L'Outsider

XVI

XVI - HongSeok

Etrangement, je n'ai pas été surpris de trouver Aspen assise à ma table en arrivant à la bibliothèque ce matin. Et si j'étais complètement honnête, j'étais même content. Elle avait pris l'habitude de s'y mettre depuis quelques jours.

J'avançais rapidement vers la table, baissant la tête pour dissimuler un sourire naissant. Puis, je m'installais comme si de rien n'était.

"Salut" je l'ai entendu dire doucement.

Quelle genre de personne était-je devenue pour être surpris que quelqu'un me salue ?

"Salut" j'ai finalement dit au bout de quelques minutes et je me suis mis à écrire.

Je savais qu'elle n'était pas là pour travailler, une fois de plus. Bien qu'un livre était posé nonchalamment devant elle, son attention ne se portait pas dessus.

Je sentais à nouveau son regard insistant sur moi, mais j'avais compris que ça et sa curiosité débordante étaient sa manière de me montrer son intérêt. Après tout, elle avait toujours été comme ça à mes côtés. Elle venait tout le temps vers moi, même si je ne répondais pas.

J'avoue que je ne comprenais toujours pas ce qui l'intéressait en moi ni  ce qu'elle chercher à obtenir, mais je ne pouvais pas nier que ça me faisait un grand bien. J'avais l'impression de redécouvrir ce que c'était que l'amitié. D'un côté, ça me faisait peur -la seule personne avec qui j'avais des échanges "normaux" ces dernières années était Hui et on ne pouvait pas réellement dire que c'était mon ami - j'étais cruellement seul mais je n'avais pu accorder ma confiance à quiconque depuis mon retour.

Mais avec Aspen, il y avait quelque chose de spécial. Elle avait discuté avec Hui, Yan An, E'Dawn et bien d'autres, pourtant elle revenait sans cesse vers moi. Elle savait déjà probablement tout, mais elle me traitait quand même différement des autres. Elle faisait la conversation aussi simplement que ça, et ne m'avait jamais adressé une seule parole mesquine. Elle avait une sorte d'aura de bienveillance qui faisait que je n'arrivais pas à me méfier d'elle entièrement, même si son comportement restait encore confus pour moi. Ses interventions, si peu recherchées avaient pourtant un effet si fort sur moi. A chaque discussion, je lui dévoilais quelque chose sans même qu'elle s'y intéresse. Et à la minute où on se séparait, je le regrettais. Je me disais qu'elle pourrait le répéter, ou en profitait pour se moquer de moi, comme faisait habituellement les étudiants avec chaque mot qui sortait de ma bouche. Mais avec elle je ne pouvais pas m'en empêcher. Quelque chose faisait que dès que j'étais avec elle, j'avais envie de lui parler, de répondre à ses efforts, et je ne pouvais m'empêcher de lui en dire trop.

Je sentais qu'elle s'agitait sur le siège en face du mien. Elle voulait certainement entamer la conversation et cherchait comment. Pour ça, je ne pouvais pas l'aider. Je n'avais pas encore le stade de confiance où je ferais le premier pas. J'ai levé la tête vers elle et nos yeux se sont croisés un bref instant. Mais avant qu'aucun de nous n'ait le temps de faire un mouvement de plus, quelqu'un s'est assis sur la chaise à côté d'elle, brisant un autre de ces échanges étranges que nous partagions.

"Aspen ! J'ai besoin de ton aide, c'est la merde au dortoir "

L'intervention de cette personne extérieure brisait brutalement ma rêverie. J'ai baissé rapidement le regard comme si de rien n'était et je me suis replongé dans mon travail.

Je suis resté concentré sur mon devoir et ne prêtais plus aucune attention aux deux étudiantes en face de moi., estimant que notre moment était d'ores et déjà fini. Aspen me jetait des regards brefs et j'osais penser qu'elle regrettait l'intervention de son amie.

Quelques heures plus tard, je suis finalement retourné à mon dortoir. Au passage, je me suis arrêté à la cuisine. Mon ventre criait famine.

"Oh, salut Hongseok." J'ai reconnu la voix de Yan an et je me suis retourné pour le saluer de la main

Il restait immobile à me fixer derrière la table, souriant un peu et j'ai senti qu'une nouvelle fois, on cherchait à entamer la conversation avec moi. Pourquoi tout le monde voulait me parler aujourd'hui ? pensais-je.

"Est ce que tu as quelque chose de prévu, ce soir ?" Il a fini par me demander gentiment.

Je n'étais pas certain que c'était réellement ce qu'il voulait me dire. et puis pourquoi me demandait-il ça ? Je ne risquais pas de sortit avec mes "amis" et il le savait très bien,.

"Um.. non pas spécialement" je lui ai simplement répondu en croquant dans mon sandwich juste fait.

"okay" Il a hoché la tête lentement "Eh bien, tu as le quartier pour toi tout seul. Avec E'Dawn on sort avec un petit groupe d'amis... sois raisonnable ! "Il a dit sur un ton plaisantin.

Il est resté encore quelques instants face à moi et j'ai senti qu'il hésitait à dire autre chose. Il a fini par baissé la tête et il est parti en direction de la porte en lançant un "à plus tard, alors".

Puis, comme annoncé, je me suis retrouvé seul. J'ai profité de l'abscence de mes collocataires pour glander un peu plus que d'ordianire dans les parties communes. En général, je les laissais régner dans tout le quartier et me réfugier dans ma chambre (ma forteresse impénétrable). Après m'être attardé un peu trop longtemps derrière la télé à la recherche d'un programme intéressant, je suis finalement retourner dans ma chambre.

Je me suis assis lourdement sur mon lit et j'ai regardé par la fenêtre. Dehors, les allées de la Fox étaient étrangement calmes. C'était comme si tout le monde l'avait déserté pour quelques heures. Au milieu de ce grand calme, j'ai distingué un groupe de quelques étudiants quitter eux aussi l'enceinte de notre établissement. Parmi eux, mes deux colocataires et Aspen. Elle marchait aux cotés de Yan An et j'ai trouvé leurs chevelures s'accordaient bien.

Malgré ma méfiance constante, j' en étais arrivé à apprécier nos échanges et ses attentions envers moi. Je ne savais pas où elle voulait en venir, mais le fait qu'elle me traite différemment me touchait. Et même si j'avais du mal à le reconnaître, il était vrai que j'aimais la voir assise à ma table. C'était comme si elle m'attendait. Si elle voulait me voir elle savait que j'y serais. Ce qui était assez ironique puisque je sentais bien qu'elle voulait discuter alors pourquoi venir à le bibliothèque ? C'était peut-être aussi pour cela que nos rendez-vous restaient silencieux la plupart du temps.

E'Dawn l'a doublé par la droite et a posé son bras sur son épaule.

Mais voilà, elle ne pouvait pas rester ainsi. Elle allait devoir choisir un côté, comme tout le monde.

Et j'étais déjà convaincu que sa fascination étrange pour moi ne ferait pas le poids comparé a tout ce qu'il avait pu lui dire.

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