14/ ian

63 8 0
                                    

Je suis survolté. J'attends Sarah depuis le moment ou l'aiguille a indiqué 20h ; il est 20h12... Douze minutes ? J'ai l'impression qu'il s'est passé une heure !

Je suis plus anxieux qu'à mon premier rendez-vous amoureux. Mes mains sont moites, mon coeur bat la chamade Je sais que cette soirée peut être un tournant dans nos relations. Je ne dois pas me louper si je tiens à ce qu'elle me fasse confiance.

Ces derniers temps, j'ai appris à mieux la connaître ; j'ai découvert une fille cultivée, intelligente et pleine d'humour. Nous avions convenu de privilégier un lien d'amitié mais le temps faisant, j'ai réalisé que j'avais envie de plus. Je suis conscient qu'étant donné ses réserves, je dois prendre le temps qu'il faut pour réussir à amadouer Sarah.

Justement, j'entends le carillon de l'intercom retentir dans la maison. Je cours presque jusqu'à linterface digitale où j'actionne le bouton d'ouverture du portail après avoir vérifié l'identité de l'appelant grâce à la caméra postée devant. C'est bien Sarah. Je prends une grande inspiration, m'essuie les paumes sur mon jean et jette un coup d'oeil à mon reflet dans le couloir de l'entrée.

Un jean brut et un simple T-Shirt blanc. "Il faudra bien que ça fasse laffaire !" je me dit.

Je vis dans une grande maison moderne, aux abords de Paris dans un coin assez huppé et surtout entouré d'arbres pour l'intimité. J'entends la voiture de Sarah remonter la longue allée en S avant de se garer devant l'entrée. J'ouvre la porte et sort l'attendre sur le seuil.

-Salut. Je dis en la regardant monter les marches pour me rejoindre.

-Salut. Répond-t-elle en souriant.

-Je t'en prie, entre dans mon humble demeure. Je déclare en m'inclinant vers lavant.

-Je ne crois pas que « humble » soit le terme approprié. Rétorque Sarah en entrant. Tu vis dans une immense maison d'architecte au beau milieu du coin le plus cher de la capitale !

-C'est comme ça quon vit, nous, les connards prétentieux d'acteurs. J'acquiesce en me pinçant les lèvres.

-Ca va ! N'ouvre pas les hostilités je viens à peine d'entrer. Lance Sarah en riant.

-Alors je ne vais pas te proposer de te déshabiller mais plutôt de retirer ta veste ? Je la taquine.

Elle m'assène un coup de poing dans l'épaule.

-Arrête tes bêtises !

-Suis moi, on va aller se mettre à l'aise. Je propose alors que Sarah roule des yeux.

Je l'invite dans le salon où nous nous asseyons. Je me réjouis de voir que malgré la dimension impressionnante de mon canapé d'angle, elle choisit de s'asseoir à une place de distance de la mienne.

-Tu n'a pas trop galérer à trouver ? Je la questionne.

-Non, j'avais le GPS. Répond-t-elle. Ta maison est vraiment top. J'adore la décoration! C'est tendance mais à la fois sobre et masculin.

-J'ai fait appel à un décorateur d'intérieur, pour être tout à fait franc... javoue simplement. Je te fais visiter ?

-Oui avec Plaisir, réponds Sarah.

Je commence ma visite par le rez de chaussée : La salle à manger, la cuisine, la salle de bain, la salle de jeu et la bibliothèque. A chaque pièce, elle écarquille de grands yeux comme si elle essayait de tout voir et de tout mémoriser. Dans la salle de jeu, Sarah observe attentivement mon télescope puis elle passe ses doigts sur le billard et sur le Flipper. Elle s'attarde dans la bibliothèque ou elle sourit discrètement en passant son doigt sur certains romans.

-Tu as une collection d'ouvrages impressionnante par sa diversité ! s'étonne Sarah. Entre les BD, les mangas, les romans et tous ces auteurs qui n'ont rien à voir ensemble. King, Austen, Werber, Tolkien...

-C'est une mauvaise chose ?

-Non ! Au contraire ! s'exclame Sarah en riant. Ca veut dire que tu n'es pas cantonné à un style et qu'en plus je vais pouvoir résilier mon abonnement à la bibliothèque si tu me permets de t'emprunter quelques bouquins de temps à autres.

-Tu es la bienvenue quand tu veux. Je confirme en lui adressant un clin d'oeil. Je te montrerais le reste tout à l'heure, je dois aller éteindre le feu avant de tout faire brûler.

-Qu'est-ce que tu as préparé ? Me questionne mon invitée.

-Ahah Surprise ! Je chantonne gaiement devant le sourire amusé de Sarah.

Nous nous dirigeons vers la cuisine, je saisis la cuillère en bois et remue la sauce à la crème que je fais mariner en baissant la cuisson de la plaque.

-Tu veux goûter ? Je propose.

-Oui. Accepte Sarah.

Je plonge la cuillère en bois dans la gamelle et la ressort à moitié remplie. Je souffle pour la refroidir puis je suspend l'autre main en dessous pour prévenir les débordements avant de lapprocher de la bouche de Sarah. Je fixe ses lèvres pleines, d'un rose poudré, alors qu'elles sentrouvrent et j'y glisse délicatement la cuillère en bois. Ses lèvres se referment sur celle-ci et elle recule délicatement pour faire glisser l'ustensile hors de sa bouche. Je reste muet comme une carpe, le souffle court, hypnotisé ; mes pensées s'égarent à l'idée que c'est mon sexe que ses lèvres pourraient caresser ainsi. Je sens d'ailleurs celui-ci qui tente de se déployer dans l'espace réduit de mon boxer. Cette fille ne se rend pas du tout compte à quel point elle est belle et sexy.

-C'est délicieux murmure Sarah en passant sa langue sur ses lèvres.

Je sens mon pouls s'accélérer, et alors que mon désir continue de croître, je me penche en avant pour l'embrasser, la cuillère toujours à la main.

Au même moment, l'intercom sonne à nouveau, me coupant dans mon élan.

-Putain ! Je fulmine en balançant la cuillère dans l'évier.

Je m'excuse auprès de Sarah et déboule dans l'entrée profitant de remettre tout l'attirail à sa place dans mes sous-vêtements. J'observe l'écran où s'affiche une grosse tête tout sourire. En soupirant, j'enclenche l'ouverture.

Je rejoins Sarah dans la cuisine, où elle s'est installée sur un tabouret de bar.

-Sauvés par le gong, je plaisante.

-Qui étais-ce ? m'interroge Sarah.

-Oliver. Je réponds par un soupir sonore puis devant son regard perplexe, j'ajoute : Mon petit frère.

TOUT mais pas TOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant