10. Alia me kidnappe

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DEUX HEURES DU MATIN, c'est l'heure que m'annonça la voix venue me sortir du sommeil au milieu de la nuit. Je me réveillai en sursaut. Autour de moi, le noir régnait en maître. Je battis plusieurs fois des paupières pour que mes yeux s'habituent à l'obscurité avant que la lumière d'une lampe torche ne viennent subitement les agresser, déstabilisant une nouvelle fois ma vision.

__Oh pardon !

La lampe se dirigea vers le sol et je pu enfin apercevoir le visage demon interlocutrice : Alia. Une joie soudaine m'envahit brusquement. Je me redressai et serai instinctivement la gamine dans mes bras. C'est que ça allait devenir une habitude !

__Alia bon sang, que fiches-tu ici ?

Une fois cette vague de bonheur passée, la réalité me rattrapa bien vite. Cette situation n'était pas normale, quelque chose clochait. Et ça ne me disait rien qui vaille. La petite ne perdit pourtant pas son sourire, loin de là. Elle semblait fière de ce qu'elle avait manigancé ce qui n'était une fois de plus pas pour me rassurer. J'avais beau l'adorer, je n'étais pas certaine de pouvoir lui faire confiance.

__Je suis venue te chercher !

La façon dont elle m'annonçait cela semblait on ne peut plus naturelle comme si elle me passait le beurre ou me saluait dans la rue. Il était vrai que venir chercher les gens en pleine nuit pour les emmener dieu sait où c'était le quotidien de nombreuses personnes ! Pourquoi donc étais-je entrain de me poser des questions ? Je soupirai un instant avant d'observer Alia plus attentivement. Elle portait un gros sac sur son dos qui semblait remplit à craquer et était habillée de façon à partir en expédition sur l'heure. Je compris qu'elle était tout à fait sérieuse.

J'avais peur de brusquer la petite en répondant par un refus sans possibilité de négociation. J'étais bien placée pour avoir compris que sa santé mentale était plus que fragile et je n'avais pas le moins du monde envie d'avoir son traumatisme sur la conscience.

__Écoute Alia, je suis bien moi ici, c'est un super chouette endroit et je te remercie vraiment de me l'avoir indiqué mais tu comprends ; je n'ai pas envie de le quitter.

Elle hocha la tête de bas en haut avec une expression de compréhension totale sur le visage.

__Moi non plus je n'avais pas envie ! Mais il faut partir maintenant, je t'assure !

Je fronçais les sourcils. Que voulait-elle donc me faire comprendre ?

__Pourquoi tu veux partir ?

__J'aime plus ma maman.

Elle répondit du tac au tac alors que la surprise me gagnait soudainement. Au vu de ce que m'avait raconté Hector au sujet de la petite, ce n'était vraiment pas étonnant que celle ci essaie de fuir sa mère, il y avait autour de cette famille quelque chose de terriblement malsain sur lequel je n'arrivais pas à mettre le doigt.

__Je peux comprendre Alia, mais tu sais, ça va s'arranger, j'en suis sûre, c'est juste un petit moment difficile à passer et puis tout s'arrangera, tu verras !

J'avais la désagréable impression de lui mentir. Elle devait l'avoir sentit aussi car son visage ne se décrispa pas de moins du monde. J'aimais mieux la voir sourire.

__Je fais comme toi, Noah ! Je fugue ! Tu ne vas pas me ramener à maman hein quand même...

L'angoisse prit soudain le dessus sur ses trais. Elle venait de toucher un point sensible. N'aurait-ce donc pas été hypocrite de ma part que de lui interdire cette fuite qui m'avait été permise ? Elle aussi aurait pu me dénoncer avec une facilité déconcertante à la police et je ne serais pas ici. Quelque part, je lui devais une fière chandelle.

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