Chapitre 10

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Je me réveillai doucement. La lumière du jour éclairait doucement la pièce, et je me rendis compte que j'avais dormi sur le canapé. Le son d'une musique entraînante des années 80 résonnait sur les murs, et une odeur alléchante parvint à mes narines. Je me levai doucement. Je repoussai une couverture qui semblait avoir atterri sur moi de je ne sais d'où, et me dirigeai vers la cuisine. Dos à moi, un garçon était penché, la tête dans le frigo.

Je m'approchai de lui, un peu timidement. J'étais habillée de la veille, mes cheveux devaient être emmêlés, et j'avais encore les yeux endormis, ce n'était pas vraiment ainsi que j'espérais rencontrer mes nouveaux colocataires. J'ouvris un placard pour prendre de quoi mettre le couvert, et, au moment où je passai vers lui pour aller vers la table, il se releva. Lorsqu'il me vit, il ne sursauta même pas.

Une paire d'yeux bleus perçants me contempla comme si j'étais une sorte de mystère à résoudre. Je lui rendis son regard, le menton levé. Il passa sa main dans ses cheveux bruns, puis me la tendit:

"Salut Cendrillon, furent les mots qui sortirent de sa bouche, prononcés d'une voix sensuelle.

-Je m'appelle Mia, lui répondis-je d'une voix sèche.

-Je sais. On s'est eus au téléphone, quand tu voulais parler à Noé, l'autre fois.

-Ah. Et t'as un nom, monsieur je n'ai rien d'autre à faire que de donner des surnoms débiles à une inconnue qui vient de se réveiller? Demandais-je, un peu courroucée par la masse de confiance en soi qui exsudait de lui si tôt le matin. Il ne pouvait pas avoir la tête dans le *** comme tout le monde, franchement !

-Je m'appelle Bond. James Bond, fit-il, en me regardant droit dans les yeux, avec assurance, un sourire aux coins des lèvres.

J'éclatai de rire.

-Et bien monsieur Bond, votre mission, si vous l'acceptez, sera de m'aider à préparer le petit-déjeuner, dans l'espoir de remplir les ventres de vos camarades.

Il sourit, et une étincelle passa dans ses yeux, vite remplacée par une expression de nonchalance étudiée. Il se rapprocha de moi:

-Si tu regardes l'heure, tu verras que c'est plutôt le déjeuner qu'il faut préparer. Tu as dormi longtemps, poursuivit-il.

Il me faisait penser à un prédateur. Ses yeux semblaient guetter le moindre de mes mouvements, et les siens étaient contrôlés, calculés. Il s'approcha de moi, nos corps n'étaient plus qu'à quelques centimètres.

Comme d'habitude, je ne réfléchis pas, et fis ce qui me passait par la tête. Je n'étais pas très tactile, et mal à l'aise avec les contacts humains, j'étais donc gênée de notre proximité. Du coup, je me penchai à sa gauche, et soufflai dans son oreille. Il fit une tête exquise, à mi-chemin entre la surprise et la grimace. Je ris, amusée par l'expression inédite de son visage.

"Pourquoi tu as fait ça?

Sa voix grave me fit sortir de mes pensées.

-Je ne sais pas. Je ne suis pas obligée de justifier chacun de mes actes non plus, dis-je.

Il m'observa.

-C'est vrai. Mais il faut que je te pose une autre question.

-Laquelle? Demandais-je.

-Ce qu'on va faire à manger, bien sûr.

Je gloussai. Je m'attendais à une question sérieuse, et il me sortait une bêtise.

-Alors tu vas sortir... Dis-je d'une voix pensive, le doigt sur la bouche et le regard au loin, mimant une intense réflexion. Puis d'un coup, j'haussai le ton et prit une voix autoritaire, en parlant vite: unverred'eau unepâteàpizza unefourchette unplatquivaaufour dujambon dufromagerapéetdestoastinettes del'origan, et fissa!

Un silence s'installa. Il me regardait, impassible. Puis son regard changea, il leva la tête comme si un public nous observait d'un peu plus haut. Il s'approcha de moi, et parla tel un présentateur, un bras levé comme s'il tenait un micro:

-Ceci est une question de la plus haute importance. Et oui mesdames et messieurs, tout le monde n'a qu'une question à l'esprit: qu'est-ce qu'une toastinette?

Une fois de plus, il m'avait prise de cours. Il avait un air sérieux, et pourtant ses paroles ne l'étaient pas. Pas du tout. C'était rafraichissant.

-Sans vouloir vous vexer monsieur, vous êtes un inculte. Vous ne connaissez même pas le vocabulaire de la planète Mia.

Je pris la voix des explications dans les émissions à la télé, comme une maîtresse expliquant à son élève : une toastinette est une tranche de fromage, de préférence au cheddar/emmental, qu'il faut choisir de type hamburger et non pas croque-monsieur, pour plus de goût, destinée à être placée dans la pizza, et à fondre grâce à la chaleur, donnant donc du moelleux à la recette.

Il pencha la tête sur le côté, me regardant toujours avec ses yeux bleus foncés.

-Merci de m'avoir éclairé de vos lumières. Mais il m'est apparu que vous étiez tout à fait à même de préparer cela toute seule, je vais donc vous laisser vous débrouiller.

Et il partit. Je pris mon chausson et lui lançai dessus.

-Le machisme c'est mal! Hurlais-je.

Je soufflai. J'avais des sentiments mitigés envers cet Apollon aux yeux bleus, mais j'étais surtout curieuse. Sa façon de se comporter me donnait envie d'en savoir plus. J'étais déjà très curieuse de nature, forcément, il m'avait alléchée.

Alors des réactions à chaud?  Vous en pensez quoi de la petite Mia?

Mia Soresen : Le commencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant