Chapitre 1: Reiner, mon obsession

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Je jette un coup d'œil furtif vers mon modèle avant de baisser à nouveau les yeux vers mon dessin. Je passe faiblement mon doigt sur la ligne de plomb qui marque le contour de cette belle mâchoire carrée, créant de ce fait un joli ombrage.

Les lignes de ce visage ne sont plus un secret pour moi. Je les ai dessinées si souvent que je sais où placer certains détails, où faire de l'ombre et de quelle manière mettre les tons pour bien mettre en valeur sa beauté. Je l'ai si souvent observé et étudié que maintenant, c'est avec une parfaite aisance que je recrée ma muse sur papier.

Jamais Reiner Braun ne m'a surpris à l'épier.

Du moins, c'est ce dont j'essaie de me convaincre. Nous sommes dans la même classe depuis la maternelle, nous allons depuis au même lycée, mais jamais il ne m'a adressé la parole plus de cinq secondes.

D'ailleurs, la dernière fois c'était uniquement pour me demander si j'en avais fini avec les pommes de terre à la cafétéria... Je lui ai simplement tendu la cuillère sans dire un mot, même si j'avais à peine eu le temps de me servir. Ce midi-là, j'ai fait un magnifique dessin qui le représentait dans l'angle dont je venais de le voir. Il a un point de beauté sous l'œil droit, pourtant, jamais avant je ne l'avais remarqué.

Ça va bientôt faire cinq ans qu'il est l'unique modèle que je prends et je ne m'en suis toujours pas lassé. Comment perdre l'intérêt pour un garçon aux traits si magnifiques et uniques que les siens? Je suis dingue des multitudes de possibilités que son corps musclé m'offre.

-Tu n'en as pas marre d'être seul? Fais une voix féminine, quand tu dessines, tu sors ta langue... C'est dégoutant.

Je lève doucement les yeux vers Annie, probablement l'unique personne de cet établissement à m'adresser la parole. La petite blonde s'assoit en face de moi, regardant avec un sourire mon œuvre. Dans une grimace, je ferme mon cahier, ce qui la fait rigoler.

-Tu sais que c'est personnel, grognai-je, que tu regardes mes dessins, c'est comme si je fouillais dans... tes sous-vêtements!

-Fouille dans mes sous-vêtements si ça t'enchante, Bertholdt. Je n'ai rien à cacher. Pourquoi tu dessines toujours monsieur muscle? Tu n'aimerais pas un jour changer de modèle?

Je rougis en jetant un nouveau regard vers la table où se trouve Reiner. Avec ses cheveux blonds et sa magnifique silhouette, il est assis avec sa petite bande d'amis et il semble s'amuser. J'aimerais entendre une fois son rire qui me serait destiné...

Je baisse tristement les yeux vers mon crayon. Cela n'arrivera jamais, car je ne suis pas un membre de sa meute. Je suis moi, un gars solitaire même pas capable de lui répondre quand il me demande si j'ai fini avec les patates. Un gars trop grand et trop mince, toujours absorbé par mes dessins.

-Ne fait pas cette mine piteuse, tu vas me faire sentir mal, se plaint Annie.

-Désolé.

-Ne t'excuse pas, idiot. Je venais juste te dire que la rumeur court que Reiner voudrait sortir avec la jolie petite Historia Reiss.

Cette petite blonde est magnifique avec ses grands yeux pâles. Tout le monde la veut. Pourquoi mon amie me dit ça alors qu'elle sait que cette information va me faire souffrir? Elle est méchante par moment et toujours trop brusque pour me faire part de la cruelle vérité.

-Elle n'est pas pour lui, répliquai-je sans réfléchir, Historia est une fille calme et trop douce pour Reiner. Il a besoin de quelqu'un qui lui donne du défi.

-Tu fais peur, quand tu t'y mets. Tu es certain que tu n'es pas une sorte de psychopathe obsédé par lui? À ta place, je commencerais par essayer de lui parler. La fin du lycée approche et tu n'as jamais dépassé le stade du bonjour!

-Je ne lui ai jamais dit bonjour...

-C'est encore pire! Tu es dingue d'un garçon qui t'ignore. Crois-moi, quand tu seras vieux dans ta chaise roulante, tu regretteras de ne pas avoir tenté ta chance lorsque tu étais au lycée. Tu regarderas tes dessins et tu te maudiras d'avoir raté l'amour de ta vie ou encore d'avoir fantasmé des années sur un mec qui n'en valait pas la peine.

-Et tu proposes?

Ma question semble lui faire plaisir. J'aurais dû la garder dans ma tête. Avec un faible sourire, elle se penche vers moi. Je m'attends au pire.

-Tu sais que Reiner est le capitaine de l'équipe de baseball, pas vrai? Demande-t-elle.

-Oui. Je suis déjà allé voir une partie. Ils perdent chaque année.

-C'est pour ça que personne ne veut plus se joindre à l'équipe! J'ai su d'une source fiable qu'il leur manque des joueurs pour jouer cette année. Tu as déjà joué au baseball, pas vrai?

C'est donc là qu'elle veut en venir...

-Dans une équipe d'amateurs, quand j'avais dix ans, répliquai-je, j'ai arrêté, car je m'étais brisé le poignet. Où veux-tu en venir, Annie?

-La voilà ton plan pour parler d'une manière normale à Reiner. Ils recrutent demain dans le gymnase. Ne me remercie pas.

Mon amie se lève sur cette phrase, tapote mon épaule et part en me laissant de nouveau seul. Elle a beau m'énerver presque toujours, mais elle vient de sortir de bons arguments. Si je ne tente rien, jamais je ne vais pouvoir savoir si ma muse aurait pu devenir davantage qu'une simple obsession.

Je mordille mon crayon de plomb déjà troué à plusieurs endroits par mes dents, tout en regardant à nouveau la table du beau blond. Est-ce que je dois essayer d'entrer dans son équipe uniquement pour lui adresser la parole? Je suis un artiste, pas un sportif, bien que ma grande taille me donne souvent l'avantage.

J'ai un choix àfaire.

Donnez vos avis! C'est ce qui me fera plaisir!

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