you forever |Yoonkook|

l o s t

La première chose qu'aurait fait une personne normal aurait été courir jusqu'à l'hôpital mais moi je ne l'avais pas fait. J'étais resté cloué sur place dans l'entrée de l'appartement les lèvres entrouvertes, écoutant pour la deuxième fois le message de Seokjin. Il n'en disait pas plus et je préférais croire à une mauvaise blague même si ce n'était pas son genre ni celui de Yoongi.

J'avais alors appuyé sur le contact de mon petit ami, mon coeur accélérant à chaque bip qui résonnait profondément au fond de mon crâne et la voix du répondeur me fit sursauter. Je ne pris pas le temps de laisser un message et appelais directement Seokjin.

Lui il décrocha à le seconde sonnerie.

_ Allô ?

_ Allô Jin hyung ? Qu'est ce que c'est que cette histoire ? Demandai-je une boule à la gorge.

_ Oh Jungkook-ah... Il faut que tu viennes, s'il te plaît.

_ Mais quoi ? M'énervai-je.

J'avais peur. Je ne réalisais pas ce qu'il se passait. Mais j'avais tellement peur de perdre l'être le plus cher à mes yeux qu'était devenu Yoongi que je ne savais plus comment réagir.

_ T'énerve pas !

_ Explique moi, l'implorai-je.

J'entendis Seokjin soupirer bruyamment, même si le son s'apparentait plus à un sanglot refoulé qu'à un véritable soupir. Il reprit sa respiration et déclara dans le combinet du téléphone :

_ Yoongi a eu un grave accident de voiture... Il est en salle d'opération depuis une heure déjà. Jungkook viens !

_ Que disent les médecins ?

Cette fois il poussa un autre soupir, plus agacé cette fois. Et moi je me mordais la lèvre inférieure en attendant sa réponse :

_ Quand ils l'ont pris en charge son état était vraiment critique et... E-et i-ils... Ils ne sont pas sûr qu'il passera la nuit...

Mon coeur avait bondi lorsque Jin avait mentionné la possibilité que Yoongi y reste. Ma gorge s'était serré et je n'écoutais même plus Seokjin qui me suppliait de venir attendre avec lui. J'avais violement secoué la tête, les lèvres pincées pour ne laisser échapper aucun son et les yeux clos pour ne laisser fuir aucune larmes.

_ T-tu n'importe quoi ! Avais-je crié.

_ N-non, Ju-...

Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que j'avais déjà envoyé mon téléphone s'écraser violement contre le mur du salon avant de retomber et de se fracasser sur le sol. Mes genoux lachèrent et quelques larmes s'échappèrent de mes yeux, je ne comprenais plus rien si ce n'est que : Yoongi allait mal.

Yoongi n'avait plus personne à part Seokjin et moi. Il avait été élevé seul par son père qui l'avait finalement mis dehors après qu'il ai fait son coming out. Puis il m'avait rencontré moi et il disait parfois, dans nos moments amoureux, nos moments intimes, seulement tous les deux, que j'étais la plus belle rencontre de sa vie et que jamais il n'aurait changé le jour où j'avais passé la porte du café contre un autre.

Mes larmes s'écrasèrent sur la parquet de notre appartement, mes mains s'applatissaient mollement sur le sol et ma tête s'y posa lentement alors que les étouffements contenus envahissaient ma gorge.

Et je restais là à pleurer comme un idiot, allongé sur le sol froid tandis que Yoongi était probablement entre la vie et la mort dans un putain de bloc opératoire. Mes sanglots se firent plus fort à cette pensée, mais je ne pouvais pas me résigner à foncer rejoindre Jin à l'hôpital, je n'y arrivais pas. Je savais que je ne supporterais pas la vision du corps de mon petit ami branché à tout un tas de fil ou pire, de savoir qu'il est mort. Yoongi était ma raison de vivre et je souffrais de le savoir mal en point, je ne supportais pas de voir la réalité en face, elle faisait trop mal.

J'étais un petit ami indigne.

Je finis par me relever, mes larmes roulant sur mes joues sans s'arrêter et me dirigeais d'un moue et chancelant vers la cuisine. Je m'effrondrais devant l'évier, toujours en pleur. Je commençais à avoir mal, un poid me comprimait la poitrine, j'avais l'impression de me noyer, ma tête était comme immergée sous toute mes larmes et ma respiration devenait de plus en plus irrégulière à cause de mes sanglots.

J'avais tellement besoin de lui.

Je me trainais lamentablement sur le sol pour finir par ouvrir le frigo, piochant à l'aveuglette plusieurs bouteilles en verre avant de refermer la portière tout en reniflant la morve qui me coulait du nez.

J'en attrapai une par le goulot et tentait de l'ouvrir mais c'était peine perdu puisqu'il me fallait un décapsuleur. À cette pensée, et dans un soudaine élan de rage je me levais d'un bond et jetais la bouteille pleine contre le mur d'en face. Elle explosa bruyamment, laissant les taissons de verres se répandre sur le sol et le liquide qu'elle contenait couler sur le mur pour rejoindre les meubles en dessous.

Toujours secoué de sanglot, j'ouvris un tiroir et en sorti un décapsuleur que je coinçais entre le goulot de verre et la capsule de métal qui vola finalement sur le sol.

Sans perdre une seconde je portais la bouteille à mes lèvres et le goût amer du soju se répandit dans ma gorge tandis que je réprimais un haut-de-coeur.

Je ne buvais jamais, mais on laissait toujours trainer quelque bouteille au cas où on aurait des invités. Je pris le reste des bouteilles de verres et les laissait trainer sur la table basse avant de m'effrondrer dans le canapé, renversant de l'alcool sur le sol. Je pris une autre gorgée, constatant que le goût était plus supportable.

Et mes sanglots reprirent.

J'avais besoin que Yoongi arrive, qu'il me prenne dans ses bras et me murmure que ça n'était rien, que tout allait bien et que ce n'était qu'une grosse blague où un rêve. Mais rien ne se passa alors je finis ma bouteille de soju, toujours avachi dans ce canapé miteux dans lequel on regardait des films ou des dessins animés collé l'un à l'autre.

J'en attrapai une deuxième que je bus rapidement. Et comme je trouvais que la lumière était trop forte je me suis levé pour aller baisser toutes les persiennes avant de revenir m'étaller dans le canapé.

Ma vue commençait à devenir floue alors que je prenais une troisième bouteille en main, mais je m'en foutais.

J'avais juste besoin de boire, boire jusqu'à me noyer dans mes larmes et cette eau de vie à la patate bon marché acheté dans une supérette au coin de la rue, boire jusqu'à ce que je ne puisse plus articuler un mot et marcher correctement.

Boire pour oublier.