Chapitre 10

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Quand je croyais que la journée ne pouvait pas être pire...

-Salut maman...je murmure en trouvant notre mère assise sur le canapé, les yeux rivés au sol.

-Elena dans ta chambre, demande-t-elle d'un ton calme.

Elena s'exécute et je reste plantée devant ma mère. 

-Aujourd'hui tu as séché l'école. J'avais décidé de mettre ça sur le compte de la déstabilisation dans ta routine.  Voilà que je reçois un appel m'avertissant que mes deux filles de dix-sept et dix-huit ans sont dans un bar. 

- Elle est dépressive, je rappelle en mettant la situation sur le dos d'Elena. 

-Et c'est pour ça que je te parle à toi.

Je me tais. Je ne sais trop ce que je suis supposée lui dire. Je ne suis pas habituée à me faire réprimander.

-Je suis désolée. Ça ne se reproduira plus. 

Elle soupire. 

-Tu es intelligente Gigi et je ne t'ai jamais privé de sortie. Seulement, les sorties en jour de semaine n'ont aucun sens. Tu le sais déjà et je sais que c'est Elena qui t'a entraîné avec elle. Bien qu'elle soit dépressive, je ne veux pas que lui obéisse au doigt et à l'œil. On est d'accord ?

Je  hoche la tête et elle se lève pour monter à l'étage. Je la suis avant de demander :

-Qui t'a prévenu? 

Mon audace me surprends. Elle plisse les lèvres nullement ravie par ma question et lance par-dessus ses épaules: 

-J'espère réellement pour toi que ça ne se reproduira pas. 

Je garde le silence et elle entre dans sa chambre en fermant la porte. Quelque chose me dit que c'est Duncan, même si une grande partie de moi renie cette hypothèse. Il est la seule personne de commun à nous avoir vu dans ce bar mais il est aussi le seul à m'avoir ordonné de ne plus l'approcher. ce n'est donc pas lui. Apparemment il y a plus de yeux sur nous que je n'aurais imaginé. Confuse, je me dirige vers la chambre d'Elena. La seule lumière que je trouve est celle qui se propage de la ville. Dans un silence total, je trouve ma sœur assise, les jambes croisés, devant sa fenêtre en train de contempler la vue. Je m'assois devant elle en collant mon dos contre la vitre et je garde le silence en baissant la tête tout en jouant avec mes doigts. Si elle a envie d'en parler, elle le fera mais je ne tiens pas à la laisser seule. 

Je lui jette des coups d'œil silencieux et constate à chaque fois que ses yeux brillent de larmes. Des larmes silencieuses. Son regard est perdu dans la lumière de la ville et je sais qu'elle est complètement ailleurs. Je pars lui chercher un mouchoir sur sa table de chevet et reprends ma position initiale. 

Après plusieurs minutes de silence, je décide de lui remonter le moral. 

-Elena...il y a plein de filles qui tombent enceintes et avortent. C'est un processus qui peut arriver à n'importe quel âge jusqu'à la ménopause. Vu que t'en est loin, tu tomberas forcément enceinte à chaque fois que tu le voudras. 

J'essaye de plaisanter mais elle ne semble pas comprendre mon sens de l'humour. Je laisse tomber. 

-Je ne pleure pas pour ça, avoue-t-elle après un moment. 

Je lui prends la main et la presse contre la mienne. 

-Parles-moi. ça te fera du bien. 

-Ma vie était parfaite. J'avais un petit ami magnifique, des amis dans tous les recoins et je fessais ce que je voulais quand je le voulais. Je contrôlais tout, jusqu'à ce que ce foutu cousin arrive de nulle part et qu'il se mette en tête de m'avoir. 

Bad Entourage / Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant