« La chimiothérapie n'a pas été assez puissante.
Elle n'a fait que repousser, encore et encore, l'inévitable.
C'est ce que nous a expliqué le docteur Grey juste après nous avoir annoncé la nouvelle.
Après quelques minutes de silence où personne ne savait vraiment quoi dire, mes parents m'avaient étouffées de câlins, comme pour me rassurer, et, alors que je les serrais dans mes bras, j'avais plutôt l'impression que c'etait moi qui les réconfortait.
À ce moment là, j'avais peut être moins de mal à accepter la décision.
Parce qu'au fond, je m'en suis sûrement toujours doutée, dès le début de la chimiothérapie.Finn, lui, est resté longtemps silencieux, assis sur la chaise à côté de mon lit, nous regardant nous enlacer.
Puis, quand mes parents sont sortis de la chambre pour discuter des termes administratifs que représentaient la nouvelle, il s'est approché de moi, a serré ma main dans la sienne et m'a murmuré, son regard plongé directement dans le mien :« Je ne sais pas quand est ce que tout cela s'arrêtera mais, d'ici là, je te fais la promesse de te faire vivre les meilleurs moments de ta vie. »
J'avais éclaté en sanglots, réalisant peu à peu le poids de ses mots, et de ceux du docteur.
Il m'avait alors serrée très fort dans ses bras, ses larmes se mélangeant aux miennes, nos respirations accordées en un souffle de désespoir, dans une étreinte suppliante de me garder auprès de lui, pour toujours.
Nos deux corps enlacés, souhaitant ne jamais être défaits.Ce jour là, je ne savais pas et je ne sais toujours pas si je suis prête à mourrir.
Parce que, j'ai menti à Finn dans la salle d'attente du radiologue il y'a quelques semaines, avant mon entrée à l'hôpital.J'ai peur de la mort.
Alors, puis je vraiment prétendre être prête à mourrir ?
Je ne crois pas.
Je n'ai pas achevé la moitié des choses dont je rêvais, je n'ai pas vu un millième de ce que je souhaitais voir.
Comment peut on être prêt à mourrir alors que l'on a le sentiment de ne rien avoir accompli au cours de notre (courte) vie ?
J'ai toujours voulu faire quelque chose d'extraordinaire durant mon existence sur cette terre.
Quelque chose d'important, qui compte.
Quelque chose de si conséquent que l'on se souviendrait de moi.
C'est ça.
L'oubli me paraît encore plus terrifiant que l'idée de ma propre mort.
Je ne veux pas que l'on m'oublie.Je sais pourtant que ma famille, mes amis, Finn, ne m'oublieront pas...du moins pas les premières années.
Mais projetons nous dans une décennie.
Mes parents auront vieilli, auront vu mon petit frère grandir.
Il sera devenu un beau jeune homme, plein d'avenir.Katya et Millie seront de belles femmes, peut être seront elles mariées, ou auront même des enfants. Elles vivront une vie d'adulte, occupées par leur travail et par une vie de famille comblée.
Finn sera sûrement encore connu, il aura également trouvé une autre copine, qu'il aimera sûrement plus que ce qu'il m'aime maintenant.
Il pensera peut être encore à moi de temps en temps, lors de mon anniversaire ou du jour de ma mort. Mais il vivra sa vie, heureux, insouciant.
Et je sais, au fond, que c'est ce que je souhaite pour lui.
Mais cette part égoïste de moi refuse de le savoir heureux, sans moi à ses côtés, car, son bonheur me paraît indissociable du mien.Mais penseront ils tous à moi ?
Je ne veux pas que l'on m'oublie, et qu'un jour, on se rappelle vaguement, dans le fil d'une conversation, que j'ai existé, en mentionnant à peine mon nom : « vous savez, cette jeune fille morte des suites d'une leucémie.. »
Je ne veux pas de ça.
Qui souhaite être oublié ?
Personne.
Pourtant, je sais que, irrémédiablement, cela arrivera.
Ils m'oublieront tous.
C'est plus facile d'oublier.
C'est bien moins douloureux d'écarter la souffrance de notre esprit pour se concentrer sur les choses réelles, qui vivent et existent encore.
Je n'avais jamais vu les choses de ce point de vue la avant aujourd'hui.
Quand mon grand père est mort il y'a quelques années, je pensais que nous devions le pleurer et que nous devions penser à lui tous les jours afin de le faire vivre dans nos souvenirs.
Que ne pas le faire signifierait que l'on refusait la douleur, et que cela voudrait dire qu'il ne comptait pas assez pour nous, qu'il ne méritait pas nos larmes.
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Le temps d'un hiver / Finn Wolfhard •TERMINÉ•
Fanfic« Leucémie : maladie caractérisée par l'augmentation considérable des globules blancs dans le sang. (Cancer du sang) Amour : sentiment indescriptible éprouvé pour son meilleur ami d'enfance, Finn Wolfhard. » Elena Stanfield & Finn Wolfhard. N. @sl...