Histoires et Pensées

Apparence

J'ai peur, vraiment peur. Mon cœur joue un morceau des plus fort et des plus grave. Je pense que son instrument est une batterie. Cela ne m'étonnerait point, vu la douleur que ma poitrine ressent à chaque vibration. Mon corps n'arrive plus à faire écho, il ne fait plus que garder l'énergie pour lui, le rendant à la fois faible et fort. Il est vrai que cela semble invraisemblable de ressentir une telle chose. Pourquoi maintenant ? C'est étrange effectivement.

Je suis devant un homme. Je le regarde. J'observe ses battements de cils, son faciès quasiment inexpressif, ainsi que son corps figé. Il me regarde lui aussi. Je pose ensuite mon regard sur ses avants-bras. Ses membres qui étaient autrefois lisses et en bonne santé, sont maintenant meurtrie et ensanglantés. Cette personne qui se trouve devant moi, je n'avais pas vu depuis cinq ans. Cinq longues années de souffrance et de solitude. Peut-être était-ce la raison de cette réaction cardiaque, les retrouvailles. Mais je ne comprenais toujours pas pourquoi. Pourquoi mon cœur avait-il une attitude aussi impulsive ? Je me suis mise alors à identifier les différences entre l'homme d'y à cinq ans et celui d'aujourd'hui. Ses cheveux étaient plus courts, son corps plus grand et sans doute plus musclé. Donc il était plus beau.

Mais sa beauté était compromise par ses avants-bras. Il ne devait plus s'aimer, et ne plus ressentir ce que je ressentais en le voyant, lorsqu'il se regardait dans un miroir. Pourquoi, c'étaient les gens bien qui se faisaient du mal ? Pourtant, celui-ci semblait... bien. Il était beau. Dans mes souvenirs, il était gentil, il ne me paraissait pas mourant ou souffrant. Voyez-vous, le problème avec les apparences, c'est qu'elles sont souvent trompeuses. Cet homme, qui faisait battre mon cœur au premier regard, était mal.

Je voulais lui parler, le toucher, l'embrasser. Mais toutes ces émotions, ne cachaient qu'en fait qu'un simple instant. Il était devant moi, mais la seconde d'après, lorsqu'il vit que je fixais ses membres blessés, il s'en alla.
Deux mois plus tard, un ami de ma sœur m'apprit qu'un employé de son entreprise avait saute du septième étage du bâtiment où il travaillait.

Plus tard, en me rendant à cet endroit, je vis la photo de mon homme encadré avec une phrase à cote : "Tu nous manques."

Pour la première fois, mon cœur arrêta de battre lorsqu'il vit son visage.