JAYL

18. Do not look where you fell, but where you slipped

Je me rappelle d'un moment qui m'a marqué en centre de désintoxication. Ça avait été la thérapie de groupe, la femme qui se chargeait de nous ce jour là m'avait fait comprendre quelque chose d'assez important dans la vie mais m'avait aussi dégouté de ce genre d'atelier.

— Jayden c'est à toi.

Sa voix douce m'énervait, comme si elle vivait dans un monde bisounours mais qu'elle se chargeait de drogués, les regards se posèrent sur moi et je deglutis. L'horreur de raconter ses problèmes aux autres ça n'allait pas marcher.

— Je m'appelle Jayden Colles, j'ai vingt ans et j'ai été arrêté pour détention et vente de drogue, je dois passer en desintox' avant d'aller en prison pour purger ma peine.

— Qu'elles sont tes dépendances ?

— Je prends de la cocaïne, du tabac et de la marijuana depuis quelques années, j'ai commencé vers mes quatorze ans. J'aime ça, c'est un besoin ça me permet d'oublier la vie que j'ai depuis mon plus jeune âge. Grâce à ça je m'évade, j'oublie et je fuis la réalité, ça me rend heureux.

— Penses tu être malade ?

Elle m'énervait avec ses questions mais la réponse avait été claire : je n'étais pas malade. Je profitais voilà tout et c'était ma fierté de réussir à prendre plusieurs rails par jour et depuis une semaine que j'étais là ma fierté journalière avait disparu et je voyais la triste réalité. Celle que je ne voulais plus voir. J'avais commencé les drogues très jeune et mes dépendances étaient bien encrées.

— Tu ne penses pas que tu pourrais trouver ton bonheur autre part ?

— Le bonheur ça existe pas, seuls les fous le cherchent et quand on pense le trouver il disparaît.

— Tu ne devrais pas avoir peur d'être heureux ou d'aimer, car c'est juste un beau moment à vivre et puis essaie de te relever au lieu de rester là où tu as chuté. Casse les codes pour trouver ton propre bonheur car il existe.

Cette phrase m'était restée en tête car au moment où j'avais rencontré Leïa ce bonheur je l'avais connu mais il avait disparu. Sauf que ce n'était pas lui qui avait décidé de partir c'était moi qui l'avait fait fuir. Ce jour là j'avais rigolé à cette femme c'était Im-po-ssible. Et pourtant c'était vrai.

Après trois jours d'interrogatoire qui me donne envie de mourir et qui  m'empêchent toute liberté mon avocat doit passer aujourd'hui. Mes conditions de détention sont horribles, ils veulent me faire craquer mentalement et physiquement. J'ai froid et faim tant la nourriture est aberrante. Le sol est mon seul endroit de repos et l'humidité de ma cellule et l'odeur est à vomir, il fait sombre et le soleil chatouille très rarement ma cellule qui s'assimile à une boîte noire où une âme y est enfermé. Le jour et la nuit sont identiques, seuls les alarmes de sonnerie me permettent un minimum de repère tout en me faisant mal aux tympans.

J'allais finir derrière les barreaux c'est sûr, sauf que cette fois ça ne va pas se passer comme prévu. En sortie j'ai trouvé un passeur qui m'a vendu de quoi faire une overdose. Je ne suis pas assez fort pour finir ici, me dire chaque jour que ma fille m'attend dehors et que je ne suis pas là pour elle me tue. On pense être fort mais chaque humain à sa limite, moi elle est atteinte depuis bien trop longtemps. C'était ce soir durant la toilette que j'allais le faire, j'en suis sûr. Ma mort allait être plutôt rapide et pas très douloureuse. J'ai suffisamment souffert dans ma vie, beaucoup trop même. Depuis ma naissance j'enchaine les catastrophes.

— Visite !

Un policier arrive en frappant sur les grilles métalliques ce qui fait résonner un bruit assourdissant dans tout le couloir, nous demandant de se mettre en ligne. Il nous regarde tous avec un regard de tueur et pourtant les vrais tueurs c'est nous, ceux qui sont derrière les barreaux et qui ont détruit des vies. Dernière visite de ma vie et c'est avec un avocat qui arrivera au mieux à raccourcir ma peine de trois ou quatre ans ce qui ne m'intéresse pas. Je me mets en rang et avance à pas de loup, arrivé devant le garde celui ci me lance un regard lourd de reproches.