Chapitre 30

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Les jours passent, se ressemblent tous.

Je suis enfermée dans cette routine, ce quotidien insoutenable dans lequel je me situe depuis maintenant 3 semaines.
3 semaines que mon quotidien se résume à l'hôpital.
3 semaines que la chimiothérapie a commencée.

Je mentirais en disant que je n'observe aucun changement.
J'ai le sentiment que mon état s'améliore.
Peut être parce que je ne vomis plus autant, que les migraines se font de moins en moins violentes, que mes cheveux ont recommencé à pousser.
Ils rendent seulement mon crâne plus doux au toucher, mais ils ont encore un long chemin à faire avant d'atteindre le niveau auquel ils étaient avant.

Avant.

Tout me paraît surréaliste en pensant à ce « avant ».

Comme si tout ce qui s'y était passé appartient à une autre partie de ma vie.
Comme ci celle ci était divisée en deux parties : « Saine » et « Malade ».
Et malheureusement, le segment « malade » me donne l'impression de durer depuis bien trop longtemps.

Comme si il avait empiété sur l'autre partie de ma vie, celle où mon père jouait son rôle à la perfection, celle où ma seule préoccupation était de savoir si j'avais réussi le contrôle de sciences physiques au lycée, celle où Finn n'était pas encore « connu » et que nous passions nos journées ensemble, sans arrêt collés l'un à l'autre...

Concrètement, cette petite partie de ma vie n'a pas changé.
Il est à nouveau collé à moi 24h sur 24.

Depuis l'enterrement de Bryan, je passe mes journées dans mon lit d'hôpital, mais cette fois, par ma propre volonté.
Je refuse toute tentative de Finn de me faire bouger ne serait ce jusqu'à la salle de jeux.
Celle ci me rappelle beaucoup trop le petit garçon de 7 ans.

Il me manque terriblement.
J'ai le sentiment que cette douleur sera à jamais ancrée en moi.
Même si je m'en sors.
Comme si, lorsque je serais bien plus vieille, elle sera toujours là, presqu'imperceptible, tapotant les paroies de mon cœur, afin de me rappeler sa présence et me murmurant « Tu t'en es sortie. Mais pas lui. »
Invisible, mais ressentie, en permanence.

« Elena, tu m'écoutes ? »

Je cligne des yeux.
Cette voix bien trop familière me tire de mes pensées pour le moins assez maussades.
J'hausse les épaules et dirige mon regard vers le bouclé allongé à côté de moi, pianotant quelque chose sur son téléphone.

« Non pas vraiment en fait, pardon.. » je murmure, honteuse.

Il vient tous les jours.
Il ne voit plus ses amis et c'est à peine si il entraperçoit sa famille à force de passer tout son temps à l'hôpital.
Je me sentirais coupable si il ne m'assurait pas que c'est exactement ce qu'il veut.

Il lève les yeux vers moi et pose son téléphone.
Il semble comprendre puisque sa main vient se poser sur ma joue, qu'il caresse doucement.

«-Tu penses encore à lui? »

C'est fou comme il me connaît.
Il lui suffit de m'observer quelques secondes pour décrypter entièrement chaque expression de mon visage et ainsi comprendre dès que quelque chose ne va pas.
J'hoche simplement la tête, détournant le regard pour ne pas qu'il voit les larmes me picotant les yeux.
Il s'assoit en face de moi.

« Je comprends tu sais, ça ne fait que quelques jours depuis l'enterrement... mais... je ne pense pas que Bryan aurait aimé te voir comme ça. Il se demanderait où est passée son amie. »

J'hausse les épaules, ne désirant pas approfondir la discussion.

« Est ce qu'il n'y a que ça qui te tracasse ? demande t'il soudainement.

Le temps d'un hiver / Finn Wolfhard •TERMINÉ•Où les histoires vivent. Découvrez maintenant