Girl

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Je deviens folle...

J'étais dans les rues d'une ville que je visitais, à balader avec mes parents pour trouver un restaurant. Je grelotais dans mon petit pull bordeaux, tout en regardant les vitrines des magasins, tous quasiment fermés. Puis, quelque chose attira mon attention. J'avais déjà croisé énormément de sans-abris malheureusement. A chaque fois, je n'osais pas les regarder: ça me faisait du mal de les voir quémander. Je me sentais coupable. Puis, au bout d'un moment, j'aperçois une ombre noire bouger à côté de morceaux de cartons. Je n'arrivais pas très bien à voir: je suis un peu myope de toute façon, et je n'avais pas mes lunettes.
Le truc, c'est que plus je me rapprochais plus mon cœur battait vite. Mes jambes se mirent à trembler: la chose n'était pas humaine. Elle tournait la tête de gauche à droite, très lentement. Je plissais les yeux pour mieux la voir: il s'agissait d'une petite fille. Elle avait des cheveux noirs, un corps noir, comme du charbon, et celle-ci était tellement maigre qu'elle avait la peau sur les os. De plus, elle ne semblait pas avoir d'yeux. Elle me faisait vraiment peur.
Au moment où j'arrivais devant elle, j'étais tellement terrifiée, que je n'osais pas la regarder. Alors, tout en baissant la tête, je m'éloignais de celle-ci et restait en retrait derrière mes parents. Le problème, c'est qu'ils le remarquèrent. Mon père dit alors :

« Qu'est-ce que tu fais ?

- Ben, chuchotai-je, je voulais pas être trop près de la fille sans-abris.

- Quelle fille ? demanda-t-il.

- A côté des cartons, indiquai-je en fixant le sol.

Ma mère s'arrêta et suivit le regard de mon père dans la direction prescris. J'avais peur que ceux-ci ne me disent de courir, ou d'aller lui dire bonjour. Non, mon paternel tourna la tête vers moi et dit :

- Il n'y a pas de fille.

Aussitôt, je relevais les yeux vers lui, et jetais un coup d'oeil derrière son épaule. Il avait raison. Il n'y avait que les cartons et un sac poubelle. Un sac poubelle noir et fripé, avec un bout élevé. Avais-je rêvé ? Étais-je si myope que j'avais confondu un sac poubelle avec une fille ?

- Tu deviens folle ma fille », répliqua en rigolant ma mère.

Nous poursuivîmes alors notre chemin, mais je ne cessais de me tourner vers ces déchets. Est-ce que je devenais folle ? Est-ce que c'était ma vue ? Est-ce que c'était mon cerveau ? Je ne savais pas.
Mais durant toute la soirée, j'avais l'impression de sentir un souffle dans mon cou. Et cette nuit-là, j'avais vu son visage. Sous la masse de cheveux gras et le teint charbonneux, ses yeux se sont ouverts.

C'était moi. 

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