JE MARCHAIS SONGEUSE DANS LA nuit silencieuse m'entourant tel un doux manteau de tranquillité. J'avais quitté Alia quelques heures auparavant après qu'elle m'ait fait promettre de bientôt revenir la voir et de ne surtout pas l'oublier. Il faut dire que cela aurait été bien compliqué d'effacer la jeune fille de mon esprit, on ne rencontrait pas de pareils phénomènes tous les jours. Elle m'avait en plus donné une solution précieuse qui semblait convenir parfaitement à mes attentes alors c'était bien le moins que je puisse faire pour la remercier.
À quelques kilomètres du village vivait un vieux paysan complètement coupé du monde si bien que seul les quelques habitants des rues dans lesquelles vivait Alia connaissait son existence. Il ne s'approchait jamais des habitations mais la petite était convaincue que si j'allais lui proposer mon aide contre un toit et de quoi me nourrir, il ne dirait pas non. Le portrait dépeint par toute autre personne que la jeune fille aurait pu sembler morbide mais devant l'enthousiasme qu'elle avait mit dans sa description, je ne pouvais que me trouver enchantée de cette nouvelle opportunité.
Le noir se fit de plus en plus intense et je décidais de dormir quelques heures en attendant le lever du soleil. Le vieux n'aurait de tout façon que faire d'une adolescente fatiguée et bonne à rien. Je me couchai sur le bord de la route avec mon sac à dos pour oreiller et un de mes pulls sur les épaules. Pour la première fois, le sommeil me gagna vite et je m'endormis profondément exténuée par la fatigue accumulée ces derniers jours. Je serrai la fourchette qu'Alia m'avait prêtée dans ma main comme un doudou pour me rassurer. Ça ne valait certes pas Guimauve mais au moins je penserais à elle m'avait-elle dit. C'était réussit.
***
LES PREMIERS RAYONS DU SOLEIL me réveillèrent comme chaque matin depuis que j'étais partie. Je me sentais presque pleinement reposée et un sourire revint rapidement sur mon visage – chose plutôt rare au réveil chez moi. Je rangeai la fourchette d'Alia dans mon sac avant de remettre celui-ci sur mes épaules pour continuer ma route.L'horizon ne se composait que de champs et de prés dans lesquels stagnaient des vaches brunes. Au loin j'eus l'impression d'apercevoir une petite ombre pouvant s'apparenter à une habitation mais sans en être réellement certaine. Je continuais ma marche, ravie de voir que mes jambes avaient finit par commencer à s'accoutumer à cet exercice.
Les heures passaient, l'ombre s'agrandissait : je touchais au but. La perspective d'arriver me fournit l'énergie d'avancer encore plus rapidement et bientôt je distinguait réellement la silhouette d'une petite ferme entourées de quelques arbres.
Lorsque j'arrivai, le soleil était déjà haut dans le ciel. Je fis une petite pause et avalais quelques gorgées d'eau pour me donner du courage avant de frapper à la porte de l'habitation pour demander asile. Après avoir pris une grande inspiration, j'avançais de quelques pas. La porte ne possédait pas de sonnette et je dû frapper contre le panneau de bois en espérant que l'homme n'était pas devenu sourd avec l'âge.
Des bruits de pas se firent entendre à l'intérieur de la maison et je reculais un peu avant de croiser les doigts sans vraiment trop y croire. La porte s'ouvrit avec un grincement et un jeune homme apparu dans l'embrasure. Je battis deux fois des paupières pour être sûre que je ne rêvais pas. Alia se serait-elle trompée sur l'âge du locataire ou bien n'avais-je simplement pas frapper à la bonne porte ?
Le garçon plissa les yeux et me fixa un instant sans gène.
__Qu'est-ce que tu fiches ici ?
Bon, pour ce qui était de la politesse, je repasserais.
__ Heu... Et bien, vous êtes tout seul ici ?
__ En quoi ça te...
__Martin ?!
VOUS LISEZ
Sauvages
AdventureLe monde semblait bien trop se ficher des états d'âmes d'une adolescente dans mon genre. Peut-être avait-il raison ? Peut-être mes sentiments n'étaient-ils pas bien importants au fond ? Mais leurs beaux discours n'ont pu me faire préférer la société...