L'Outsider

XXXIII

XXXIII- Hongseok

J'étais sorti de la salle d'informatique, trop ennuyé par le devoir que je devais rendre. Il restait encore du temps avant la session d'examen, et je n'avais pas vraiment envie de passer l'après-midi sur un écran. Tandis que je longeais les couloirs à la recherche d'une nouvelle activité, j'ai distingué une silhouette aux cheveux bleus.

Il me semblait que freiner, ralentir et surtout empêcher un rapprochement était la meilleure chose à faire avec Aspen. Ce que m'avait rapporté Yan An me donnait entièrement raison et prouvait que mes craintes n'étaient pas vaines. A vrai dire, en premier lieu j'avais pensé à remettre de la distance entre nous deux afin d'éviter qu'elle soit en proie à Carmen en plus de mon infernal colocataire. Mais les propos de mes amis m'avaient montré les choses sous un autre angle. Tout deux avaient souligné l'importance de ne pas faire marche arrière. Hui semblait même penser que se rapprocher encore plus d'Aspen, la laisser complètement rentrer était la solution. Pour lui, on avait droit aussi à un peu de bonheur et de répit, même si on avait toujours cette emmerdeuse en plan arrière. Après tous les efforts et les tentatives qu'elle avait fait, je comprenais que la laisser tomber maintenant ne serait pas une récompense. Peut-être qu'effectivement la garder près de moi, même si la situation était de moins en moins à notre avantage- l'avait-elle déjà été ? serait une manière de la remercier.

Un rire m'a sorti de ma réflexion intense, et j'ai soudainement distingué Carmen près d'elle. Aspen était de dos, mais il était plutôt simple d'imaginer son expression. Face à moi, le sourire malsain de Carmen me paralysait. Je voulais intervenir, ne serait-ce que me rapprocher, peut-être que cela l'aurait fait fuir, à moins que ma présence au contraire empire les choses. En tous cas, je suis resté planté à l'autre bout du couloir jusqu'à temps qu'Aspen sorte précipitamment du couloir. A cet instant, j'ai à nouveau pu bouger et je me suis mis à courir derrière elle.

Je l'ai finalement rattrapée. Elle s'était réfugiée dans un couloir avoisinant déserté par les autres étudiants à cette heure ci. Je me suis approché lentement d'elle. Elle était recroquevillée sur elle-même, et la voir dans cette posture m'effrayait. Une fois à ces côtés, j'ai tendu ma main vers son épaule. Elle a sursauté et vivement relevé la tête vers moi. J'avais fait tellement peu de bruit qu'elle n'avait pas senti ma présence. Elle a essayé de dire quelque chose, mais son hébétement a pris le dessus et seul des sons incompréhensibles sont sortis de sa bouche. Mais mon regard étaient fixé sur ses yeux. Ils brillaient malgré le peu de luminosité qui émanait du couloir. Déviant mon regard un peu plus bas, j'ai distingué les striures que des larmes avaient laissé sur ses joues.

"Aspen, qu'est-ce qu'il se passe ?" j'ai seulement pu demander

J'avais bien compris que ce soudain craquage était lié avec Carmen. Elle avait du lui dire quelque chose. D'après Yan An, elle s'en prenait à elle depuis quelques temps, et Aspen ne pouvait certainement plus le supporter.

Ses yeux se sont agités rapidement, elle a détourné le regard. L'eau est montée à ses yeux et je craignais tellement de voir une larme s'échapper que je l'ai poussée dans mes bras. J'ai serré du plus fort que j'ai pu, ne sachant pas trop comment lui montrer mon soutien et mon inquiétude. Rapidement j'ai senti ses bras s'enrouler autour de moi et le reste de son corps se détendre contre le mien. J'ai doucement caressé ses longs cheveux. Et puis, nous sommes revenus à nous même et on s'est lâchés. Nos visages se sont frôlés. Je l'ai regardé. Elle ne pleurait plus, mais l'air triste était toujours présent.

"Yan An m'a parlé" J'ai fini par dire au bout de quelques instants. "J'aurais dû me douter qu'elle s'en prendrait à toi. C'est comme ça quand on est de mon côté."