-Pardon.
Matthieu s'évade discrètement. Sébastien quant à lui reste bouche bée, cherchant quoi dire, sous son air septique je poursuis :
-Qu'est-ce que je dois faire pour me faire pardonner ? je continue en le voyant silencieux.
Il réfléchit un instant. Ses yeux se pose sur mon éternel Sweat noir.
-Samedi soir, un gars de ma classe organise une soirée. Laisse moi te relooker et viens avec moi.
-Hors de question ! je réponds du tac au tac.
Il hausse les épaules et fait mine de partir.
-Bon ok ! je cris finalement.
Il s'arrête et se tourne vers moi, je me précipite vers lui. Je ne me sens pas prête à redevenir comme avant, à reprendre mes vêtements d'avant, ceux qui faisaient de moi cette fille populaire et attirante, ces fameux vêtements que je portais quand Mikaël faisait encore partie de mon quotidien. Mes yeux me piquent et une boule se forme dans ma gorge. J'ignore pourquoi j'ai accepté, mais si je l'ai fait sans réfléchir c'est qu'il doit y avoir une raison.
Je baisse les yeux en attendant sa réponse.
-T'as un truc prévu cette après midi ? m'interroge-t-il.
Dans l'incapacité de parler, je secoue négativement la tête. Pour une fois, je ne suis pas collée.
-Ok, préviens tes parents, aujourd'hui tu manges pas chez toi on va faire les boutiques.
Je soupire et cette boule disparait. Je sors mon téléphone et envoi un bref message à ma génitrice.
"Tu manges où et avec qui ?"
Je ne lui réponds pas, j'avoue avoir mal digéré le coup du psychologue.
***
-Non... je râle.
Sébastien me tire par le bras vers le magasin de vêtements. À notre entrée un sonette signale notre présence, mais personne ne se trouve à la caisse. Il m'entraîne vers le rayon femme.
-Tu fais du combien ?
Je réfléchis, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas acheté de vêtements mis à part des sweats.
-Du 36. S.
Il s'avance à travers les portants. Sous la chaleur de la boutique j'enlève mon sweat et le noue à ma taille. Mes yeux disvaguent sur les multiples vêtements féminins. Robes, jupes, leggings, pantalons, shorts, joggings.
Je m'approche d'un survêtement noir et commence à regarder le prix.-Ah non. Là tu rêves Sasha.
Et comme un père avec sa fille il me traîne vers les robes, la plupart son accrochées à des ceintre même si certaines sont sur des mannequins. Il saisit un vêtement au tissu rouge.
-C'était bien ta couleur préférée le rouge ?
-Ouais.
-Essaie là ! me dit-il en tirant le ceintre après avoir vérifié la taille.
Je soupire et me dirige vers les cabines d'essayages.
Le rideau couine dans un bruit métallique. Quand je referme ce dernier je me sens comme protégée, enfin à l'abri des autres, mais à la fois si seule face à moi-même.J'essaie la robe, le tissu doux passe contre ma peau. Quand j'en ressors ma tête, le miroir en face de moi me renvoie le reflet d'une fille mince, avec peu de formes et un visage fin. Porter une robe me procure une sensation étrange, j'ai l'impression d'être redevenue la "moi" d'avant. La "moi" heureuse et épanouie.
J'entre dans le collège, aussitôt je me sens dans mon élément, je contrôle tout, c'est moi qui tiens les rênes, je sais exactement quoi faire en toute circonstance, quand la sonnerie enveloppe la cours, je me dirige vers ma salle de classe où j'entre avec le sourire aux lèvres. Je m'assoie aux côtés de ma meilleure amie.
-Canon ta robe ! me lance-t-elle.
Je lui renvoie un sourire éclatant. Le soleil passe à travers la fenêtre et vient illuminer ma chevelure dorée.
Je sens quelques regards posés sur moi, des regards flatteurs que j'apprécie à leurs juste valeurs.
La couleur tape à l'oeil de cette robe fait ressortir la pâleur de mon visage...
J'ai l'air si fatiguée. Je passe ma main sur ma figure. Comme refusant d'assumer mon propre reflet je place mes mains sur mon visage. Je me sens si mal. Si épuisée, fade, vide...Ma gorge se serre et je suis prise d'un soudain vertige et perd l'équilibre, mon corps heurte le murs dans un bruit sourd, je me laisse glisser au sol.
-Sasha ! Ça va ?
J'entends le rideau s'ouvrir, et des bras viennent m'entourer avec tant de douceur. J'enfouie mon visage entre mes genoux. J'ai tellement envie d'hurler. Je me sens si désespérée et enragée que j'en suffoque presque.
Les mains de Sébastien caressent délicatement mes cheveux.
-Tu ne peux pas en vouloir au monde entier Sasha... souffle-t-il.
Plus tôt, ces mots m'auraient fait entrer dans une rage profonde, mais pas cette fois, comme si j'avais passé un cap.
Mes petits bras viennent à leur tour enlacer Sébastien, je le serre le plus fort possible, comme pour recoller les morceaux, comme pour tout réparer, et peut-être disparaître dans ces bras.Et parce que j'ai certainement peur qu'il s'en aille un jour lui aussi, je resserre mon emprise encore un peu plus.
J'ai l'impression d'enfin saisir une main qu'on me tend.
J'ai attrapé ta main, Sébastien...
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Vengeance Meurtrière
Ficção AdolescenteDurant son année de 3eme, Sasha Larso était une fille joyeuse et plutôt populaire, appréciée pour sa beauté et sa générosité sans limite. Malheureusement, une événement tragique vient chambouler sa vie... En juin de son année de 3eme, son grand frèr...