A.P 8

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Je me retourne avec élan ... C'est mon père … mais qu'est-ce qu'il veut ?

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Il se tient sur une des marches à attendre que je sois la première à parler, probablement pour lui demander ce qu'il veut. Les cernes au bas de ses yeux pourraient faire croire qu'il n'a pas dormi depuis trois jours déjà.

— je .. je sais que tu n'as aucune envie de discuter mais ..

En remarquant mon regard inexpressif sur lui, il arrête de parler. Je fais semblant de regarder ma montre, pour lui faire comprendre que je suis pressée.

— Dalya s'il te plaît, écoute moi. Je .. je suis vraiment ...

— en toute franchise, crois tu que c'est le moment de discuter de tout cela ? Dis-je pour lui couper la parole.

— c'est vrai on pourrait en parler ce soir ou même demain. Mais je ne veux pas que tu partes à l'école dans cet état. Sois tranquille, quand on aura terminés je t'accompagnerai. Tu ne seras pas en retard, achève-t-il d'un ton affectueux.

Il pose son pied sur la marche suivante dans l'intention de me rejoindre à l'entrée mais il glisse, puis tombe au bas des escaliers. Instinctivement je me précipite vers lui pour voir s'il ne s'est pas fait mal.

— tu pourrais faire attention à l'endroit où tu mets les pieds, grogné-je en l'aidant à se relever.

Contre toute attente, mon père se met à ricaner.

— avoue que tu t'inquiète toujours pour ton vieux père, même si c'est un irresponsable.

Le ton qu'il utilise me met hors de moi. Comment ose-t-il jouer le vantard dans une situation comme celle-ci ?

— n'importe quoi ! Même si ça avait été mon pire ennemi qui tombait de la sorte, je l'aurais quand même aidé. Que crois-tu ? Retorqué-je méchamment.
Et puis avec quoi compte tu m'accompagner au lycée ? Sais-tu  seulement où se trouve ta carcasse ? Ajouté-je pour changer de sujet.

Sans lui laisser le temps de répliquer, je me tourne vivement vers la porte pour sortir mais il me retient par le bras.

— tu ne peux pas partir comme ça Dalya. Tu sais combien je regrette ..

— qu'est-ce que tu regrette clairement ? De m'avoir gâchée la soirée d'hier ? De m'avoir fait venir ici pour que je devienne ta nounou ? Qu'est-ce que tu regrette papa ? Dis-moi.

Dans ma voix, l'hystérie est facilement perçue. Des larmes amères se tassent au coin de mes yeux mais je les réfute aussitôt. Mon père ne fait plus rien pour me retenir pourtant, une énergie invisible m'empêche de partir.

— pourquoi tu ne dis plus rien ? Hurlé-je au bord des larmes.
Maintenant je t'écoute. Dis moi tout papa. Qu'est-ce que tu regrette ?

— tout ! Oui chérie je regrette tout. Je suis désolé d'avoir pourri ta soirée d'hier bien que je ne me souvienne de rien. J'étais vraiment mal après avoir perdu mon travail tu sais… ces bâtards m'ont virés après quinze ans de service… quinze ans ! Tu te rends compte ?

Sa tête entre les creux de ses mains, il s'écroule littéralement sur le sol. Je reste figée sans pour autant être attristée par la nouvelle qu'il vient de m'annoncer. Il est vrai que intérieurement, je suis énervée que ces gens l'aient renvoyé mais c'est sûre qu'ils ne l'ont pas fait sans raison.

— ils m'ont licencié après tous les sacrifices que j'ai fait pour eux. Avec mon expérience j'aurai pu travailler n'importe où; j'ai préféré me dévouer à leur hôpital de merde et regardes comment ils me remercient !

Amizade Perd|daOù les histoires vivent. Découvrez maintenant