Kino Se Kai

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Chapitre 6

La petite blonde a vite pris ses affaires et est sortit, n'ayant pas supporté l'idée de n'être qu'une passade pour Ken.
Les garçons ont littéralement explosé après ma petite punchline, ce qui nous a valu une bonne demi heure de fou rire.
Le seul à être resté silencieux c'est Ken évidemment.
Je ne lui ai pas adressé un seul regard ni même une parole, trop irrité de constater qu'il a eu le culot de ramener sa blonde alors que je suis présente.

- Bon Min'na (les gars) je vais y aller moi. J'essaye de passer demain pour ramener les papiers qui manquent.

Je claque une bise à chaque garçons évitant bien soigneusement Ken et pars du studio de retour chez moi.

- Tadaima (je suis de retour), j'ai pris de quoi faire des ramens ce soir !

Je pose mes quelques courses de l'épicerie japonaise ou je suis allée et me rends à la cuisine, d'où je peux voir ma petite sœur assise sur le canapé devant la télé à regarder Naruto indéfiniment.

- Dono ni anata no tsuitachideshita ?
  (comment s'est passé ta journée)

Elle tourne sa tête vers moi après quelques secondes et me sourit.

- Ça va, c'était pas génial mais ça va...Hm, Nana.. J'ai un exposé à faire pour la semaine prochaine sur le Japon et mes origines, c'est dans le thème de la semaine, on a été choisit par trois pour chacun présenter les langues qu'on parle et d'où on vient... Mais du coup ça veut aussi dire que je vais parler de Otoosan et Okaatsan
(père et mère).

Elle baisse les yeux après son aveux qui me donne mal au cœur. Je laisse mon couteau sur la planche et essuies mes mains avant de la rejoindre.
Je la prends dans mes bras un long moment, en silence.
Je n'ai pas vécu le départ soudain de nos parents comme elle. J'étais assez mature et âgée pour prendre du recul bien que je n'ai que 21 ans. Mistsu à dû faire son deuil loin de tout, seulement entourée de nos grands-parents et dans les tréfonds des campagnes de Fuji. Je n'ai malheureusement pas pu être présente comme je l'aurai voulu et même si à son retour j'ai obstrué toute la douleur et le manque que cet accident a provoqué, laissant ma peine rangée dans un coin de mon cœur sans jamais la sortir, pour pouvoir me consacrer à elle, je n'ai pas bien remplis mon rôle. Ce qui me vaut aujourd'hui de ne pas savoir comment la consoler, car c'est une douleur et une peine si grande, que seulement le poids des années la comblera, je l'espère.

- Tu sais, t'es pas obligé si tu veux pas le faire, je peux écrire un mail à tes profs pour mieux leur expliquer la situation.

Elle s'extirpe de mon étreinte en essuyant les quelques larmes qui lui ont échappé et secoue la tête ne voulant pas.

- Les gens vont forcément se demander pourquoi je suis la seule à pas passer alors je vais le faire, c'est juste... Que j'ai pas trop de souvenirs... Et je sais pas quoi dire.

Je lui souris, attristée de me rendre compte qu'avec le temps les images se font flous et les souvenirs disparaissent.
Notre éducation et notre culture à fait que nous ne sommes pas des gens qui s'ouvrent facilement. Peut-être plus qu'habituellement car on habite à Paris et que l'on s'est quand même imprégnés e l'atmosphère qui y règne et les codes de société mais les mœurs que nous tenons en tant que japonaises nous obligent à ne pas pleurer, ne pas se dévoiler et toujours garder la tête haute et froide, ce qui fait que je n'ai pas réellement partagé de souvenirs avec ma sœur sur nos parents, terrant au plus profond de moi les quelques images qu'ils me reste.

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