Chapitre 6

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Le lendemain, Mia fut réveillée par les coups de heurtoir de la porte d'entrée. En regardant l'heure qu'affichait son réveil, elle laissa échapper un juron. Elle était en retard pour son premier rendez-vous.

Elle enfila un sweat, un pantalon, et descendit les escaliers en chaussettes, tout en essayant de se faire une queue de cheval. Elle ouvrit la porte, et tomba, essoufflée, sur un homme d'une quarantaine d'années, au visage tanné par le soleil, et à l'air aimable. Une camionnette blanche était garée derrière lui, avec un jeune d'une vingtaine d'années, qui, au vu de la ressemblance de ses traits avec ceux du premier homme, devait être son fils. Elle sourit à l'homme.

"Bonjour. Je m'appelle Pierre. Vous m'avez appelé hier, pour votre façade.

-Oui bien sûr, répondit Mia. Je suis désolée, mon réveil n'a pas sonné. Vous voulez un café ou quelque chose? Je vous ferai le chèque de la moitié de la somme, comme on avait convenu."

L'homme acquiesça, fit signe à son fils, qui les rejoignit, et ils allèrent dans la cuisine.

"C'est une magnifique maison que vous avez là mademoiselle, dit Pierre.

-Oh oui! Mais elle ne m'appartient pas, elle est à l'un de mes amis. Il est en vacances, et je me suis proposée pour superviser les travaux en son absence. "

Ils discutèrent un peu, puis ils partirent faire leur travail. Après cela, elle prit une douche rapide, s'habilla un peu mieux, et fut pile à l'heure pour son deuxième rendez-vous. Elle enchaîna les rendez-vous toute la journée : peintre, électricien, maçon, vitrier... Lorsque les ouvriers finirent leur journée, la laissant seule, elle s'écroula sur le canapé.

Elle eut seulement la force de fermer les nombreuses ouvertures de la maison, de se faire une soupe avec une tartine de pain et une compote, regarda une comédie qui passait à la télé, COPS, les forces du désordre, et finit par s'endormir sur le canapé avant la fin du film.

Pendant ce temps, les garçons étaient en compagnie d'Alicia et Émily, et jouaient aux cartes. Ils venaient d'entamer une partie de poker, lorsque le téléphone de Loan sonna.

"Allo? Fit-il.

-Bonjour mon ami, lui répondit une voix froide.

-Qui êtes-vous?

-Oh, tu sais qui je suis. Je suis votre connaissance la plus intime, chère meute, lança l'homme, d'un ton menaçant.

Loan gronda:

-Sacha.

À l'entende de ce nom, les conversations de ses amis cessèrent, et ils se tournèrent tous vers lui.

-Comment osez-vous nous appeler? Cracha-t-il, mettant le téléphone sur haut-parleur.

-Bonjour tout le monde, répondit Sacha. Mon petit doigt m'a dit qu'une charmante jeune femme occupait votre maison. Je présume donc que vous la connaissez.

-Laissez là en dehors de tout ça, intervint Noé, les yeux assombris par la colère. Elle n'a rien à voir avec tout cela.

-Actuellement, elle est endormie sur le canapé, devant la télé. La pauvre, elle s'est tellement surmenée aujourd'hui qu'elle a oublié de fermer le volet en face d'elle. Elle m'a offert le café, vous y croyez? Bien sûr, elle croyait que j'étais l'ouvrier que je prétendais être. Si elle avait su la vérité, je doute qu'elle m'ait offert un de ses magnifiques sourire, n'est-ce pas?

Noé avait les poings serrés, une expression de colère sur le visage. Étant celui qui connaissait le mieux la jeune fille, il était le plus touché. Mais tous les autres étaient aussi sur les nerfs. Le visage de Loan était fermé, et on pouvait presque entendre les rouages de son cerveau tourner. Mathis faisait les cent pas à côté de la table. Émily jouait avec ses mains, et les tordait dans tous les sens. Alicia, quant à elle, laissait ses jambes frémir d'impatience sous la table et avait le regard posé sur le dernier de la bande, qui avait le visage de marbre et le regard d'une froideur extrême. Chacun réagissait à sa manière à cette menace, songea-t-elle.

-Mon fils Noah m'accompagnait, reprit la voix à l'autre bout du fil. Il m'a fait part de son attirance pour la jeune demoiselle. Il serait regrettable que je le laisse assouvir ses pulsions, vous ne pensez pas?

-Qu'est-ce que vous voulez? Cracha Loan.

-C'est très simple. Je veux qu'elle n'apprenne jamais la vérité sur vous. Voyez-vous, cette jeune femme fait remuer les squelettes dans les placards des plus hautes sphères. Il semblerait que l'accident l'ayant amenée dans votre manoir ne soit pas, disons, le fruit du hasard.

-Comment ça ? Dit Loan.

-Tututut. Nous sommes loin d'être amis, je ne vais pas non plus vous livrer des informations sensibles. Je peux juste vous dire que quelqu'un protège cet enfant, de tellement plus puissant que moi que mes supérieurs en sont effrayés. Je voulais vous donner une petite leçon, mais on m'a gâché mon plaisir. Alors je viens distiller chez vous le poison de la méfiance, comme j'aime le faire. Après tout, vous ne l'avez jamais rencontré cette jeune femme, vous ne la connaissez donc pas vraiment." Et sur ce, la communication fut coupée.

Mia Soresen : Le commencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant