Chapitre 7: Tu as oublié ton sac

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PDV Reiner

Bertholdt dort paisiblement, la bouche entre-ouverte sur mon torse. Sa respiration frappe agréablement ma peau et je sens son cœur battre contre le mien. Il est si mignon lorsqu'il dort, surtout dans cette position où nous sommes collés l'un à l'autre. Dormir à deux, c'est meilleur que ce que j'espérais.

Sans comprendre pourquoi, j'ai depuis un moment commencé à l'observer en cachette. Pas à la manière d'un psychopathe ou d'un obsédé sexuel bon à enfermer, mais plutôt par curiosité. Mon regard se pose instinctivement sur Bertholdt lorsque nous sommes dans la même pièce, détaillant son long visage, son nez pointu, ses yeux rêveurs...

Au début, je n'avais que le désir d'apprendre à le connaitre, mais plus il parle, plus il m'intéresse. Il me plait.

Je crois être l'unique personne à qui Bertholdt parle réellement. Il me sourit et il rit en ma compagnie alors qu'avec les autres, il reste renfermé comme une huitre, coincé dans sa timidité excessive. C'est mignon, mais triste à la fois. Les gens gagneraient tellement à découvrir le véritable garçon sous cette solide carapace. À mes yeux, le brun vaut bien mieux que la plupart des personnes que je connais. J'ai l'habitude d'être entouré de boute-en-train qui parlent continuellement pour ne rien dire. Un peu de calme, c'est agréable. Je suis bien avec Bertholdt et je sais qu'avec lui, chacun de ses mots à une sincère signification.

Hier, j'aurais eu des moments parfaits pour l'embrasser. Peut-être aurais-je dû? J'ai envie que ce soit spécial, pas dans une simple fête où des gens ivres nous entourent. Bertholdt est différent, donc il mérite un premier baiser unique.

Avec un petit sourire, je passe délicatement ma main sur sa joue douce. Le brun bouge légèrement en allant enfouir sa tête au creux de mon cou. Ce geste adorable me fait frissonner. Quand Bertholdt se réveillera, je vais l'inviter à sortir. C'est décidé!

Mon ami commence à bouger et il sort sa tête de mon cou. Ses yeux papillonnent, laissant bientôt apercevoir ses magnifiques yeux gris fatigués. Au début, Bertholdt ne semble pas comprendre pourquoi nous sommes si près, puis il finit par rougir, embarrassé.

-Quand tu dis que la nuit tu bouges beaucoup, tu avais raison, rigolai-je, tu t'es cramponné à moi toute la nuit et voilà où tu es rendu.

-Je...

Il est tellement rouge. Pour le rassurer, j'essaie de passer ma main dans ses beaux cheveux bruns, mais je manque ma cible lorsqu'il se lève brusquement pour agripper ses vêtements qu'il enfile. Déjà?

Toujours allongé sur le lit en caleçon, j'admire Bertholdt qui s'habille rapidement. Son corps me plait terriblement malgré sa minceur. Je m'apprête à le complimenter, mais le garçon court hors de la pièce, me laissant seul. Qu'est-ce qui vient juste de se passer? Choqué, je fixe la porte sans savoir comment réagir. Ai-je fait quelque chose de mal?

Avec inquiétude, je quitte le confort des couvertures pour m'habiller à mon tour. Bertholdt n'a même pas pris la peine d'enfiler ses vêtements propres... Son sac est encore sur le sol, oublié. Il va falloir que je lui dise.

Une fois habiller, je descends l'escalier qui mène au rez-de-chaussée. Aucune trace du beau brun. Les sourcils froncés, je vais au salon d'où le bruit de la télévision me parvient. Les « survivants » de la fête sont présents, tous installés devant un film. Armin et Livai sont chacun sur une chaise, tandis que Marco est assis à une extrémité du canapé, la tête de Jean sur ses genoux. Le brun est endormi, ronflant légèrement. De l'autre côté se trouve Eren dont les jambes du garçon à la gueule de bois viennent encombrer son espace privé.

-Eren, tu n'es pas partie avec Mikasa, hier soir? Demandai-je à Eren.

-Ouais, mais contrairement à Jean, moi, je suis un dur à cuir! Répond-il, je voulais prouver à ce cheval que je supporte mieux les lendemains de veille que lui.

-Il a vomi toute la nuit, réplique Marco en caressant affectueusement les cheveux de son ami, ce matin, je le croyais mieux, donc je l'ai amené ici et il s'est endormi. Je crois qu'il va en falloir beaucoup pour le réveiller.

-Je suis d'accord! Quand Jean dort, il faudrait qu'un éléphant lui pile dessus pour le réveiller.

-En fait, il se contenterait de mourir, réplique sérieusement Armin.

-C'est une manière de parler...

Je cesse d'écouter leurs idioties pour regarder autour de moi dans l'espoir de voir apparaitre Bertholdt. Il n'est tout de même pas rentré à pieds, sans avertir personne? Ce serait un mauvais choix de sa part, puisqu'il n'a pas de voiture. J'aurais pu le reconduire moi-même et l'inviter à sortir au passage.

-Vous n'auriez pas vu Bertholdt? M'enquis-je.

-Il est parti comme une flèche il y a quelques minutes, grogne Livai, je lui ai demandé de m'aider à ramasser les canettes vides, mais il m'a ignoré et il est sorti en courant.

-Donc hier soir, il s'est passé quoi entre vous? Se mêle Eren avec une voix sensuelle, j'ai bien vu que tu étais rentré en mode drague. En plus, tu nous as demandé de vous laisser la chambre... héhé.

Je rougis pour une rare fois. Non, il ne s'est rien passé entre nous. Quand Bertholdt a retiré ses vêtements pour la nuit, j'ai eu envie de poser mes mains sur son corps, mais je sais comment me retenir. Mon brun vit loin du chalet pour y venir à la marche... Je m'inquiète terriblement.

Je tourne les talons dans le but d'aller récupérer le sac de Bertholdt laissé dans la chambre, mais Mike rentre dans le chalet, un sourire radieux sur le visage. Il s'arrête devant le canapé, attisant ma curiosité.

-Devinez où j'ai passé la nuit, jubile Mike, indice, c'est un endroit que vous n'auriez jamais imaginé!

-Sur une plage nudiste?

-Dans la forêt?

-Au poste de police?

-À la morgue?

Nos têtes se tournent toutes vers Livai qui hausse les épaules, dénué d'expression.

-On ne sait jamais, se défend-il.

-Mieux! Réplique Mike, j'ai passé la nuit dans le lit d'un joli blond qui s'appelle Erwin Smith. Il m'a viré de son appartement brutalement ce matin, mais c'est un détail.

Nous restons tous bouche bée. Quoi? Il a réussi à avoir Erwin? Jamais je n'aurais cru cela possible. Même si la joie de Mike ne trompe pas, l'idée que notre entraineur a accepté de se donner à lui semble totalement chimérique.

-J'espère que tu ne l'as pas drogué, soupire Armin.

-Il devait être ivre mort, le pauvre, ajoute Livai, tu sais, quand la personne n'est plus consciente, tu n'as pas le droit de le toucher.

-Quoi? Vous me pensez vraiment comme ça? Je suis déçu... Erwin était entièrement consentant. Je crois qu'il regrette ce matin, mais c'est uniquement une question de temps avant qu'il voie ce qu'il manque. Je veux vraiment qu'il accepte de sortir avoir moi. Sinon, qu'est-ce que j'ai manqué hier?

-Toi tu as manqué le dégoûtant baisé entre un cheval et Marco, ajoute Eren.

-C'était un défi! Rougis Marco.

Leurs discussions continuent, mais je pense trop à Bertholdt pour y être intéressé. Après m'être excusé, je quitte mes amis pour aller chercher le sac qu'il a oublié. J'ai envie d'aller le voir afin de comprendre sa réaction de ce matin. Pourquoi se retrouver collé à moi l'a-t-il tant gêné? Je ne dois pas lui plaire.

Son sac est sur le sol, dans un coin de la chambre. Je me penche pour l'agripper et je suis surpris par son poids. C'est impossible qu'il n'y ait que des vêtements à l'intérieur. Curieux, je descends la fermeture éclair afin d'y jeter un œil, surpris d'y voir un cahier noir. C'est celui qu'il a toujours à l'école et dans lequel il fait je-ne-sais-quoi. Peut-être qu'il écrit des histoires?

Souhaitant découvrir une nouvelle parcelle du garçon qui me plait, j'ouvre le mystérieux cahier. Mon cœur fait un bond quand je me retrouve face à la première page.

QUOI?

Histoire d'équipe: L'artisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant