5.

211 19 1
                                    

Je ne sais pas trop comment je suis arrivée à l'hôpital. Mais je me doute que ce n'était sûrement pas en tenant debout sur mes pieds.
Pour la sortie, ça n'a pas été très différent. La dame qui m'avait parlé en pleurant les premiers jours a poussé ma chaise roulante sur un terrain vague encombré de voiture. Avec mon oeil droit, je la voyais s'agiter. Partir.
Venir.
Partir.
Venir ...
Elle était garée sur une place pour handicapés. Elle souriait. Elle a placé la chaise près de la porte et a voulu me porter. J'ai tenté de prendre appui sur mes jambes.
Je suis tombée.
J'ai eu très mal. Et j'ai lâché un énorme gros mot. La femme s'est excusée mille fois. J'ai dit qu'elle n'avait pas à s'inquiéter et que je ne dirai rien au médecin. Pour qu'il ne la liscencie pas. Elle m'a regardée. Longtemps. Comme pour savoir si c'était une blague. Puis elle a pleuré.
Mon coxyce me faisait mal.
Elle a répondu qu'elle était ma mère.
Je l'ai regardé pleurer en silence.
J'avais pensé que si je me taisais, elle se sentirait mieux.
Mais ça ne s'arrangeait pas.
Le simple fait que je sois là, devant elle, la rendait malheureuse.
Mais ça ne me faisait pas de peine.
J'essayais de consoler une étrangère qui avait perdu sa fille lorsqu'elle s'était suicidée en se jetant d'une fenêtre.

BrouillardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant