Lettera

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Chapitre 3

Finalement je n'ai pas répondu au message de Ken, sous les remontrances de Lylia qui, à ma place aurait déjà sauté sur l'occasion.
Non, j'ai préféré l'ignorer et finir ma journée de travail avant de rentrer chez moi pour encore bosser mais plus confortablement.

Avachis dans mon sofa, mon ordinateur sur les genoux, je repense à l'entretien de cet après-midi avec les garçons.
Les revoir m'a fait extrêmement plaisir et je suis heureuse de pouvoir travailler sur un aussi gros projet avec eux. Seule tâche au tableau c'est Ken. Je reste assez méfiante à son sujet, même si je dois l'avouer, me retrouver face à lui à été aussi éprouvant que lorsque nous nous sommes quittés. J'espère simplement qu'il ne rendra pas les choses plus dures qu'elles ne le sont. Je ne peux pas me permettre de mélanger ma vie privée et mon travail, surtout pour une histoire qui ne rime à rien.

Comme souvent depuis des mois, mes pensées me mènent à lui. Rares ont été les fois où je n'ai pas réussi à oublier un homme. J'ai beau y mettre tout mon cœur, pour l'éloigner, il lui est justement destiné.
Il est différent. Bien plus que tous les hommes que j'ai côtoyé, pas qu'il y en est eu toute une floppé mais il se démarque largement.

Les moments que nous passions ensembles n'étaient égaux à nul autres. J'ai, en l'espace de quelques semaines durant lesquels je me suis donné à cœur joie dans cette relation, appris ce qu'était l'amour. Le vrai. Je l'ai laissé m'envelopper dans son doux cocon, mais il a rapidement craqué me laissant seule, triste et éprise d'un homme qui ne voyait pas plus loin que le lendemain et l'atterrissage n'en a été que plus rude.

- Kare ni tsuite kangae o tomeru
(arrêtes de penser à lui)

Mitsuko se tient derrière le comptoir qui sépare la cuisine du salon.

Je souris en la voyant me regarder de son air enfantin. Elle est encore trop jeune pour connaître tout ça et je lui souhaite de tout cœur qu'elle ne se retrouve pas aussi bête que moi à tomber si bas.
Je lève les yeux au ciel alors qu'elle commence à me dire en japonnais tous les proverbes de nos grands-parents sur l'amour et comme quoi il faut apprendre à laisser parler son cœur sinon on ne peut pas s'en sortir.

- C'est plus compliqué que ça, Mitsu'. J'y arrive pas...je fais pas exprès. Il est toujours là.

Je soupire et ferme mon ordinateur, de toute façon ce n'est plus l'heure de travailler. Je me lève pour la rejoindre dans la cuisine et nous faire chauffer un thé au jasmin, avant d'aller dormir.

- Ça fait si mal que ça d'être amoureuse ?
Je souris à sa remarque et passe ma main sur sa joue la trouvant mignonne.

- Non... Ça fait mal quand y'a pas de retour. Mais si tu tombes sur la bonne personne c'est... Magique, vraiment.

En prenant nos tasses je me rassis dans le canapé sous le plaid pendant que Mitsuko vient se caller contre moi.

- Je l'aime pas ton Ken.
Je ris, attendrie qu'elle prenne autant à cœur mon histoire.

Je passe ma main dans ses cheveux pour lui faire un petit massage pendant qu'elle m'explique toutes les raisons pour lesquelles elle n'espère ne jamais rencontrer Samaras.

- Mais t'aime bien ses musiques non ? Je t'ai entendu les mettre dans la salle de bain.
Elle hausse les épaules comme si elle était indifférente à ce que je lui dis.

- Bah c'est pas pareil, peut-être que c'est un bon rappeur mais pas un bon copain.
C'est à mon tour d'hausser les épaules et lever les yeux au ciel, comprenant son point de vue.

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