Depuis toute petite, j'ai toujours fait des rêves contrôlés.
J'ai lu plus tard dans un livre que l'on appelle ça des rêves lucides.
Cela signifie que l'on a toujours conscience d'être endormi, et en sécurité. Il est donc possible de faire absolument tout ce qu'on veut.
Marcher sur la lune.
Voler.
Se promener dans une forêt.
Revoir ses parents.
Tout est possible, dans un rêve lucide. La seule limite, c'est l'imagination.
Chaque envie y est prise en compte.
La moindre idée peut influencer l'univers tout entier.
Les émotions y apparaissent pures.
Joie. Excitation. Curiosité. Plaisir.
Oublier pour quelques heures que le monde est devenu un enfer.
Mais pas pour moi.
L'enfer, maintenant, c'est chaque nuit.
Les rues autour de moi sont floues, parce que je n'y prête pas attention. Je n'ai pas besoin de les regarder pour savoir où je suis.
Je connais le décor délabré du 7eme Arrondissement. Ruines et désolation.
Les murmures d'Ethan semblent résonner à l'infini alors qu'il avance derrière moi.
La peur s'infiltre en moi tel un gaz toxique, petit à petit.
Je connais ces rues. Je sais dans quelles circonstances je m'y suis retrouvée.
Je ne suis pas dans un rêve.
Et même le pire des cauchemars ne me terroriserait plus.
La main d'Ethan dans la mienne, mon arbalète vide, mon caban noir blanchi de poussière...
Mon poul s'accélère.
Pas un cauchemar.
Un souvenir.
Le 7eme Arrondissement. Ethan. Les ruelles. Le soir qui tombe.
Je me retrouve à revivre ce soir, comme chaque nuit:
La Seine, je m'entend murmurer à Ethan, il faut juste tenir jusqu'à la Seine... Ce n'est plus très loin...
D'un coup, la main d'Ethan comprime la mienne. Mon cœur s'arrête.
À une centaine de mètres devant, une silhouette avance.
Non! Pas maintenant! Nous y sommes presque...
Cassandre, tu n'y es plus... c'est fini tout ça, ne te laisse pas envahir par la panique... tu es chez toi, dans ton lit, tout va bien...
Dans mon souvenir, j'avance plus vite, entraîne Ethan à ma suite, la main sur le poignard à ma ceinture.
Plus vite, plus vite, mon cerveau crie. Il ne faut pas qu'il nous voit...
Le Passé tourne lentement la tête en notre direction.
Nous courrons presque, fébriles, en silence.
Je perd pied avec la réalité. Je le sens. Je suis là, dans cette rue, et je n'arrive plus à réfléchir.
Encore quelques mètres avant de tourner dans une ruelle adjacente, hors de vue, plus que cinq, quatre...
Trop tard.
Le Passé nous dévisage, reste immobile. Je sens mes doigts se refermer sur le manche de mon couteau.
Une seconde, suspendue dans le temps, comme à chaque fois, j'espère qu'il ne va rien se passer.
Puis le Passé pousse un cri d'alerte.
Et se rue sur nous.
- Cours ! Je crie à Ethan en me ruant dans la ruelle.
J'entends un fracas monstre derrière nous. Le Passé a dû renverser une ruine dans sa course, pour prévenir son clan de notre présence.
Un Passé court vite. Aussi vite que moi à l'époque.
Ils sont plus rapides, plus forts, plus endurants, à force de vivre dans la nature.
Je ne m'en sortirai pas avec Ethan.
Cassandre! Tu n'es plus là bas, tu n'as pas à faire ce choix! Réveille toi!
Mais je n'y arrive pas.
Je n'y arrive plus.
Peu à peu, mon esprit se persuade que je suis là bas.
Je revis mon souvenir.
Et je n'ai aucun moyen d'en changer l'issue.
Ethan et moi, côte à côte, traversons la ruelle en une vingtaine de secondes. Nous entendons les pas du Passé qui nous donne la chasse, résonnant dans les rues vides.
Réfléchis, réfléchis !
Je lève les yeux vers le ciel qui s'assombrit de plus en plus.
Le soir tombe.
Mais jamais nous ne sèmerons le Passé en courant. Il faut se cacher.
Du coin de l'œil, je remarque une porte, dépasse Ethan, envoie un solide coup de pied dans le battant.
Rien.
Le Passé tourne à son tour dans la ruelle.
Il sera là dans vingt secondes.
Je renvoie un autre coup de pied dans la porte, qui grince mais ne cède pas.
Pas le temps de réessayer: il faut se remettre à courir, se battre, ou mourir.
- On y va, je fais à Ethan.
Il ne m'écoute pas.
Ethan prend son élan, épaule en avant, et enfonce la porte.
Le battant s'ouvre en grand dans un vacarme épouvantable.
- Chasseuse ! Crie-t-il en s'engouffrant à l'intérieur.
Sans hésiter, je me rue à sa suite dans l'espèce de vestibule plongé dans le noir.
Je passe à peine le seuil qu'Ethan claque déjà la porte derrière moi.
Juste à temps.
Le Passé s'écrase contre le battant, tambourine, gratte, essaye d'enfoncer la porte...
- Il ne faut pas qu'on reste ici, je murmure à Ethan, les dents serrées, tandis que nous bloquons la porte de toutes nos forces. Cette ordure va ameuter tous ses copains...
- Je sais, susurre-t-il en retour en me regardant droit dans les yeux, empli d'une panique à peine contrôlée, mais où ?! On ne peut pas sortir!
J'approche une épaisse planche de bois du bout du pied, tremblant sous les assauts incessants du Passé derrière la porte. Ethan la passe en travers du battant, mais je vois tout de suite que ça ne va pas suffire.
Et j'entends de nouveaux bruits de pas à l'extérieur : le bruit est en train d'attirer tous les Passés aux alentours...
Encore combien de temps avant qu'ils n'enfoncent la porte ? Deux? Trois minutes?
Je me détache du battant et cours jusqu'à un lourd bureau en bois gisant dans l'entrée, couvert de poussière.
Ethan pâlit sous la pression qu'exercent le Passé de l'autre côté, tandis que je m'arqueboute sur le meuble pour le faire glisser.
La panique aidant, je cale le meuble contre la porte, scellant l'entrée.
Ethan attrape le meuble des boîtes aux lettres, j'attrape des chaises, nous condamnons la porte avec tout ce que nous trouvons.
Les coups continuent de pleuvoir sur la porte, le Passé a été rejoint par un deuxième, un troisième... le bureau ne bouge pas.
Mais pour combien de temps?
Je m'autorise à respirer.
Une horrible odeur flotte dans le vestibule éclairé par de repoussantes fenêtres.
Un escalier en béton monte vers les étages supérieur. C'est sur lui que je me précipite en sortant les deux poignards de ma ceinture.
Je reste silencieuse tandis qu'Ethan reprend difficilement son souffle, mais rien: je n'entend personne, Passé ou vivant, dans l'immédiat.
- Ethan, je fais en commençant à gravir les marches, viens, dépêche toi.
Pas de réponse.
- Ethan?
Je redescend les quelques marches, alarmée, et le vois toujours dans le hall, immobile.
Quand il me regarde, je vois que ces yeux brillent.
Il inspire profondément, secoue la tête.
- Désolé Chasseuse. On y va.
Il commence à marcher vers moi sans croiser mon regard.
Je ne l'ai jamais vu aussi ébranlé.
Les coups sur la porte s'espacent.
- Ethan?
Sa silhouette sombre tourne la tête vers moi, s'arrête, me contemple.
Je m'approche de lui et murmure :
- On ne mourra pas aujourd'hui, d'accord?
Je cherche à croiser son regard.
- Est ce que ça va aller?
- Cassandre, fait il assez brusquement, on a failli mourir, tout à l'heure. Et c'est de ma faute. C'est entièrement ma faute si nous sommes là.
- C'est MA faute si nous sommes là. C'est moi qui nous ai emmené ici. Tu voulais retrouver ton meilleur ami. Et on le retrouvera. Mais là, il faut vraiment qu'on bouge. Et qu'on rentre dans l'Enclave avant le noir complet. On doit accéder au toit.
Je pose ma main sur son épaule et esquisse un sourire.
- Allez, viens. On a encore pas mal de trucs à faire avant de se faire tuer.
Dans la pénombre, je ne distingue presque pas son visage.
Tout ce que je sais, c'est que son air sombre ne l'a pas quitté.
- Ouais, lâche-t-il en posant son pied sur la première marche. Espérons qu'on en ai le temps.
Et tout deux, nous nous enfonçons dans les entrailles de l'immeuble silencieux.
Les escaliers résonnent. Puis se taisent, presque brusquement, à chaque palier, comme pour augmenter la peur qui m'envahit à chaque fois qu'une porte apparait.
Je les fixe à chaque fois comme si quelque chose allait en sortir.
Mais tout est calme.
Le tapage assourdi des Passés à la porte d'entrée ne parvient pas à masquer la tension palpable de ce silence trop parfait.
Je hais le silence.
Mais je hais encore plus quand ce silence se rompt.
Cet imperceptible bruit de pas sur le plancher.
Un tempo lent. Mesuré. Chaque planche qui craque légèrement.
Mais ce n'est pas possible.
Je regarde le sol.
Du carrelage.
Ethan vrille ses yeux émeraudes dans les miens, et je comprend.
Je ne suis pas réveillée.
Je reprend pied avec la réalité. Le décor autour de moi se fige, s'arrête devant ma reprise de conscience.
Le bruit que j'entend est réel.
Il y a quelqu'un chez moi.
Cassandre ouvrit les yeux dans le noir.
Son cœur battant à tout rompre, elle arrêta de respirer, focalisée sur son ouïe.
Quelques secondes passèrent, dans le silence.
Et elle réalisa : elle l'avait fait. Elle était partie de son rêve.
Petit à petit, ses muscles se détendirent, et un minuscule sourire s'accrocha sur ses lèvres.
Elle ferma les yeux.
Des mois. Des mois qu'elle passait chaque nuit à ressasser des souvenirs. Des mois qu'elle restait enfermée dans son propre esprit. Des mois qu'elle se réveillait plus fatiguée que la veille. Et aujourd'hui, elle avait réussi, elle...
Crac.
Son coeur manqua un battement.
Le tempo lent des pas sur le plancher, léger, discret, avait reprit.
Le moindre muscle de la jeune femme se raidit.
Quelqu'un se trouvait avec elle, dans cette pièce. Ce n'était pas une illusion.
Même luttant contre cette sensation, elle ne put empêcher la peur de comprimer sa poitrine.
Sous son oreiller, ses doigts cherchèrent, crispés, le couteau qu'elle gardait toujours près d'elle.
Elle n'osait presque pas bouger.
Si elle faisait du bruit, l'intrus saurait qu'elle était là.
Elle dormait dans le canapé du salon: un cambrioleur penserait qu'elle dormait dans une pièce à part, elle disposerait donc d'un effet de surprise relatif.
Mais, les yeux grands ouverts dans le noir, elle se rendit compte qu'elle ne voyait rien.
Elle ne pouvait qu'entendre.
La panique commença lentement à s'insinuer dans son esprit, accélérant son rythme cardiaque et sa respiration.
À cet instant, ses doigts trouvèrent enfin le tranchant de la lame.
Sa main se referma sur son manche, et son corps tout entier frissonna de soulagement. De proie, elle pouvait devenir Chasseuse.
Elle focalisa toute son attention sur son ouïe, et constata que les pas se faisaient de plus en plus nets.
Ils se rapprochaient.
En fait, ils venaient droit vers elle.
Cassandre, yeux toujours ouverts en vain, crut discerner une ombre parmi les ombres, se tenant à deux mètres d'elle.
Son visage était tourné vers elle. L'intrus savait qu'elle était là.
Cassandre se figea.
Chaque seconde lui sembla une éternité, tandis que le rythme des pas devenait de plus en plus proche, de plus en plus fort.
Ils s'arrêtèrent devant le canapé.
L'instinct lui hurlait de bondir, de se battre, de s'enfuir.
Mais une seule pensée traversait son esprit.
Surtout, ne pas bouger.
Elle vit de ses paupières entrouvertes l'intrus se pencher, se plier au dessus d'elle, approcher sa main de son visage...
Elle sentit son souffle sur sa joue, et calcula que sa tête devait se trouver une quinzaine de centimètres au dessus d'elle.
À peine ses doigts effleurèrent-ils sa joue, qu'elle se tendit brusquement. Son bras, tel un serpent, bondit vers le haut, et plaqua la pointe effilée de sa lame sur la gorge de l'individu, tandis que son autre main filait vers l'interrupteur.
Clic.
La lumière l'éblouit un instant, que l'intrus n'essaya pas de mettre à profit, une lame tranchante comme un rasoir posée non loin de pas mal de trucs importants, style carotide et compagnie.
Cassandre contempla son visage un instant, et la surprise la fit hésiter.
Mais la surprise se transforma bien vite en colère.
- Tu te fous de moi?
Lukas n'osa même pas déglutir, le couteau à quelques millimètres de sa jugulaire, et courageusement, évita son regard.
La jeune femme retira sèchement son arme de sa gorge.
Sa voix sembla sortir tout droit de ses entrailles, grave et menaçante, témoignant en partie de la frayeur qui l'avait envahie.
- Tu as intérêt à avoir la meilleure excuse du monde. Tu as dix secondes. Neuf. Huit.
Le visage du jeune homme s'était bien vite recomposé, et était à présent figé, indéchiffrable.
Ses quelques mots s'abattirent comme une sentence.
- Ils décollent pour les États-Unis dans deux heures, fit il, Alexander a été désigné par Saint-Germain pour diriger les Chasseurs. Il part avec eux. (Lukas marqua une pause sarcastique) Ça va ?
Le silence s'installa, pendant une seconde, puis Cassandre déclara, incrédule.
- Dis moi que tu plaisantes.
- Non, j'adore juste m'introduire dans les maisons en pleine nuit. Évidemment que je suis sérieux.
- Mais je croyais qu'Alexander restait ici?
- Promis, je t'explique tout, mais on a pas beaucoup de temps. Si on loupe le train, c'est foutu, alors va vite enfiler une tenue décente.
Cassandre, qui lui avait tourné le dos pour se lever, se retourna brusquement.
- Le train?
- Ouais, les avions décollent à Roissy, et Alexander y est déjà. Il a laissé un mot en urgence à mon appart’ hier soir, mais j'avais des trucs à faire cette nuit, et je ne l'ai vu qu'il y a une demi heure. Je suis venu te chercher dès que je l'ai eu.
- Bon sang, fit elle en rassemblant ses cheveux blonds ensemble dans un chignon serré,mais qu'est ce que tu foutais dehors à 4 heure du mat'? Et comment tu sais qu'il y a un train?
- Chacun ses secrets, dit il en retour, sur la défensive. Et c'était écrit dans le mot d'Alexander: dernier chargement de matériel et de Chasseurs volontaires. On a encore quarante cinq minutes avant le départ du convoi, mais on ferait mieux de se dépêcher. Il n'y en aura qu'un seul.
- D'accord. Va m'attendre dehors. J'arrive dans deux minutes.
Sans un mot, Lukas tourna les talons.
Une fois la porte fermée derrière lui, Cassandre se débarrassa de ce qui lui servait de pyjama, et enfila prestement un jean noir souple muni de harnais à couteaux, ainsi qu'un t-shirt fluide et un sweat, contre la fraîcheur de la nuit.
Elle empêchait les questions d'affluer à son esprit.
Plus tard. Tu y penseras plus tard.
Elle se dirigea vers sa chambre, dans laquelle le lit, dépouillé de ses draps, servait de présentoir aux différents couteaux et instruments tranchants que la jeune femme collectionnait.
Elle n'en emporta que deux, de courtes lames qu'elle fit tourner autour de ses doigts un instant, avant de les plonger dans les harnais à ses cuisses. Elle décrocha son arbalète du mur, et dans son carquois, vérifia la présence d'une vingtaine de carreaux.
Fin prête.
Mais au moment de sortir, elle fit une halte au seuil de la pièce.
Elle y resta un instant, en proie au doute.
Elle finit par revenir sur ses pas, et sortit presque prudemment, du tiroir de sa table de chevet, un pistolet au canon court.
Elle le contempla une seconde, avant de le passer à sa ceinture.
Son expression s'assombrit.
Quelques secondes plus tard, elle sortit dans la rue, ses clés cliquetant tandis qu'elle les fourrait dans sa poche, son éternel caban noir sur les épaules.
Lukas silencieux comme à son habitude, surgit à ses côtés, mais elle ne lui fit pas le plaisir de sursauter.
- Gare de l'Est, fit il succinctement. On est dans les temps.
- Je peux voir le mot d'Alexander?
- Ici.
Il sortit de sa poche une note, marquée du logo de l'hôtel de son grand père, et lui tendit.
L'écriture était pressée, brouillonne, mais elle reconnut celle d'Alexander.Lukas
D'importants changements viennent de se faire concernant le départ.
Saint-Germain pense que je suis le plus qualifié pour mener les Chasseurs aux USA.
Je dois partir dès ce soir à Roissy, et je serai à bord des avions demain en matinée.
Un dernier train part demain de la gare de l'Est, à 6h. J'aimerai que Cassie et toi le preniez. Pas pour venir en Amérique évidemment, mais je ne pensais pas avoir à partir aussi brusquement, et j'ai encore deux trois choses à vous dire.
Je n'ai pas vraiment le temps de faire un roman, alors je compte sur vous deux.
À demain,
AlexCassandre replia le papier et, sans un mot, le rendit à son compagnon.
Elle bouillait intérieurement.
Il était impossible qu'Alexander parte. Pas possible qu'elle perde encore quelqu'un.
Elle n'en toucha pas un mot à Lukas, et tout deux se mirent en marche sans rien dire de plus.
Au bout de quelques minutes, Lukas rompit cependant le silence.
- Tu sais, fit-il soudain, si tu avais un communicateur, ça serait beaucoup plus simple.
- Oui, et l'Élite n'aurait qu'un clic à faire sur un écran pour savoir où je suis, ce que je fais, ce qu'on se dit, et me siffler comme un chien dès qu'elle aurait besoin de moi, répondit-elle du tac au tac.
- Tu es paranoïaque.
- Je sais comment finissent les histoires où tout le monde est surveillé. Au cas où tu te poses la question, mal.
- On est pas dans un livre, là.
- Quelle perspicacité.
Ils marchaient d'un pas pressé dans les rues du 10eme Arrondissement, vers la gare de l'Est, point de rendez-vous fixé par la Garde. Il faisait encore nuit, mais le jour n'allait pas tarder à se lever sur l'Enclave de Paris-nord, le "Bon-Côté" de la Seine. Un beau ciel d'été se dégageait, sans aucun nuage à l'horizon. Le jour parfait pour un décollage.
Le communicateur de Lukas, à son poignet, émit un sifflement.
Cassandre regarda l'objet d'un air dégoûté tandis que Lukas répondait.
- Oui, je suis avec Cassandre Mark, la nièce d'Alexander. Nous serons au point de rendez-vous dans cinq minutes. Pouvez vous nous... Oui, nous ne traînons pas. Oui.
Il rappuya sur le cercle métallique, coupant la communication. Il lui fit part de la conversation.
- Ils font partir le convoi en avance. Heureusement que je suis venu te chercher plus tôt. Tu peux me remercier.
N'obtenant qu'un silence pour réponse, le jeune homme lui lança un regard frustré. D'énormes cernes soulignaient ses yeux, témoignant de sa nuit agitée.
Sa franchise, déjà d'ordinaire sans équivoque, ne s'en retrouvait que joliment amplifiée.
- Je ne comprend pas pourquoi je m'emmerde à essayer de te faire la conversation, fit il. On dirait que ce que je te raconte n'arrive même pas jusqu'à ton cerveau.
- Lukas.
- Quoi, continua t-il, acide, je n'ai plus le droit de parler?
- Si, mais je m'en fous.
- Tu te fous de tout, c'est bien ça le problème.
Cassandre le regarda intensément, ralentissant imperceptiblement l'allure. Lukas confronta son regard au sien quelques instants, mais baissa les yeux le premier.
Le jeune homme eut une grimace, puis se massa les tempes. Ses cernes ressortaient plus que jamais. Cassandre se demanda combien d'heures il avait dormi ces derniers jours.
- Désolé, fit il d'une voix un peu cassée. J'ai eu une nuit agité. Je suis un peu sur les nerfs.
- Pas de problème.
Le reste du trajet se fit en silence.
VOUS LISEZ
L'Enclave [Wattys 2019]
Aventura"Si jamais on apprenait qu'elle était sortie illégalement de l'Enclave, elle aurait de gros problèmes. Du style, condamnation à mort." Trois mois après la mort de son compagnon, Cassandre vit la pire période de sa vie. Elle avait déjà perdu sa fami...