Vengeance Meurtrière

Chapitre 8

-Alors alors ?

Je chuchote à l'oreille de Matthieu qui se trouve dos à moi. Il sursaute et fait volte-face.

-Vous partagez pas vos petits secrets avec moi ? s'incruste Sébastien.

-Alors alors quoi ? s'étonne Matthieu.

-Cathy ! je chuchote plus fort.

Ses yeux s'arrondissent, il me désigne du regard Sébastien. Je place mes mains devant ma bouche dans un geste théâtrale.

Les deux sont assis sur un banc en bois dans la cour, un coin assez isolé possédant deux bancs où personne ne s'assoit jamais à part moi de temps en temps, et apparemment Sébastien et Matthieu. Je fais le tour du banc et viens me poster en face d'eux.

-De quoi vous parlez ? râle une nouvelle fois Sébastien.

Je lui adresse un rapide coup d'œil, puis j'observe avec insistance Matthieu.

-Je... commence t'il.

Sébastien me regarde comprenant qu'il n'obtiendra rien de concret de la part de Matthieu. Je forme un cœur avec mes mains en désignant l'amoureux du doigt. Sébastien souris, et l'autre rougit.

-C'est Cathy hein ? le taquine t'il.

Je m'étonne de sa facilité à deviner.

-P'têtre, ronchonne Matthieu, on parle d'autre chose ?

J'observe Sébastien du coin de l'œil, il a l'air paisible, rien à voir avec l'autre jour. Je repense à ses yeux brûlants de colère, à ses cheveux mouillés, à son corps grelotant dans le froid.

Je m'assoie sur le sol en tailleur. Je crois que je pourrais m'habituer à leur présence...

***

J'ai une heure de libre, je suis donc dans ma petite pièce sans chauffage habituelle, il fait froid comme toujours, mais on finit par s'y habituer.

Je suis plongée dans la lecture d'un nouveau bouquin, j'ai remplacé depuis des mois l'amitié par la lecture.

Alors que je suis complètement dans un autre monde, je sens une main chaude glisser sur mes épaules, une aura virile enveloppe à présent la petite pièce. Je tente de me retourner pour coller un pain au garçon dont je ne devine pas le visage, mais je ne peux pas, sa seconde main m'en empêche en me retenant fermement par la taille.

-Putain tu veux quoi toi !? je cris sans pouvoir me retourner.

Je gigote dans tous les sens pour me libérer de son emprise, sa poigne se raffermi et sa main jusqu'à présent posé sur mes épaules viens se plasser sur ma bouche. Dans un geste brutal je fais basculer ma chaise, me prends les pieds dedans et m'écrase lourdement sur le sol puisque ses mains ne peuvent me retenir, à moitié allongée sur le sol je le l'observe d'un air mauvais.

-Logan, je crache.

Il me sourit. Je me relève rapidement, enfin debout je le fixe, les yeux sombres. Il s'approche dangereusement de moi, je recule au fur et à mesure qu'il s'avance. Je n'ai bientôt plus d'espace et je me cogne contre le mur. Plaqué contre celui-ci, je vois Logan petit à petit arriver vers moi, mon sang se glace, il prend plaisir à me voir perdre mon sang froid, je le sais, cette simple facette de sa personnalité le rend à mes yeux écœurant.

-T'es coincée hein ? murmure t'il en s'approchant, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres.

Il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi, je regroupe toute la salive présente dans ma bouche et lui crache au visage. Un léger sourire moqueur vient illuminer mon visage. Il essuie mon cracha et frotte ses mains sur son pantalon noir. Il rit doucement. Mon sourire s'efface. Quoi ?

Il avance rapidement vers moi et met ses bras contre le mur de chaque côté de mes épaules de sorte à me bloquer.

-Barre toi Logan, je grogne.

-Tu vas faire quoi avec ton mètre moins vingt ? ricanne t'il.

Je tente de le pousser mais il m'attrape les poignets. Je les secoue avec colère. Je finis par cesser de me débattre et il plonge alors ses yeux dans les miens. Je tourne mon visage sur ma droite.

-Je pourrais crier, je chuchote.

-Mais tu ne le feras pas, répond t'il.

-Comment tu peux en être sûre ? je m'énerve.

-C'est comme ça, dit-il simplement.

Je lui envoie un coup de pied bien sentis dans le tibia, le reste n'étant pas à ma hauteur. Il lâche mes poignet et grimace. Je remarque alors une légère cicatrice au coin de son œil. Sébastien a dû frapper fort quand ils se sont battus. Je suppose que cette blessure est dûe à ça vu que je ne l'avais jamais remarqué toutes les fois où il a mit son visage trop près du miens. Il n'a plus aucun hématome, juste des rougeurs et... ça.

Je me redirige hâtivement vers ma chaise, récupère mon sac, et m'enfuis vers la porte. Une main se claque sur mes fesses. Je vois rouge. Mon poing viens percuter en contact sa mâchoire inférieure. Il porte sa main à son visage. Je ne saurais dire s'il a mal.

-Retouche-moi un fois et je te pète les doigts.

Je tourne les talons et m'en vais.

-Mademoiselle Larso ! m'interpelle une voix grave.

Je tourne la tête, le proviseur me regarde avec insistance en me désignant une chaise en face de lui.
Je m'apprête à continuer ma route, mais il m'appelle une nouvelle fois. Je m'avance doucement vers la porte d'entrée.

-Quoi ? j'articule grossièrement.

-Prenez place.

Je ne bouge pas.

-Non, je ne prendrais pas place, dis-je en détachant chaques mots les uns des autres.

-Bien.

Il baisse les yeux.
Je m' appuie dans l'embrasure de la porte. Je soutiens son regard dans un air de défi.

-Avez-vous des problèmes en ce moment ? commence-t-il.

"Logan" je songe. Évidemment pour rien au monde je ne le dirais au proviseur.

-Je veux dire autre que ceux qu'il y a déjà. Enfin depuis l'année dernière, même s'il y était déjà, je veux dire qu'il ne va jamais partir parce que... Parce que... Vous voyez ce que je veux dire, puisque vous...

Je me braque. Je fronce les sourcils. Pour qui se prend-t-il ? Ce proviseur n'est qu'un imbéciles ! Les gens ont pour habitude d"essayer de se mettre à ma place", de me dire "qu'ils comprennent", sauf que personne ne comprends, et certainement pas Monsieur le Proviseur. Mais voilà que maintenant il essaie de rentrer dans mon esprit, il essaie de deviner des sentiments qui ne sont pas les siens et qu'il ne connaît certainement pas.

-Allez vous faire foutre, je crache.

Je recule, attrape la poignet et la tire violemment vers moi dans un bruit sourd. Je m'imagine déjà un mercredi après-midi dans la salle de colle. On finit par s'y habituer. On s'habitue à presque tout...