elle tourna la tête vers nous et dit :

- Non, je ne veux pas ! Vous m'avez jeté comme un chien. Alors j'ai plus besoin de vous.

Mais c'est elle qui était partie. Il y avait une logique chez ma grand-mère qui m'était encore inconnue. Puis elle s'arrêta et nous pensâmes qu'elle allait finalement monter, mais pas du tout.

Elle voulait traverser. Elle nous fixa depuis le trottoir et nous fit signe de nous pousser. La route était à double sens, et heureusement, il n'y avait personne derrière nous. Mais il y avait une personne à côté de nous.Ma grand-mère commença à avancer, en évitant nos regards, et soudain, elle tourna la tête vers nous et le drame. Ces yeux se posèrent délicatement sur nous avant de se précipiter sur les phares de la voiture. Nous ne l'avions pas vu venir. Je vis de près, le corps de Mamie se faire expulser en arrière. Je remarquais le sang sortir en trombe de sa poitrine. J'avais peur, et je tremblais en voyant le cadavre gisez sur le sol.

Quelle horreur. Ma mère freina aussi sec et s'immobilisa, tandis que le conducteur quitta son véhicule pour se précipiter sur la personne qu'il avait tuée. Oui, je savais à l'avance qu'elle nous avait quittées, et j'en fus sûre lorsque le meurtrier appuya son doigt pour vérifier son poul. Une fois fait, il posa ses mains sur sa tête et cria. Je baissai les yeux et des larmes silencieuses en sortirent. Ma grand-mère était morte, sans que j'avais pu lui dire que je l'aimais.

Fin

Histoires et Pensées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant