𝗜.𝗜𝗩

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"Je suis ni un tueur, ni un survivant."


La guerre avait donc commencé entre Xilian et Eldor. Rien ne semblait pouvoir les arrêter. Wurdirsch, allié d'Eldor depuis des décennies et formant ensemble la célèbre Puissance de Ghalorn, entra en guerre contre l'ennemi quelques jours après le début des combats. Le royaume d'Aldegan ne s'engagea aux côtés de personne, il était connu que le roi d'Aldegan avait pour politique de ne pas se mêler aux affaires étrangères. Les bombardements avaient cessé peu de temps après leur commencement, les conflits se poursuivaient dans l'océan pacifique où les avions des uns et des autres se détruisaient. Des soldats furent envoyés sur les bases navales, s'en allant coloniser les points clés pour les États : le pétrole. Ce fut alors une lutte sans merci qui commença. Une énorme bataille navale entre hommes politiques, plaçant des avions, des bateaux mais surtout des personnes comme ils auraient placé des pions. C'est sur cet immense échiquier que se dessinait le destin du monde.

Encore une fois, le Président et les médias ne laissaient que très peu d'informations fuiter. Le peu qu'on en savait était diffusé sur les réseaux sociaux. Elles y étaient nombreuses mais souvent fausses, si bien que les quelques mots justes se perdaient au milieu d'une masse de fake news. De plus, Internet avait été privatisé par chaque état. Un Eldien ne pouvait donc avoir accès qu'aux données partagées sur Eldor, tout comme les autres états. Il était bien sûr possible d'accéder aux autres Internets mais il s'agissait d'une tâche premièrement compliquée, deuxièmement illégale.

Nour avançait péniblement dans un épais brouillard, ne parvenant pas à démêler le vrai du faux. Elle lisait un tas de commentaires, de témoignages, d'articles étranges. Mais elle ne comprenait plus grand-chose. Elle avait un peu l'impression de se perdre, ça tournait presque à l'obsession alors qu'elle voulait au contraire essayer de vivre normalement, le plus loin possible de ce drame qui se dessinait à l'horizon.

Petit à petit, son lycée se vidait lentement. Certains déménageaient à la campagne avec leur famille, cherchant un peu de sécurité. D'autres familles restaient terrées chez elles, se sentant protégées ainsi. Certains passaient leur temps à sécher les cours et à faire la fête. Si la vie s'arrêtait demain, elle aurait au moins eu le privilège d'être vécue. Puis, à quoi pouvait bien servir l'école si il n'y avait plus de futur? Certains professeurs partaient aussi, les emplois du temps et les classes étaient réduits.

Nour et ses frères continuaient d'y aller, elle allait d'ailleurs décrocher son diplôme et redoutait le jour où le lycée serait terminé pour elle. La jeune fille n'avait jamais vraiment apprécié l'école mais aujourd'hui, c'était un moyen pour elle de se laisser croire que tout allait bien, que tout était normal, un moyen de ne pas rester seule avec ses pensées. Sa chambre semblait les renfermer comme une vieille boîte cadenassée. Dehors, au lycée, elle avait à nouveau l'impression de respirer. Mais elle était surtout soulagée de retrouver Opal et Jed. Lorsqu'ils rentraient avec elle, cette chambre, ancien refuge transformé en prison, redevenait accueillante. C'était dans ces moments-là qu'elle se sentait chez elle. Le temps semblait s'être stoppé, avant, bien avant toutes ces histoires. Avant la violence et la peur. En fait, il s'était stoppé avant qu'ils ne grandissent. Avant tous les problèmes. Lorsqu'il n'y avait que Jed, Opal et Nour. Le JON, surnom donné par leurs familles qu'ils s'étaient traîné pendant des années. Mais ils avaient fini par l'apprécier. C'était original. Et drôle. Alors ils l'avaient gardé. Ils avaient d'ailleurs tous les trois un tatouage "J O N", offert par leurs parents pour noël. Celui de Nour se dessinait sur le côté de son poignet gauche, celui d'Opal venait décorer sa nuque alors que celui de Jed était réparti sur les trois derniers doigts de sa main gauche, une lettre par phalange. Finalement, ils n'étaient que des enfants, que ces trois lettres insignifiantes.

𝗟𝝠 𝗧𝗛𝗘́𝝝𝗥𝗜𝗘 𝗗𝗨 𝗖.𝗛.𝝠.𝝝.𝗦.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant