NOUS NOUS SOMMES ARETEES pour la nuit sur le bord d'une petite route. Ça faisait tellement du bien de dormir au chaud dans un sac de couchage que j'en oubliais le terrible manque de la douceur du matelas de Tina. J'étais heureuse d'avoir retrouvé Alia, les étoiles brillaient doucement dans l'obscurité et je trouvais cela presque magique. J'avais perdu toute notion du temps, je ne savais même plus quand j'étais réellement partie mais j'espérais tout de même que mon regard puisse croiser une étoile filante pour pouvoir faire un vœu. La petite brune en vit une et la pointa du doigt en ouvrant de grand yeux mais elle avait déjà disparu.
Fermant les yeux, je m'imaginais ma propre petite étoile dans le ciel de mes pensées. Je souhaitais de tout mon cœur que Martin soit heureux. C'était mon vœu. Ça me semblait étrange de penser à lui dans une pareille situation mais ceux qui je pouvais appeler « amis » se comptait sur le bout de mes doigts et je n'avais pas envie qu'il souffre à cause de moi. Ce n'était rien de très arrogant, j'avais juste le sentiment qu'à sa place j'aurais été fort triste et déçue, sans doute l'étais-je d'ailleurs un peu ou me trompais-je complètement sur son compte. De toute façon, il n'était plus temps de se poser ce genre de questions.
Alia tourna son visage vers moi et me sourit. Je lui rendis la pareille comme je pu malgré la tristesse de mes pensées en cet instant.
__ Je suis contente que tu sois venue avec moi, Noah !
Elle me l'annonça sans passer par quatre chemins et une nouvelle fois j'appréciai toute son innocente spontanéité. Ça faisait du bien de voyager avec elle, beaucoup de bien. Elle bailla comme un bébé avant de fermer les yeux.
__ Moi aussi, je suis contente d'être venue, Alia.
Je lui chuchotais avec sincérité en espérant qu'elle n'ait pas déjà rejoint le pays des rêves. Je m'endormis bien vite à mon tour en espérant que l'aventure puisse continuer aussi belle que jusqu'alors. J'avais l'impression de ne plus regretter du tout d'être partie.
***
LE SOLEIL BRILLAIT DOUCEMENT dans le ciel, je me réjouissais qu'il n'ait pas plut cette nuit. Chez Hector, il y avait eu quelques orages et j'avais été bien heureuse d'être au chaud à l'intérieur mais ici, j'étais à nouveau exposée à la météo et ses méchants caprices. De plus, si Alia ou moi tombions malade, ça n'allait vraiment pas être une partie de plaisir.
Mais, la petite était à milles lieues de toute forme d'affaiblissement. Elle semblait plus joyeuse que jamais et ne cessait de courir partout. Je la regardais faire sans rien dire en espérant qu'elle ne s'épuise pas trop vite. Nous marchions toujours au hasard sans trop savoir où aller, espérant nous éloigner le plus possible de nos racines presque inconsciemment. Avancer était une belle image. Les heures passaient et la motivation d'Alia ne faiblissait pas le moins du monde, elle ne me ralentissait pas mais me poussait – au contraire– vers l'avant. Elle était avide de découverte et me faisait retrouver une flamme d'envie que le monde avait presque réussit à me faire oublier. Je brûlais comme lorsque je m'étais enfuie, de cette flamme de désir aspirant à quelque chose de meilleur. Une nouvelle fois l'envie d'être actrice de mes jours me prenait à la gorge.
Nous fîmes une pause sous un arbre et la petite grimpa sur mes épaules pour chiper deux pommes. Par ici, il n'y avait plus que des vergers et des champs à perte de vue, ça faisait du bien d'être juste nous deux, simplement au milieu du rien. Nous mangeâmes et bûmes un coup avant de nous asseoir quelques instants. Nous avions peu dormi et déjà bien marché.
Soudain, un nouvel événement apparut dans le décors. C'était une silhouette qui avançait péniblement vers nous comme si chacun de ses pas le faisait atrocement souffrir. Nous restâmes là, à la regarder avancer, hésitant à lui venir en aide ou à décamper le plus vite possible. Ses contours se précisèrent bien vite, c'était un homme adulte. Alia, n'y tenant plus, couru dans sa direction et je fus obligée de la suivre en jurant entre mes dents. Cet inconnu ne me disait rien qui vaille. La petite tourna quelque fois autour de l'homme afin de l'analyser à sa façon et puis lui tendis la main.
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Sauvages
AdventureLe monde semblait bien trop se ficher des états d'âmes d'une adolescente dans mon genre. Peut-être avait-il raison ? Peut-être mes sentiments n'étaient-ils pas bien importants au fond ? Mais leurs beaux discours n'ont pu me faire préférer la société...