JAYL

17. Discretion is the main word

Mon premier cambriolage. Ça avait été la première fois que je volais quelqu'un. Je m'en rappelle comme si c'était hier et pourtant ce n'était rien d'extraordinaire comparé à ce que j'avais fait après. J'étais sorti de la salle de boxe tout content d'avoir éclaté la figure de mon camarade. Ma colère s'était reversée sur quelqu'un d'autre. J'avais encore une fois cette sensation de puissance.

Winston m'attendait devant la salle de boxe. Cet homme était bien plus vieux que moi mais nous nous parlions depuis quelques mois. Je ne savais pas si je l'aimais où si je le détestais. Il m'avait appris avec ses amis a fumer et m'avait même appris quelques techniques de manipulation d'autrui. Le goût de la cigarette était affreux et fumer ne m'avait jamais donné envie. C'était en plus de ça une horreur pour mes poumons, non ? J'avais l'impression de devenir quelqu'un que je n'étais pas et pourtant je le faisais, juste pour être accepté par cette société. Le seul bon point était sûrement que ça me detendait et que j'oubliais, et puis maintenant j'étais leur protégé dans ce quartier où ils étaient les rois. Personne n'osait se confronter à moi, me toucher c'était attaquer le groupe de Winston et personne ne voulait avoir à faire à celui qui avait détruit plusieurs vies.

L'hors la loi m'avait salué avant de me tendre une cigarette qu'il avait pris soin de m'allumer dès qu'il avait croisé mon regard. C'était lui qui me donnait tout ce dont j'avais besoin, je n'avais pas le droit ni la force d'entrer dans un magasin pour voler. J'avais été prévenu par mon assistante sociale : mon effraction m'avait déjà emmené bien des problèmes et il était hors de questions que j'aille en centre de redressement une fois de plus. Il fallait que je sorte de ce bordel, ma vie devait changer. À l'orphelinat j'étais le raté, l'un des rares qui n'a jamais trouvé de famille et qui avait arrêté d'aller en cours.

- Aujourd'hui on va passer à la vitesse supérieure.

- De quoi tu veux parler ?

- J'aimerais bien de l'alcool, le problème c'est que j'ai pas d'argent sur moi, là, maintenant. Je pourrais voler mais...

Il avait pris un moment d'arrêt et j'en avais profité pour prendre une longue taffe de nicotine cette dernière avait détendu tous mes membres un par un.

- J'ai les mains déjà très salies Jay tu sais, ce vendeur me connaît bien et si j'entre dans sa boutique il appellera les flics et je serai en taule. Tu pourrais pas aller m'en chercher ?

- Si je fais une connerie je vais aller en centre de redressement. Déjà que j'eveil les soupçons en rentrant trop tard si on apprend que je vole...

- Si tu ne le fais pas tu peux dire à dieu à ta présence ici. Crois moi je sais très bien m'occuper des morveux comme toi.

Ça m'avait enlevé les mots de la bouche, alors je l'avais fait. Je ne savais pas si j'étais naïf mais j'étais rentré, stressé comme jamais et j'avais pris trois bouteilles de vodka. J'avais été tellement discret que le vendeur ne m'avait même pas vu et Winston m'avait grandement félicité. Je m'étais encore une fois sentis moins seul et il y avait cette sensation si extraordinaire qui m'avait animé, ce frisson parcourant chaque millimètre de mon corps. Le danger c'était ça que j'aimais. J'aimais voler, frapper et faire peur aux autres c'était ma vocation. Quelque chose d'innée qui me faisait me sentir puissant.

Winston m'offrait à chacun de mes vols de quoi me faire plaisir, des paquets de cigarettes, une part du butin ou même des cadeaux farfelues. Il m'avait offert mon premier tatouage à mes seize ans, un couteau qui transperçait le centre de ma poitrine, il y avait aussi mes écarteurs et même mes premiers rails ! Et ça avait été un secret pendant longtemps, de longues années.

Un soir j'étais rentré un peu plus amoché que les autres jours, comme d'habitude j'avais pris soin de laisser la fenêtre du dortoir ouverte pour ne pas passer dans les couloirs et que l'alarme ne se déclenche. J'étais seul dans une immense chambre alors je n'avais pas la crainte d'être pris en flagrant délit.