Attaque

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Je m'étais entraîné avec Percy et Hadrien presque toute la journée. La conque venait de retentir et nous nous dirigions vers le pavillon réfectoire. J'avais la ferme intention d'aller m'excuser auprès d'Émilie juste après le repas. En réalité je me suis dégonflé quand j'ai vu qu'elle n'était pas venue manger. Comme d'habitude, Hadrien et moi nous assîmes à la même table que Chiron. Celui-ci me jeta un regard soutenu que j'évitai soigneusement. Nous allâmes jeter une partie de notre repas dans les flammes puis nous nous rassîmes. Bryan était là, un gros pansement lui entourant le nez. Il avait une trace de sang séchée sur la joue et me fusillait du regard. Enfin, presque toute la Colonie me regardait avec un mélange de haine, de peur et de dégoût. Dareios, qui s'était assis à côté de moi, mis sa main sur mon épaule.

   - T'inquiètes pas. Tout sera oublié dans une ou deux semaines.

Mon ami avait l'air confiant mais je savais très bien que ça ne serait pas aussi facile. Après le repas, je pris directement le chemin de la Grande Maison, personne n'avait envie de me voir pourrir la veillée. Je m'écroulai sur mon lit et attendit. La nuit était calme et seuls les échos des chants des Apollon troublaient le silence. Hadrien arriva finalement et se glissa dans son lit sans un mot.

Je n'ai pas dormi. Lorsque les premières lueurs du soleil ont percé, je suis sorti et ai pris la direction de la plage. Je me suis assis et ai attendu. Je ne sais pas combien de temps j'aurais pu rester là, immobile à contempler l'eau mais un craquement me fit sursauter. Je me retournai prêt à accueillir Ayron mais me retrouvai avec une toute autre surprise.
Une hydre. J'allais attraper ma pièce mais une des têtes de l'hydre cracha du venin. Je reculai vivement, me relevai et plongeai ma main dans ma poche. Avant que je ne puisse en sortir Damnation, une autre tête piqua vers mon bras. Je roulai sur le côté pour éviter de me faire mordre bien que je sentis ses crocs râper ma peau. Un sentiment de brûlure envahi mon bras. Je continuais de reculer tout en essayant de calculer mes chances de survie. Mes pieds s'enfonçaient dans l'eau. Je savais que même si j'arrivai à dégainer Damnation, je n'avais aucune chance de gagner ce combat. Mon bras était engourdi. Il fallait que je fuie. Sauf que derrière moi, il y avait l'eau et devant, une hydre en colère. Une autre des têtes du monstre pris mon torse pour cible et attaqua. Je reculai encore une fois. J'avais maintenant les genoux dans l'eau et je continuais de reculer. Les attaques de l'hydre étaient de plus en plus rapides et visaient tous les points que je ne pouvais pas protéger. J'étais piégé et personne ne pouvait me venir en aide.
Je me fatiguais vite. Alors, une idée m'est venue. L'idée de la dernière chance, pulvériser l'hydre. Un amas de nuages noirs se forma au dessus de nos têtes. Je me concentrai afin de produire une déflagration assez puissante pour pulvériser l'hydre. Les nuages noirs se mirent à tourbillonner, une vague de puissance déferla dans mon corps. Je levai mon bras, un bourdonnement se fit entendre et le ciel se déchira. Pendant un court instant, un arc électrique reliait le ciel au monstre. Je fus projeté en arrière. Lorsque la fumée se dissipa, il ne restait du monstre qu'un tas de cendres fumantes.

Les pensionnaires accoururent, alertés par le bourdonnement et me trouvèrent, à moitié allongé dans l'eau, le t-shirt légèrement brûlé avec quelques égratignures laissées par l'hydre. Dareios m'aida à me relever sous le regard inquisiteur de Chiron. Le centaure ordonna aux pensionnaires de reprendre le cours de leurs activités tandis qu'il m'accompagnait à la Grande Maison. Annabeth, Hadrien, Percy, Dareios, Grover et Émilie nous accompagnaient aussi comme toujours. Je m'assis et leur expliquai ce qui s'était passé. Ils écoutèrent tous mon récit sans m'interrompre. Lorsque j'eus fini, Chiron lança un regard entendu à Émilie et Annabeth. Ils parlèrent à voix basses avant de se retourner vers nous.

   - Tu n'est plus en sécurité ici, Thomas, commença Chiron. Si les monstres ont trouvé un moyen de pénétrer la Colonie, nous ne seront plus en mesure de te protéger.

Le ton de Chiron était pressant.

   - Mais...

   - Vous devez accomplir la quête qui a été confiée à Hadrien.

   - Je croyais que c'était trop dangereux, répondis-je sarcastique.

Chiron soupira puis se tourna vers Hadrien et lui demanda:

   - Acceptes-tu la quête qui t'a été confiée par l'Oracle ?

- Oui.

Il n'avait pas hésité. Il avait regardé Chiron dans les yeux et lui avait simplement dit «Oui».

- Très bien. Tu as le droit d'emmener deux autres personnes avec toi. Qui ?

Hadrien se tourna vers moi. J'hochai la tête.

- Et le second ? demanda Chiron.

Je tournai la tête vers Émilie. Celle-ci soupira avant de conclure:

- Ok.

- Parfait. Vous partirez ce soir, à la nuit tombée. Bonne chance.

Le bonne chance traditionnel de Chiron n'avait cette fois rien d'encourageant. Il avait été bref et sa voix était neutre. Dans ses yeux, aucune trace de cette fameuse tristesse qui nous faisait comprendre que même si nous étions partis notre mentor veillait sur nous. Comme s'il s'était lassé de souhaiter bonne chance à des héros qu'il savait ne jamais revoir.
Chiron sortit, accompagné d'Annabeth, Grover et Percy. Émilie allait leur emboîter le pas mais je la retins par le bras. Elle se retourna et me toisa.

- Euh...je voulais m'excuser. Pour ce que j'ai fait. Pour avoir agi comme le dernier des abrutis. Je suis désolé j'aurais pas dû et je te promets que je ne recommencerais pas.

Elle me regarda un moment avant d'afficher un petit sourire.

- Ça veut dire que tu me pardonne ? demandai-je incertain.

- Oui, abruti. Mais prépare toi, on part en quête ce soir.

- D'ailleurs, on va où ?

- Trouver une des entrées du Labyrinthe.

   - On ne devrait pas emmener un mortel ? Comme Rachel par exemple.

   - Non. L'Oracle dit que nous serons trois et puis ça pourrait être dangereux pour les mortels.

J'ai hoché la tête et elle m'a sourit avant de partir vers le bungalow 5.

Je suis remonté dans ma chambre, ai enfilé des vêtements secs et ai saisi la guitare qu'Ayron m'avait prêtée et ai entamé le riff de Sweet Dreams de M. Manson.

Le fils du ciel - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant