Chapitre 2

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Pour faciliter la lecture je me dois d'expliquer certaines choses :

- écriture en italique :  pensées personnages ou noms.

-  "*** " : ce symbole marque une ellipse ou  un changement de personnage. (la narration change au début de l'histoire, en effet un nouveau personnage parle).



Je me sens sale, sale comme si j'étais enduit d'une mélasse informe et visqueuse, sale comme si le lourd fardeau du crime et de la culpabilité s'était abattu sur mes épaules, d'un seul coup, aussi furtif qu'inattendu. Quel crime ai-je commis me diriez-vous ? De quel péché ma pauvre carcasse fatiguée a telle fait figure ? je ne puis répondre à de telles accusations...je n'en avait tout simplement pas le choix. Quel sort irrévocable m'attends ! Le bourreau et déjà prêt, sa hache à la main, prêt à me faire payer le prix d'une misère passée...

                                                ***

Assit sur un tabouret, Neelson détailla la vielle marchande installée derrière la petite table qui lui faisait face. La savante lui contait son histoire depuis bientôt plus d'un quart d'heure :

 - "Comment va ta mère ? je n'ai eu l'occasion de voir la petite Eleanne que deux ou trois fois, à l'époque ou ta grand-mère vivait encore dans la contrée. Je me souviens encore du jour où une jeune femme est entrée paniquée dans ma boutique...mon ancienne boutique, dans le nord du pays. Elle était grande, assez fine mais ayant l'air forte, ses cheveux sombres tombaient en cascade jusqu'à sa taille, des boucles comme des ressorts volaient lorsqu'elle se mouvait. Mais ce qui m'a heurté tout de suite, ce sont ses yeux, soulignées par une peau de bronze, ses yeux dorés luisaient dans la lumière du soleil couchant, on aurait dit des joyaux. On pouvait y lire une grande force de caractère mais aussi une inquiétude immense.Elle tenait dans ses bras un petit nourrisson, qui ne devait pas avoir plus de deux lunes. Hormis la forme des yeux et de la bouche, les deux personnes n'avaient aucun point commun. L'enfant était blond, avec des yeux d'un bleu presque azur et une peau très pale. La petite Eleanne dormait dans les bras de sa mère, pelotonnée dans des couvertures."

L'odeur d'infusion de plantes flotta jusqu'aux narines du jeune homme, lui rappelant la présence de ce bol de boisson qui tiédissait dans sa main depuis le début de la conversation. Neelson prit une gorgée de tisane puis invita la vielle femme à continuer son histoire : 

- "Que ce passait il ? Pourquoi était-elle paniquée ?

- Eh bien, la petite fille était malade, Idna avait besoin de remèdes pour faire baisser sa fièvre. Bien sûr en tant que guérisseuse elle savait exactement ce dont elle avait besoin elle n'avait qu'à me demander...mais elle était poursuivie, par un homme et il voulait l'enfant.

- Pourquoi voulait-il ma mère ?

- Cet homme était dangereux, une infame pourriture obnubilé par la fortune, mais c'était aussi ton grand père."


                                                ***

Neelson referma la porte de la petite boutique. Levant les yeux vers le soleil qui se couchait derrière les immeubles, il sentit la douce brise apporter l'odeur de l'océan jusqu'à ses narines. En soupirant il décida de rentrer, cela faisait déjà plusieurs heures qu'il était entré dans la petite boutique de la vielle antiquaire.

Resserrant son emprise sur le sac qu'il tenait contre sa poitrine, il s'avança sur la rue pavée s'efforçant d'éviter les flaques de boue sans heurter les passants qui se faisaient de plus en plus nombreux.

Le jeune homme longea la petite ruelle qui débouchait sur le port. En passant devant un barbier, Neelson hésitât, ses cheveux lui arrivaient déjà en dessous des épaules et les mèches les plus courtes tombaient maintenant devant ses yeux. Secouant la tête il se remit en route, non, il n'avait pas le temps, il était déjà très tard, Léo l'attendait déjà depuis pas mal de temps.

En tournant après le salon de coiffure, le jeune homme s'engagea dans une rue dont l'odeur de poisson se rependait dans tous le port. Une corniche présentait la mer en contrebas, ce lieu aussi surprenant qu'indomptable. On ne se dirige pas dans l'Océan, on se laisse emporter par le courant. 


Neelson enjamba les quelques marches qui le séparaient du quai, d'un pas rapide il se dirigea vers les marchands du port. Plusieurs étalages étaient garnis de fruit ou de poisson. Cette partie de la ville était fortement fréquentée, aussi bien par des navigateurs, des pirates ou même de simples citadins.

Plusieurs bateaux de pêche étaient amarrés devant le jeune homme, suivi de quelques vielles épaves flanquant d'énormes navires majestueux dont les voiles flottaient au grès du vent. De vertigineux mats finement ornés se distinguaient nettement sur le soleil couchant.

Cet endroit était la place phare de la ville, c'est ici que l'on peut trouver un poisson frais et de qualité ainsi qu'un bon nombre de services pour un faible prix. Des enfants courraient ici et là, des femmes assises sur des bancs causaient entre elles et des villageois discutaient le prix de marchandises.

A Sea Breeze Port, les différentes classes sociales mettent leur différents de côté : pirates, habitants et même navigateurs marchandaient et vivaient en harmonie. Tout le monde est le bienvenu dans la ville, étrangers, nobles ou pauvres.

Plissant les yeux, le jeune homme scruta ce tableau a la recherche de silhouettes familières. Puis se dirigea vers un étalage de fruits dont les figues parfumaient l'air ambiant s'ajoutant à l'odeur rafraichissante d'iode et aux senteurs de fin de journée.

Une silhouette forte et imposante projeta une large ombre au-dessus de Neelson, une main se posa sur son épaule, en sursautant le jeune homme se retourna. La main devant ses yeux pour se protéger du soleil couchant, Neelson reconnu l'homme qui se tenait devant lui ; avec sa haute stature et sa peau foncée, Castain intimidait tous ceux qu'il rencontrait.

Il était doté d'une force physique étonnante ; tout fait de muscles puissants, il faisait partie de l'équipage du Meghinia. Seuls ses yeux d'un vert perçants illuminaient son visage, le côté droit de celui-ci était encadré par plusieurs cicatrices blanchâtres infligées lors des rituels sacrés.

Elles avaient la forme majestueuse d'un arbre. Les racines se dessinaient au niveau de son cou, le tronc remontait jusqu'au haut de sa joue gauche avant de se diviser en branches épars autour de son œil couleur vignes.

L'arbre, symbole de sagesse.

Castain était vêtu d'une simple chemise blanche usée surmonté d'un gilet en peau de veau, un pantalon en toile bon marché ainsi qu'une paire de bottes en cuir. Il portait un panier remplit de fruit au bout de chaque bras. Il avait le regard rivé sur des prunes dont les couleurs variaient du jaune au violacé, semblant hésitant.

- Devrions-nous en profiter ? La saison est bonne cette année. Formula Castain sur un ton calme comme à son habitude.

- Je pense que ça ne serait pas une mauvaise idée, nous allons en faire de la confiture.

Ce sont les bras pleins de nourriture que Neelson et Castain arrivèrent sur  Le Meghinia. L'équipage s'étant dispersé en fin de matinée, le pont commençait peu à peu à retrouver son fracas si familier, brisant ainsi le doux silence de l'après-midi. 

***

Ps :Le Meghinia se prononce "Merinia". 


Neelson ATLASOù les histoires vivent. Découvrez maintenant