Ma lettre était en fond d'écran.
Pardonne-moi (ou pas).
J'ai frissoné en la lisant.
Claire. Détaillée. Précise.
Ils savaient que je le ferai.
Et ils ne m'en ont pas empêchée.
Je ne me souvenais pas de l'avoir écrite, cette lettre.
Je ne me souvenais pas d'Annie non plus. Ni de Pol. Ni de mes parents.
J'imaginais avoir beaucoup souffert.
Mentalement.
Mais avec ce suicide, j'ai oublié.
J'ai oublié la douleur.
J'ai pleuré.
Léopold était le seul à supporter.
Ma mère s'oubliait dans les bras des hommes.
Moi, j'étais brisée.
De l'extérieur.
Mes dents n'étaient pas les seules à être cassées.
Il avait fallu que je me jette pour que ma mère revienne.
Que mon père revienne.
Que Léo revienne.
Que tu reviennes.
Maintenant, je ne me souvenais de rien.
J'avais sauté.
En partant, je les laissais souffrir tous seuls.
Pire! J'abandonnais mon frère seul face à un grand danger... Comme j'avais laissé ma soeur seule avec un assassin.
J'ai trop mal. Débrouillez-vous sans moi.
Je me suis sentie lâche.
Et égoïste.
J'ai culpabilisé.
Je voulais me rappeler.
Dans mon état, j'étais morte.
Je me comportais comme une étrangère.
Je n'avais pas le droit, de rester là à végéter quand j'étais aussi coupable que Léopold.
Ce n'était pas juste.
Pas bien.
Pas moi.
Je voulais me souvenir de ma vie d'avant.
Pour savoir où aller.
Que faire ?
Que dire ?
Pour savoir qui était Annie ?
Qui était Pol ?
Qui était Sébastien.
Pour ressentir.
Autre chose que cette impression d'être une ruine silencieuse.
Autre chose que cette impression d'être une boite vide où les sons résonnent contre les paroies.
J'ai séché mes larmes.
Au lieu de résoudre un problème, mon suicide,râté ou pas, en avait rajouté un de plus.
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Brouillard
Mystery / ThrillerEsther s'est jetée par la fenêtre de son appartement. Elle voulait mourir. Mais c'est pourtant bien vivante qu'elle se réveille à l'hôpital . Enfin, presque bien vivante. Elle est clouée dans une chaise roulante et ne se souvient de rien concernant...