Chapitre 8 : Sans raison apparente

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Le Roi qui Chante : Artuhr, je dois te parler. 

Artuhr : Euh, si tu le désires…

    Il venait de terminer ses raviolis tièdes et le tutoiement du Roi le fit tiquer. La dernière fois, il lui demandait de l’incarner, qu’est-ce que ça allait être aujourd’hui ? Il n’eut pas à attendre longtemps la réponse à son interrogation : 

Le Roi qui Chante : En toute bonne foi, tu as les foies d'aller au festival, n'est-ce point ?

Artuhr : Tu es assez clairvoyant pour que je ne puisse nier sans en souffrir. 

Le Roi qui Chante : Mes sujets ne peuvent rien me dissimuler, c'est un fait. Un fait avéré, qui me pousse à admettre une vérité qui m’est douloureuse. 

Artuhr : Tu me fais peur. Quelle est donc cette vérité qu’il te coûte de m’avouer ?

Le Roi qui Chante : La voici dans son plus simple appareil : ce n'est pas moi, le Roi, c'est toi Artuhr. 

Artuhr : Tu délires. 

Le Roi qui Chante : Oh ne fait pas ton oie je te prie ! Qui m'a créé, dis le moi ? 

Artuhr : Moi. Justement parce qu’il m’est inconcevable de pouvoir être comme toi. 

Le Roi qui Chante : Et c'est là ton erreur : tu nous différencies. 

Artuhr : Parce que tu es un rôle, et que le propre du rôle est d'être différent de la personnalité initiale.

Le Roi qui Chante : Que tu crois ! A l'origine, peut-être te forçais-tu à rentrer dans ma peau, à adopter mon langage, et à calquer mon comportement, mais aujourd'hui ! Rappelle toi nos échanges : tu parles naturellement comme moi, je le sens bien, et si tu as accepté de me représenter, c'est parce qu'une part de toi pense être à la hauteur ! 

Artuhr : Ou simplement parce que je n'avais pas suffisamment de bravoure pour admettre que j'en étais incapable...

Le Roi qui Chante : Tu uses du mot "bravoure", mais tu persévères à renier l'évidence ? 

Artuhr : Et quelle évidence Roi de pacotille ? Tu es un personnage, je suis une personne. Tu es fier et courageux, je suis craintif et lâche ! Tout nous oppose ! Si j'étais toi, j'aurais avouer mes sentiments à Laeti au lieu de bafouiller comme un idiot de première ! 

Le Roi qui Chante : Et si tu étais réellement toi tu n'aurais jamais composé son numéro. Je suis une part de toi, une part que tu ne vois pas encore. Le festival te révélera. Endosse mon titre et fait face au monde. 

Artuhr : Tu aimes les phrases grandiloquentes, hein ? Mais désolé, tu te trompes de la queue jusqu'à la tête. Je ne suis qu'un vassal lambda avec un prénom mal orthographié. 

    A l’instant précis où le Roi envoyait sa réplique, un évènement eut lieu. Artuhr, à cause du dit évènement, ne put lire qu’une douloureuse et dernière phrase lapidaire sur la conversation, une phrase qui n'avait pas le Roi pour mandataire : 

=Vous ne pouvez pas envoyer de message à cette personne. Pour plus d'information, cliquez ici=

    Il cliqua. Une page internet inachevée remplaça la précédente, ornée d'une série de lettres que ne voulut lire Artuhr. Il avait compris l'idée. Son compte OC avait été supprimé. Le Roi était mort ce soir. Sans transition. 

    Dix minutes plus tôt : 

Zaé : C'est bon Oli, t'as plus qu'à te télécharger dans l'espace de stockage dont je t'envoie le lien. 

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