Chapitre 1 : Enfer et damnation

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"La luxure est le plus capiteux des péchés capitaux."

                                                                                                         Anonyme.


Myrina

En ouvrant la porte de mon appartement, première surprise.

Un blouson en cuir étendu sur le paillasson.

Je pousse un soupir déconfit en enjambant la veste.

Je bute contre une basket taille 45 dans laquelle je shoote par inadvertance. Un mètre plus loin, j'esquive de justesse un escarpin à bout pointu.

Je découvre une chemise d'homme froissée et au col taché de rouge balancé en travers de mon canapé.

Puis je repère une robe noire à strass roulée en boule au milieu du salon.

Je remonte la piste vestimentaire. Jean délavé sur le buffet. Collant déchiré au pied de la table basse. Où sont les chaussettes ? Ah, j'en aperçois une sur la télévision. L'autre a probablement disparu dans un vortex spatio-temporel.

Devant la porte entrouverte d'une chambre, un soutien-gorge Wonderbra rouge sang attire mon attention.

Je commence à capter des gémissements féminins et des halètements masculins... teintés de souffrance.

Il était temps que j'arrive.

Sans hésiter, je pousse la porte en piétinant un string et un boxer.

Les deux amants pris dans le feu de l'action ne m'entendent pas entrer.

Avec sa vigueur coutumière, ma grande sœur chevauche un beau jeune homme aux frisettes blondes sur son lit. Ses boucles noires recouvrent ses seins menus tandis qu'elle roule des hanches en émettant des petits cris perçants et enthousiastes. Sa tête est renversée en arrière et ses yeux se révulsent de délice. Lui ne peut pas le remarquer de son point de vue, mais les prunelles d'Ondine, d'ordinaire bleu ciel, sont devenues écarlates sous la montée du plaisir. M'est avis qu'il flipperait légèrement s'il s'en rendait compte. Quoi que... le type semble totalement à l'ouest. Ses yeux ternes sont fixés sur le plafond. Son visage luit de sueur, ses membres sont agités de tremblements, ses joues sont émaciées... et son teint est blafard, pour ne pas dire cadavérique. L'imminence de l'orgasme ? Oui. Mais pas seulement.

La langue coincée entre les dents, je siffle ma demi-sœur. Elle tourne aussitôt la tête avec moi sans cesser ses coups de reins et m'adresse un sourire aussi radieux qu'accueillant. Son amant, pour sa part, ne me calcule même pas.

– Myri ! Tu es déjà rentrée ? Je ne t'attendais pas si tôt ! me lance joyeusement Ondine dans notre langue maternelle.

– Je constate ça, je grogne en désignant son lit d'un signe du menton. ( Elle adopte un air faussement contrit en haussant ses minces épaules. ) Tu connais les règles, pourtant. On ne ramène pas de nourriture à la maison.

– Nous n'avions nulle part où aller, Myri, argue-t-elle en tapotant la joue du jeune homme comme elle l'aurait fait à un petit chien. C'est un étudiant, il habite encore chez ses parents. Et je n'avais pas d'argent sur moi pour nous payer une chambre d'hôtel.

Je jure en regardant le type inspirer et expirer de plus en plus vite, les yeux écarquillés.

Enfer et damnation, il est au bord de la crise cardiaque !

Myrina Holmes, Tome 1 : Démons et merveilles (publié chez Black ink éditions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant