AU MATIN MA DECISION ETAIT prise : j'allais partir. Je n'osais demander conseil à personne quand à cette idée qui avait germé dans mon esprit de peur que l'on vienne à éteindre ce feu nouveau de détermination qui vibrait en moi ou d'être dénoncée à quelqu'un. Au lieu de remplir mon sac de mes affaires scolaires, je fis le plein de nourriture et remplis ma gourde avant de l'y placer avec quelques habits de rechange. Je n'irais pas bien loin, mais j'avais espoir de trouver de l'aide en chemin.
Zoé passait toujours trois bons quart d'heure dans la salle de bain avant de revenir dans notre chambre et je mis ce temps à profit pour préparer ma fugue. Je n'avais d'autre plan que celui de m'éloigner le plus possible de toutes habitations mais selon moi ce n'était déjà pas trop mal. Je descendit prendre un solide petit-déjeuner afin de ne pas trop entamer sur mes réserves dès le début de mon escapade. Autour de moi c'était un peu la folie comme chaque matin, tous le monde se précipitaient dans tous les sens pour retrouver ses affaires et ma mère s'en retrouvait totalement débordée.
L'heure de tous nous mettre à la porte pour ne pas que nous arrivions en retard sonna. Zoé et moi prîmes la direction de notre lycée, Nora et Mathias celle du collège et Léni monta avec papa à l'arrière de la voiture familiale pour se faire déposer tel un petit roi devant son établissement. Au loin, je vis Céline embrasser maman avant de se diriger vers l'arrêt de bus. L'année prochaine, elle prévoyait de prendre son propre appartement pour être plus proche de sa nouvelle école mais pour l'heure elle devait encore supporter les longs trajets en bus jusque là.
Une fois la moitié du trajet atteinte, je fis mine de froncer les sourcils et m'arrêtai quelques secondes.
__On peut savoir ce que tu fous ?
__Je crois que j'ai oublié quelque chose...
__Comptes pas sur moi pour t'attendre !
Zoé – fidèle à elle même – continua son trajet sans même m'adresser un regard. Pour une fois je la remerciais intérieurement de se préoccuper aussi peu de moi. Je savais que depuis toujours je faisais tâche derrière elle qui tentait par tous les moyens de briller le plus possible. Elle était sans doute l'une des plus jolie terminale de l'école et avait tout sauf besoin d'une petite sœur moche et stupide pour faire baisser sa côte de popularité. Elle me l'avait fait comprendre dès les premiers jours ; pas question de me voir traîner dans ses pattes.
Je fis demi-tour avec une lenteur insupportable avant d'accélérer le rythme jusqu'à passer devant la maison sans m'arrêter. Je pris le bus aussi loin que mon abonnement me le permettait avant de continuer mon chemin à pied. J'étais sûre que personne ne remarquerait ma disparition, du moins pas avant longtemps. Assez pour que je puisse fuir et ne plus jamais revenir. Le décor changea rapidement alors que la grande ville laissait place à un petit village.
J'ai jeté mon téléphone dans un ruisseau. Le geste était beau, une genre de scène de film quand l'adolescent pète les plombs, dit que la vie c'est de la merde puis déprime. Mais j'ai tout gâché en allant le repêcher. Regrettant un peu mon geste et surtout m'ayant pas envie de polluer la planète. Je m'en voulais d'avoir détruit ce petit bijou technologique qui n'avait rien demandé et que les parents avaient payé bien cher pour mon 17 ème anniversaire. J'aurais du le léguer à Nora la numéro 6, elle qui en rêvait depuis si longtemps.
Le téléphone ne se rallumait plus. Je ne savais pas exactement en quoi cela m'avait servit d'appuyer sur le bouton du démarrage alors que j'étais pertinemment au courant qu'il était mort. Je devais être dans la phase du déni par rapport la mort de mon engin, peut-être aussi toujours pour celle d'Hadrien.
J'ai repoussé l'objet dans la poche arrière de mon pantalon et continué ma route. Mon cœur était étrangement attaché au petit boîtier, du moins plus qu'il ne le devrait mais au moins grâce à cela plus personne ne pourrait me retrouver en localisant mon portable. J'allais pouvoir disparaître. J'allais pouvoir être libre.
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Sauvages
PertualanganLe monde semblait bien trop se ficher des états d'âmes d'une adolescente dans mon genre. Peut-être avait-il raison ? Peut-être mes sentiments n'étaient-ils pas bien importants au fond ? Mais leurs beaux discours n'ont pu me faire préférer la société...