Les derniers jours de l'homme aux yeux rouges (Chroniques des autres Terres)

Est-ce un dernier Aurevoir

Cela fait plusieurs heures qu'Adam roule sur les départementales, ne prenant aucun grands axes routiers pour éviter de croiser les hommes aux 4x4 sombres. La fille d'Adam n'habite qu'à quatre heures de routes, tandis que son fils qui à déménager dans le sud de la France et vit dans les Pyrénées. Comme il y a peu de chance qu'il voie son fils, il va essayer de voir sa fille et de dire aurevoir à sa fille et ses petits enfants, tout en sachant qu'il y a de forte chance qu'aucun ne le reconnaisse, le prenant même pour un fou, dans le pire des cas. Mais c'est un besoin irrépressible et rien ne pourrait l'empécher de la voir une dernière fois avant de faire ce qu'il s'est décidé de faire. Il aime ses enfants, il aime ses petits-enfants. Il sait qu'il a été un bon père et un bon grand-père, ou du moins, il a essayé et fait de son mieux pour l'être. Tant de question s'entrechoquent dans son cerveau quand soudain une sensation étrange l'étreint. Il préfère se garer sur le bas côté et à peine coupe-t-il le contact que survient un flash. Cette fois-ci, il est sur une estrade, une baguette à la main, dirigeant un orchestre philharmonique dans les derniers mouvements d'une symphonie. Et dès que les instruments se taise, que le silence se fait dans la salle, elle est suivit par le brouhaha d'une myriade d'applaudissements qui l'envellope tout entier. Un frisson de bonheur et de fierté l'envahie. Il regarde tout ces gens qui se lève et applaudissent de plus belle, même l'orchestre se lève pour l'ovationner. Il se penche en avant pour remercier son auditoire. Adam reprend ses esprits, encore tout chambouler par cette expérience. Il met encore quelques secondes avant de reprendre le volant et de se diriger vers la ville ou vit sa fille. Il y sera dans moins d'une heure. Il a quelques appréhensions en songeant à l'accueil que va lui réserver sa fille. Il roule et enfin il arrive à proximité de la maison de sa fille. Il frappe à la porte et une jeune femme ouvre la porte avec dans les bras un petit garçon qui semble somnoler.

-Oui! Bonjour, monsieur! Demande-t-elle à cet homme qui lui semble inconnu.

Le coeur d'Adam se serre et les mots dans sa gorge semble être bloqué. Les faits sont là, sa fille ne le reconnait pas. Il ne sait que dire et les larmes au bords des yeux, il se prépare à faire demi-tour. Le petit garçon qui est dans les bras de sa fille, se tourne vers Adam et le regarde. Apparaît alors un énorme sourire sur le visage de l'enfant.

-Bonjour, papy! T'as vu maman, c'est papy! crie le petit garçon.

-Mais, non!

-Si, c'est mon papy à moi! Il m'a offert mon costume de "Docteur prisme" à Noël!

-Mais, c'est impossible! Tu ne peux pas connaitre papy, il est mort avant que tu naisses!

Si, il a un tatouages dans le dos, avec ton prénom et celui de tonton, mais aussi le miens et celui de ma grande soeur. Et aussi ceux de mes cousins et cousines.

-Je doit m'incliner devant l'évidence. Il ne peut avoir vu ça que quand nous allons tous à...

-...Quiberon. Poursuit Adam!

Son petit Noé l'a reconnu, les hommes en noirs ont loupé leurs coups. Maintenant, les choses ont changés. Sa fille semble perdre l'équilibre quelques secondes.

-Tu vas bien? Demande le père à sa fille.

Comme une évidence la fille répond du tac au tac.

-Oui, papa! Mais je sait que tu es mort il y a 6 ans, mais aussi que nous sommes vu il y a peine 3 semaines. Ça s'embrouilles dans ma tête.

-Je crois que c'est parce que Noé ne m'a pas oublié, cela a du provoqué quelques choses que les hommes qui me poursuivent n'avaient pas prévue!

-Mais comment est-ce possible de t'avoir oublié en même pas 24h?

-Je n'en sait rien mais tu vois, Nini! Depuis hier, il m'arrive que des choses bizarres. Mais je suis bien ton père!

-Mais, comment?

-Je n'en sait rien. Hier midi, j'ai ces yeux rouges qui sont apparut, je suis allez à l'hôpital ou je me suis fait aggresser. Et depuis, ces mêmes hommes qui m'ont aggressés, me poursuivent et plus personnes ne me reconnais. Noé est le seul qui m'as reconnus.

-Mais tu es aller voir la police?

-C'est l'une des premières choses que j'ai fait, mais l'un d'eux fait partie des forces de l'ordre!

Soudain le regard d'Adam s'embue et il se remet à pleurer à chaudes larmes.

-Tu ne peux pas savoir comment c'est dure. Que ce soit collègues, amis, familles ou même des personnes que je croise tout les jours, il semble que je n'existe plus. La solitude qui m'envahi me fait un nœud à la gorge et à l'estomac. J'ai l'impression que tout le monde m'abandonne.

-Mon pauvre! Je suis désolée! Papa!

-Oui, je n'en doute pas! Tu vas m'oublier et même Noé vas m'oublier. La seule chose que je peux faire, c'est de te dire aurevoir et que je vous aimes tous autant que vous êtes.

Qu'est-ce que tu vas faire?

-Je vais m'occuper de leurs cas, ils ne savent pas à qui ils ont à faire, j'ai fait partie des para et je sait me défendre.

-Oui, papa! Je sait!

L'homme regarde sa fille et son petit-fils avec tendresse.

-Je vous dit adieu, alors! Puisque vous allez m'oublier!

-J'en suis désolée, papounet!

Adam embrasse Noé, le petit ange qui l'a reconnu et pause un dernier baisé sur le front de sa fille. Sa décision est prise, il va retrouver ces hommes et leurs demander quelques explications et ils ont intérêt de répondre à ses questions. Adam reprend sa voiture, mais ne quitte pas le quartier de sa fille. Il serait logique que les hommes en noirs viennent ici, un homme désespéré ira toujours vers ce qu'il connait, ceux qu'il aime. Et sa fille est un appât de choix, mais l'appât n'est plus maintenant dans leurs mains. En planque dans sa voiture, Adam a en ligne de mire le perron de la maison de sa fille. Soudain, une vision l'étreint et cette fois-ci, Adam se retrouve seul au milieu des flots déchainés, sur un radeau de fortune. Le frêle esquif est secoué, son corps bringueballé et à chaque vague qui le percute, il avale une gorgée d'eau salée. Il a envie de vomir. Soudain, il lache le morceau de bois qui le maintenait à la surface. Les profondeurs semblent l'attirés et il s'enfonce dans l'eau. Il essaie de retenir sa respiration, mais son corps demande de l'oxygène à corps et cries. Il ouvre alors la bouche pour respirer et l'eau de mer s'engoufre dans ses poumons, le noyant. Quand il revient à la réalité, il suffoque encore. Il prend alors son temps pour respirer profondément l'air salvateur, savourant chaque atome d'oxygène quand soudain, son oeil est attiré par le perron de la maison de sa fille. Ils sont là, les hommes en noirs parlent à sa fille et vont bientôt le regretter.