JAYL

23. Nightmares...

C'était un de ces soirs là. Celui où je faisais un cauchemar et ce n'était pas vraiment nouveau. Il y avait ces images qui restaient dans ma tête. À force mon cerveau les avaient imprimées au millimètre, une sorte de film qu'on me forçait à regarder. Je voyais Yann, se donner la mort mais aussi celle de Leïa par la même occasion. Cette dernière en profitait pour me traiter d'incappable. Dans toute cette scène j'étais impuissant, j'étais debout mais mes jambes étaient cloués au sol. Même si je le détestais pour ce qu'il m'avait fait je m'en voulais d'avoir laissé Yann dans de telles circonstances. Ça me hantait. Ça me hantait car il avait raison. J'avais l'impression d'avoir tout détruit une fois de plus. Pourquoi j'étais si catastrophique ?

Il n'y avait pas que mon ami qui venait il y avait les souvenirs de la prison. Le problème c'est que je mourrais à chaque fois et que mon cerveau pensait à tout. À ma famille plus particulièrement. Que ferait Taylor et Leïa si je n'étais plus là ? Elles m'oublieraient et je ne serai qu'un souvenir. On se souviendrait de moi avant de m'oublier et puis il n'y a pas grand chose à retenir de moi, je ne suis pas un model.

Je me lève du lit vérifiant que la brune dort à poing fermé et je me passe de l'eau sur le visage. On dirait un chef d'entreprise qui ne dort que deux heures par nuit. Mes yeux sont encerclés de deux marques foncés prouvant mon manque de sommeil et mes traits du visage sont eux aussi fatigués.

Mon second réflexe est de regarder si Taylor est toujours là. C'est ce genre de peur que j'ai constamment, je ne veux pas qu'elle disparaisse. Après avoir fait mon tour de garde je pars vers le balcon pour fumer, ça me decompresse et c'est ce qu'il me faut maintenant.

Leïa n'est pas au courant de tout ça mais je ne veux pas le lui en informer. Elle aussi n'a pas aimé son passage en prison et je ne veux pas la traumatisé plus qu'elle ne l'est avec les derniers événements. La brune a besoin d'une vie calme, il ne faut pas que je rende la chose détestable une fois de plus.

Je relève le regard de la route à quelques mètres, laissant le silence se dissiper pour finalement planter mes iris dans celles de Leïa. C'était sûr... Elle a dû m'entendre. Il faut que j'arrive à ne plus faire de bruit en sortant du lit. Je tourne le regard faisant tomber l'excès de cendre de ma cigarette dans le cendrier.

- Pourquoi tu t'es levé ? demande-elle en s'approchant, croisant ses bras dû à la chaleur

- J'avais envie d'une clope.

- À quatre heure du matin ? T'as pas plus mauvais comme excuse ?

Elle s'assoit a côté de moi me fixant avec ce visage inquiet. Leïa arrive bien à discerner mes mensonges maintenant. Sa main passe dans mes cheveux pour les arranger tout en me souriant. Ça a le pouvoir de me calmer en quelque sorte. Elle sait exactement comment me parler. Son bras passe autour de mon cou, sa tête se pose sur mon épaule et pour me pousser à parler plus que tout au monde sa main restante caresse mon corps. Ça, ça détend plus que n'importe quoi.

- Je réfléchis.

- À quoi ?

- Toi, moi. Nous. Et puis j'arrête pas de penser à la prison, comme si j'allais finir la bas. Imagine si dans cinq ans j'y suis encore mais pour vingt ans.

Sa main enlace celle que j'ai de libre et ses lèvres viennent toucher ma joue en toute délicatesse.

- Tu n'as aucun souci à te faire. Je sais ce que ça fait. Jay t'as changé j'en suis persuadée alors ne t'embrouilles pas avec ces conneries. Profite un petit peu. C'est un souvenir ça ne se passera pas. Je suis là, on est là.

- Si je meurs, tu feras quoi ?

Cette question à l'air de la prendre de court. Il faut aussi que j'apprenne à être plus doux dans mes paroles. Je manque de tact...

- Je... Je continuerai de t'aimer et puis je me chargerai de Taylor.

- Il est là le problème, je veux que tu refasses ta vie si je ne suis plus là. Leïa il ne faut pas que tu restes seule, ni Taylor.

- Mais tu ne vas pas mourir ! T'as vingt neuf ans et puis t'as arrêté ton "Travail à haut risque". Il faut changer de livre.

Je lui souris avant de terminer ma cigarette et de la mettre dans le cendrier. Elle a sûrement raison, mais je n'arrive pas à profiter. C'est ça être ou devenir responsable : faire passer les gens qu'on aime avant soit. Je m'en fiche d'être heureux tant que elles, elles le sont. À force je deviens paranoïaque, imaginant le monde d'une toute autre façon. Celui où chaque personne est une menace. Je la rapproche de moi avant de lui embrasser le crâne, j'ai besoin d'elle et de Taylor plus que tout au monde.

- J'aime beaucoup cette chemise de nuit. Même si je suis sûr que tu serais mieux sans.

- Moi je suis sûre d'être fatiguée et de vouloir aller me coucher. Évite d'avoir envie de choses farfelues à quatre heures la prochaine fois.

Elle se lève et je la suis avant de me glisser avec elle dans le lit. C'est compliqué. Personne ne m'a appris à être un bon père, ou un homme exemplaire. Je ne sais ni comment on doit gérer une famille et un enfant ni comment faire pour être un bon compagnon. Avec des parents ensemble comme ceux de Leïa on doit être entraîné, mais sans parents c'est une toute autre histoire. C'est la chose qui m'a fait le plus mal dans ma jeunesse : que personne ne veuille de moi. C'est sûrement pour ça que j'ai une peur aveugle de la solitude, je n'aime pas ça.

Il faut juste que j'apprenne à vivre sans vouloir voir l'avenir. Sans vouloir prévoir ce que ma vie va devenir et si oui ou non mon rôle sera remplie à la perfection. Chaque chose doit être faite et pensée à un instant précis et non dix ans à l'avance. Il faut partir du fait que mon rôle est de loin rempli. Partir défaitiste c'est une mauvaise idée.

- Bonne nuit.

Je ne réponds pas, me contentant de lui faire un bisou sur l'épaule. Leïa à raison, elle est là et Taylor aussi. L'ancien livre doit être brûlé pour en réécrire un nouveau, je ferai en sorte de le rendre le plus beau qui puisse exister même si ça sera sûrement difficile par moment.

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Un vote ?

C'est le seul chapitre qu'il y aura avant dimanche prochain je pense, je suis en plein rush (oraux blancs, contrôles, dst), bref j'ai la tête remplie de formules mathématiques.

J'espère que ce petit chapitre vous a plu. On arrive vraiment à la toute fin du livre. Le prochain livre que je compte écrire est encore en réflexion !