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- Chan ! Viens voir ! Chan ! BANG CHAN ! DESCENDS TOUT DE SUITE !
Je pensais rêver en entendant quelqu'un m'appeler mais apparemment, ce n'est pas le cas. Je me lève précipitamment de ma chaise de bureau pour sortir de ma chambre et me pencher à la rambarde des escaliers.
- Qu'est-ce qu'il y a maman ?
- Descends vite, ils parlent d'immigrés Nord-coréens à la télé.
Il ne m'en faut pas plus pour descendre les escaliers à toute vitesse.
Ça fait une semaine que je n'ai plus de nouvelles de I.N. Une semaine qu'il est parti de la capitale vers le nord et une semaine où je ne pense qu'à lui, craignant pour sa vie.
- Dépêches-toi, mon chéri, tu as déjà raté le début.
- Ils ont déjà dit les noms et les âges, il y en a un qui a l'âge de ton ami.
- Quoi, je ne comprends pas.
- Mais regarde !
Je fais ce que ma mère me dit et pose mon regard sur l'écran ou un homme, le reporter, se trouve devant la caméra et derniers lui, plusieurs ambulances ainsi que la police Chinoise.
- C'est ici, au bord du fleuve Amnok, que les immigrés ont été arrêtés au courant de cette nuit. C'est aussi ici que trois personnes ont perdu la vie au cours de la traversée du fleuve dans une eau des plus glacées. Les deux adultes âgés tous les deux de 40 et 47 ans, sont morts gelés. Quant à la plus jeune victime, âgé seulement de 16 ans, elle serait morte noyée. Les adultes laissent derrière eux, respectivement un et deux enfants, tandis que le jeune garçon laisse derrière lui sa mère. Les personnes arrêtées par la police chinoise seront reconduites dans leur pays.
- J-je... Non... C-ce n'est pas possible...
- Je suis désolée mon chéri.
- Comment il s'appelait ?
- Je ne sais pas, il l'a dit au moment où j'essayais de t'appeler. C'était un truc comme Jin- Jong- Jung-... Je ne sais plus.
- Et la fin ?
- La fin ?
- La fin de son prénom ?
- "Gin", ça j'en suis sûr.
Les larmes montent directement mais ne sortent pas. Je me contente de regarder la télé sans plus rien écouter. Sur l'écran, tandis que l'homme parle toujours, les photos des trois victimes s'affichent. Sur la troisième, on peut y voir un garçon avec des cheveux noirs plaqués sur son front. Son visage est exactement comme je l'imaginais. Il est beau. Il était beau. Je ne peux pas retirer les yeux de cette photo où je n'ai plus aucun doute, c'est bien I.N.
Les photos disparaissent de l'écran pour laisser place aux images de la mère du garçon, en pleurs, qui tape sur les portes de l'ambulance où le corps de son fils y est. Elle se fait vite stopper par les policiers qui la traînent vers un bus qui compte la ramener chez elle, en Corée du Nord.
Ma mère vient déposer sa main dans mon dos pour me caresser alors que mon regard ne quitte pas l'écran.
- Je suis désolée mon cœur, je sais qu'il comptait pour toi.
Je n'écoute qu'à moitié ce qu'elle me dit, je n'ai qu'une chose en tête.
I.N.
Lui, ses messages, sa curiosité, sa peine, son désespoir, sa détermination et pour finir, sa disparition.
