Cauchemar et revendication

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Les jours qui suivirent, j'essayais de subtiliser quelques informations auprès d'Émilie. Sans succès. J'ai aussi essayé auprès de Dareios mais à chaque fois il prétextait un problème dans la forêt et partait en courant. Essayez de faire plus suspect. Vous n'y arriveriez pas.
Je m'entraînais de plus en plus avec Clarisse. Ça me faisait du bien de ne pas avoir à retenir mes coups. Je savais qu'elle en faisait autant.
Je pense qu'Émilie voulait me faire oublier sa conversation avec Chiron. Chose que je ne pourrais jamais faire tant que je n'aurais pas de réponses. Mais ça ne m'empêchait pas d'apprécier les moments qu'on passait ensemble.

Pour une fois, tout allait bien, trop bien. Jusqu'à ce que mes cauchemars reviennent.

Je me réveillai en sueur comme à mon habitude. Il était 3 heures du matin. J'allais essayer de me rendormir lorsque j'entendis des bruits venant sur rez-de-chaussée. Je reconnus sans peine la voix de Chiron. Je reconnus également la voix de la personne avec qui il parlait. Zeus. Le roi des dieux en personne. Ils ne parlaient pas assez fort pour que je puisse les entendre mais je jugeai plus judicieux de rester dans ma chambre.

Je me recouchai et fixai le plafond. Malgré moi, je me rendormi. Je me réveillai quelques heures plus tard. Ma montre indiquait 8:30. Je me levai. Non. Je m'extirpai de mon lit en rampant. Et notez bien: le premier qui me dira que je me suis levé du pied gauche prendra mon poing dans la face. Vraiment. Donc je disais, je me suis levé, en pleine forme. J'ai pris une douche, ai enfilé un t-shirt noir et un jean, noir également. Je suis descendu prendre mon petit déjeuner. Émilie était repartie la veille pour... pour... pourquoi était-elle partie déjà ? Sais plus. Génial.

Je ne déjeunai pas et parti tout de suite vers l'arène. La plupart des pensionnaires prenaient leurs petits-déjeuners donc l'arène était vide. Hadrien arriverait dans une quinzaine de minutes, ce qui me laissait le temps de me défouler sur les mannequins. Je m'étais acharné sur un seul pauvre mannequin dont il ne restait que quelques bouts de pailles lorsqu'Hadrien entra dans l'arène.
Son regard passa successivement de moi aux restes de ce qui avait, jadis, été un mannequin d'entraînement plusieurs fois avant de s'arrêter sur moi. Il leva un sourcil, s'empara d'un bouclier abandonné au sol et se mit en garde. Je me mis en garde également et portai une première botte à sa jambe gauche. Il la para sans grande difficulté et contre-attaqua.
Une dizaine de minutes d'attaques et de contre-attaques, je portai une botte à sa main qui tenait l'épée. Un bruit de ferraille s'écrasant au sol retentit. Je tenais la pointe de mon épée sous le menton de mon adversaire. Il soupira et j'écartai ma lame.

   - Pas mal.

   - C'est toi qui dis ça.

   - Ça doit faire deux mois que tu es là. C'est normal que tu aies encore des lacunes.

Pour toute réponse, il soupira. Nous nous assîmes dans les gradins.

   - Tu crois que je vais bientôt être revendiqué ?

   - Oui, sûrement...

   - Un mois et demi que tu me dis ça.

   - J'y peux rien si ton parent divin est long à la détente, lui répondis-je avec un sourire moqueur.

Il me lança un petit coup de poing dans l'épaule. Un petit détail brillant au dessus de la tête d'Hadrien pulvérisa mon début de fou rire. Une balance. Hadrien leva les yeux pour apercevoir l'hologramme de lumière qui disparaissait déjà. Un nom me revint en mémoire. Thémis. C'était, c'est la Titanide de la Loi. C'est aussi ma...sœur. Demi-sœur. Hadrien me regarda, intrigué.

- Revendiqué. Viens, faut qu'on aille voir Chiron.

Hadrien se leva et me suivi sans poser de questions.
Lorsque nous arrivâmes à la Grande Maison, Chiron faisait une partie de cartes contre un satyre. Mon prof préféré fit un signe de main au satyre et celui ci posa ses cartes sur la table avant de sortir. Le centaure nous regarda, en attente d'explications. Je lui expliquai ce qui venait de se passer et attendis sa réaction.

- Et bien... commença-t-il, il semblerait que tu n'aies plus besoin de rester au bungalow 11.

- Je... il semblerait... répondit Hadrien.

   - Mais nous n'avons pas de bungalow pour les enfants de Thémis. Bien sûr, nous pourrons en faire construire un mais ça prendra environ deux mois. Ou plus.

   - Pas la peine. Je pourrais prendre une chambre à la Grande Maison  comme Thomas.

   - Là aussi, nous rencontrons un léger problème. La seule chambre disponible est occupée. Par Thomas.

   - On peut la partager, proposai-je.

Chiron haussa les épaules.

   - Si ça te convient Hadrien.

Le fils de Thémis hocha la tête.

   - Très bien, conclu le centaure.

Hadrien et moi sortîmes et nous dirigeâmes vers le bungalow d'Hermès. Il rangea rapidement ses affaires et nous les transportâmes dans notre chambre.
Hadrien s'assit sur le lit du bas en soupirant.

- Qu'est ce qui ne va pas ? demandai-je.

- Je ne sais pas trop...je viens d'être revendiqué...j'en avais rêvé, j'avais rêvé de cet instant. J'avais rêvé de rencontrer mes frères et sœurs. D'avoir un bungalow... D'avoir une famille... rajouta-t-il dans un murmure presque inaudible.

- Je sais que c'est pas grand chose mais...tu m'as moi. C'est déjà bien non ?

Il sourit.

- Non.

- Ce soir tu dors dehors.

Il me lança un oreiller à la tête. Je ramassai l'oreiller et lui jetai à la tête à mon tour. Il esquiva et afficha un sourire moqueur.

- Eh bien ! Faut apprendre à viser l'ancêtre !

Ancêtre ? Moi ? Je m'emparai d'un oreiller laissé au sol après ma descente du lit si mouvementée de ce matin et me jetai dans la mêlée.

Le fils du ciel - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant